Bruxelles lance une lutte « low cost » contre la désinformation

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La Commission a présenté son plan d’action sur la désinformation. Mais le financement n’est cependant pas tout à fait à la hauteur.

Les commissaires Andrus Ansip, Vera Jourová, Julian King et Mariya Gabriel ont présenté un front uni contre la diffusion de « fake news », ou infox. La Commission a présenté un plan d’action afin de lutter contre le phénomène à l’approche des élections européennes de mai 2019.

Le plan d’action prévoit un doublement du budget alloué à la lutte contre la désinformation, qui devrait passer de 1,9 million d’euros en 2018 à 5 millions en 2019. Les fonds, qui seront versés au service européen d’action extérieure, n’ont cependant rien de commun avec les sommes astronomiques que les autorités russes déboursent pour mener des campagnes d’infox.

Le lendemain de la présentation de la stratégie, Andrus Ansip, vice-président de l’exécutif, a répondu aux inquiétudes des journalistes quant aux montants alloués. « Ces 5 millions d’euros ne sont pas suffisants. Nous savons que les Russes ont investi des sommes énormes au soutien de la propagande pro-Kremlin », a-t-il admis. « Russia Today, Sputnik, et d’autres, cela représente 1,1 milliard par an. Nous avons tous entendu parler de cette usine à trolls à Saint-Pétersbourg. Selon différentes sources, elle compterait environ 1 000 travailleurs à plein temps. »

Les observateurs bruxellois s’attendaient cependant à une révision de l’application du code de bonnes pratiques contre les infox,  qui a pour but d’éliminer la diffusion de désinformation en ligne. Cette mesure n’était cependant pas au programme.

Selon une source européenne, le projet est de publier un premier rapport en janvier, puis des rapports mensuels jusqu’en mai, afin d’avoir une vision claire de l’application du code de bonnes pratiques. Un aperçu complet devrait être publié à l’automne 2019.

Les rapports mensuels seront rendus publics, afin que les utilisateurs puissent suivre la situation de près avant les européennes.

Ravi Vatrapu, porte-parole du conseil sur la désinformation, qui collabore avec la Commission sur le code de bonnes pratiques, estime que « l’allocation des budgets et le calendrier arbitraire » du plan d’action posent problème.

« Tout cela a l’air bien pratique au niveau politique, mais il n’existe aucune justification sur les dates de fin et les budgets définis », regrette-t-il. « Après la fin du plan et quand l’enveloppe sera vide, les infox cesseront-elles d’exister ? »

Le plan d’action présenté le 5 décembre fixe quatre grands objectifs :

  1. plus de fonds et de personnel – la task force East StratCom devrait recevoir davantage de financements et engager du personnel ;
  2. une meilleure communication – un système d’alerte rapide sera mis en place pour que les États membres puissent s’alerter sur les menaces en temps réel, via une plateforme en ligne ;
  3. des engagements du secteur privé – les signataires du code de pratique devraient s’assurer qu’ils respectent les engagements du texte à tout moment. À partir de janvier, ils devront soumettre des rapports mensuels à ce sujet à la Commission ;
  4. une résilience sociétale – il s’agira de garantir que l’initiation aux médias est promue au sein des États membres et que les équipes de vérification des faits (« fact-checking ») et les chercheurs reçoivent un soutien.

Selon un membre du service d’action extérieure, la plateforme du système d’alerte rapide comprendra un réseau fermé que les capitales pourront utiliser pour  diffuser des rapports sur la désinformation et mieux communiquer avec leurs partenaires européens. Ce système sera mis en place en mars 2019.

Autorégulation

Plus tôt dans l’année, le Conseil européen avait demandé à la Commission de mettre en place des mesures contre la désinformation en ligne. En octobre, le code de bonnes pratiques contre la désinformation, un cadre volontaire comprenant notamment Facebook, Google et Twitter, a été mis en place.

Le code s’appuie sur l’autorégulation et couvre cinq éléments de la gestion des infox en ligne :

  1. entraver les revenus publicitaires récoltés par les entreprises qui diffusent de fausses informations ;
  2. éliminer les faux comptes et robots ;
  3. rendre plus transparent la publicité politique ;
  4. faciliter les processus de dénonciation des infox par les utilisateurs ; et
  5. fournir un meilleur cadre de suivi de la désinformation sur Internet.

Suite aux accusations selon lesquelles la Russie a été impliquée dans les élections présidentielles américaines de 2016 et dans le référendum du Brexit, de nombreuses voix ont exprimé leur inquiétude face au sujet des infox.

En octobre, Euractiv avait rencontré la journaliste d’investigation russe Lyudmila Savchuk, qui a infiltré l’Agence de recherche sur Internet, à Saint-Pétersbourg, en 2015. Cette agence est plus communément appelée l’« usine à trolls ».

La journaliste avait mis en garde les citoyens européens contre l’ingérence russe en ligne : « je n’ai aucun doute sur le fait qu’il y aura des menaces lors des prochaines élections européennes ».

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https://www.euractiv.fr/section/l-europe-dans-le-monde/news/eu-commission-takes-aim-at-disinformation-admits-funding-deficit/