Brexit : un an après, la Grande-Bretagne déstabilisée – EURACTIV.fr

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Bien que le Brexit soit une réalité depuis plus d’un an et que la plupart des politiciens de l’opposition ne veuillent plus en parler, il n’est cependant toujours pas bien accepté par l’opinion publique britannique.

Telle est la conclusion tirée des données présentées mardi 22 février lors d’une conférence organisée par le groupe de réflexion universitaire Britain in a Changing Europe. Il apparait ainsi que la polarisation engendrée par le Brexit a perduré dans de nombreux débats politiques, pourtant  différents par nature.

Le rapport publié mardi 22 février par le groupe de réflexion montre que le clivage lié au Brexit persiste depuis le référendum de 2016, 62 % des électeurs s’identifiant toujours comme des partisans pro ou anti Brexit.

Le fossé creusé par le Brexit façonne également la vision qu’ont les électeurs d’autres questions. Selon le groupe de réflexion, les partisans du Brexit et ceux du Remain (les anti-Brexit) ont des opinions très différentes sur l’économie, mais des opinions similaires sur l’immigration.

«  Les identités liées au Brexit sont également fortement ancrées  », selon le rapport. «  En octobre 2021, 60 % des pro-Brexit et 67 % des anti-Brexit ont déclaré que leur identité était très ou extrêmement importante pour eux.  »

«  De nettes majorités de personnes qui ont fait campagne pour le Brexit ressentent toujours un fort attachement à leur identité  politique».

À la question de savoir si le Brexit a été bénéfique pour la démocratie et l’influence du Royaume-Uni dans le monde, les pro et anti-Brexit ne sont toujours pas d’accord pour dire que la sortie de l’UE a été une bonne chose pour le Royaume-Uni.

Le professeur John Curtice, sondeur électoral de la BBC et membre de Britain in a Changing Europe, a souligné que plus d’opinions négatives sur les conséquences du Brexit ont été enregistrées après l’été 2021, lorsque les pénuries de nourriture et de carburant ont entraîné de longues files d’attente dans les stations-service et des rayons vides dans les supermarchés.

Par ailleurs, les sondages suggèrent que, si au cours de la première moitié de l’année 2021 la plupart des gens étaient en faveur du Brexit, les Britanniques se sont néanmoins prononcés en faveur d’un retour dans l’UE à 52 % contre 48 % au cours des six ou sept derniers mois.

«  La question du Brexit continue de façonner le soutien des partis dans une très large mesure  », déclare M. Curtice.

Le nombre de soutien au parti travailliste parmi les anti-Brexit est désormais équivalent au soutien des pro-Brexit au sein du parti conservateur. Depuis les élections, c’est parmi les électeurs favorables au Brexit que le soutien des conservateurs a le plus diminué.

Les réactions au Brexit sont également perceptibles dans les opinions sur l’indépendance de l’Écosse. Ainsi, les anti-Brexit sont plus susceptibles de soutenir l’indépendance de l’Écosse ainsi qu’une une Irlande unie

«  C’est une insulte pour toute personne en Irlande du Nord ayant une identité britannique qu’il y ait une frontière en mer d’Irlande  », a déclaré Alibhe Rea, correspondante du New Statesman.

«  Le Brexit a mis en lumière et attisé des sentiments d’anxiété qui existaient déjà, ce qui s’est traduit par un effondrement du soutien aux grands partis unionistes  », a-t-elle ajouté.

L’un des derniers leviers que M. Johnson peut actionner pour renforcer le soutien de son flanc droit est de déclencher l’article 16. Il s’agit d’une clause de sauvegarde dans le protocole sur l’Irlande du Nord qui permet à l’une ou l’autre partie de prendre des mesures unilatérales «  strictement nécessaires  » si l’application du protocole «  entraîne de graves difficultés économiques, sociétales ou environnementales susceptibles de persister, ou un détournement de flux commerciaux  ».

Alors que les précédents gouvernements britanniques avaient assumé un rôle d’arbitre neutre en Irlande du Nord, le gouvernement Johnson a pris une position plus intéressée après le Brexit, devenant plus ouvertement pro-unioniste, c’est-à-dire en faveur du maintien de l’Irlande du Nord dans le Royaume-Uni.

Il est possible que le gouvernement déclenche l’article 16 pour suspendre le protocole d’Irlande du Nord pour la raison tactique de garder les unionistes de son côté.

«  Il y a actuellement un problème avec les relations irlandaises et britanniques. Du côté irlandais, il y a une certaine incompréhension à propos du Brexit  », a déclaré Jon Tonge, professeur de politique à l’université de Liverpool.

Cependant, les partis d’opposition en Angleterre ne tentent pour l’instant pas de tirer profit du scepticisme de l’opinion publique concernant le Brexit. Encore sonnés par l’ampleur de leur défaite aux élections de 2019, les travaillistes et les libéraux-démocrates ont peu parlé du Brexit ou lié les échecs de la politique gouvernementale et les difficultés économiques au statut du Royaume-Uni en dehors de l’UE.

En revanche, les conservateurs ont réussi à établir un lien entre le Brexit et le fait que le gouvernement a réussi à lancer son programme de vaccination de masse plus rapidement que l’UE, l’un des rares points de la pandémie dont le gouvernement de Boris Johnson est largement crédité, et que M. Curtice a qualifié de «  brillante opération de communication  ».

«  Pour l’instant du moins, il est loin d’être évident que le référendum de 2016 a tranché le débat en ce qui concerne l’opinion publique  », a déclaré M. Curtice, qui a souligné que ceux qui n’ont pas voté lors du référendum de 2016 soutiennent l’adhésion à l’UE à une majorité de deux contre un.

Six ans, trois premiers ministres et deux élections plus tard, le débat sur le Brexit n’est toujours pas clos.

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https://www.euractiv.fr/section/royaume-uni-en-europe/news/un-an-apres-le-brexit-la-grande-bretagne-destabilisee/

2022 : le revers britannique

l’impact direct du Brexit sur l’économie britannique depuis janvier 2021. Au point de susciter de nombreux débats chez les économistes. Mais si les chiffres sont discutés, il demeure néanmoins un consensus : la sortie de l’Union Européenne a considérablement détérioré les performances économiques du Royaume-Uni.

Dans un article publié le 21 décembre, le Centre for European Reform (CER) estimait qu’au 2e trimestre 2022, le PIB britannique était inférieur de 5,5 % à ce qu’il aurait été si le pays était resté dans l’UE. Selon le Financial Times, une telle tendance représenterait une perte annuelle de plus de 100 milliards de livres sterling pour les finances publiques britanniques.

La dépréciation de la livre

Par ailleurs, une conséquence économique directe du Brexit cristallise particulièrement l’attention et fait consensus : la dépréciation de la livre sterling de plus de 10 % après 2016, et qui perdure jusqu’à aujourd’hui. Cette chute a significativement augmenté le prix des importations, les coûts pour les entreprises et l’inflation, mais n’a pas réussi à stimuler les salaires, ni la compétitivité de l’économie britannique. En conséquence, les salaires réels ont baissé de 2,9 %, ce qui a généré une perte de 870 livres par an en moyenne pour les ménages britanniques, nourrissant un fort mécontentement.

https://www.rts.ch/audio-podcast/2022/audio/quelles-sont-les-consequences-du-brexit-25833532.html