Berlin et Paris annoncent un budget de la zone euro en 2021


Les ministres allemands et français des Finances ont présenté leur projet de budget pour la zone euro en 2021. Mais certains pays peinent à y voir la plus-value, à l’image des Pays-Bas.

« Il y a un an, personne ne parlait de budget de la zone euro. Aujourd’hui, nous vous présentons une proposition franco-allemande qui pourrait très bien fonctionner. Et ça, c’est un bouleversement politique majeur », s’est félicité Bruno Le Maire après cette réunion extraordinaire de l’Eurogroupe.

Le projet de budget d’Olaf Scholz, ministre allemand des Finances, et de Bruno Le Maire, son homologue français, prévoit un budget commun limité pour la zone euro axé sur l’investissement, la convergence et plus largement sur la stabilisation.

L’un des points très controversé de ce plan, y compris en Allemagne, repose dans le fait qu’il limiterait l’aide de la zone euro à d’autres pays en cas de crise économique.

Faisant partie intégrante du cadre européen, ce budget se fondrait dans le budget à long terme de l’UE – qui doit entrer en vigueur en 2021 – et serait assujetti aux mêmes règles budgétaires.

Étant donné qu’il ferait partie de ce budget de sept ans, tous les États membres devraient donner leur accord pour l’inscrire dans la législation, mais seuls les 19 de la zone euro seraient habilités à s’en servir.

Le portefeuille d’investissement sera consacré à l’innovation, à la recherche et au capital humain. « Le manque de convergence entre les différentes économies nationales n’est pas viable à long terme pour une union monétaire », selon Bruno Le Maire.

« En l’état actuel des choses, la zone euro est incapable de surmonter les crises économiques », a-t-il mis en garde. « Une zone euro plus forte est la condition pour une économie plus forte. »

En quoi cette politique d’investissement est-elle différente des fonds structurels déjà existants, de la politique de cohésion ou du plan Juncker ? Pour Bruno Le Maire, la nouveauté réside dans la convergence, particulièrement importante pour des pays sous l’égide de la même union monétaire.

Concernant la politique de stabilisation, les deux confrères ont admis qu’ils avaient encore plusieurs propositions à étudier. « Ce point est très important pour nous », a souligné le Français.

Néanmoins, la proposition n’a fait mention d’aucun chiffre précis pour ce budget, et le montant final n’a pas été abordé par l’Eurogroupe.

Salué par – presque – tous les États membres

Cette proposition de budget a été très bien accueillie par l’Eurogroupe, selon Mario Centeno, président du groupe. Par ailleurs, les 27 pays membres se préparent déjà pour un sommet sur la réforme de la zone euro qui aura lieu en décembre.

« Cette initiative franco-allemande contribue fortement à la conclusion prochaine d’un accord », selon le commissaire aux affaires économiques, Pierre Moscovici.

Néanmoins, quelques pays ont émis des doutes. Les Pays-Bas, par exemple, se sont montrés plutôt sceptiques. Leur ministre des Finances, Wopke Hoekstra, a indiqué que « le besoin pour un tel budget » ne l’avait « pas convaincu » et qu’il ne comprenait pas « en quoi cela pouvait aider ou représenter un intérêt pour les citoyens néerlandais ». Une réunion entre le Néerlandais et Bruno Le Maire aura bientôt lieu à Paris.

La réforme de l’UEM en marche

Le budget de la zone euro ne devrait pas être appréhendé en-dehors du cadre de la réforme de l’Union économique et monétaire européenne.

Les États membres travaillent actuellement sur la réduction et le partage des risques. La question du filet de sécurité commun pour résoudre le problème des banques en difficulté avant 2024 est particulièrement à l’ordre du jour.

« D’une manière générale, nous disposons d’un large soutien pour l’instauration précoce du filet de sécurité commun, à condition que l’on fasse des progrès suffisants en termes de réduction des risques », a déclaré Mario Centeno.

L’Eurogroupe a également félicité l’accord entre la Commission et le mécanisme de stabilité pour renforcer son rôle dans l’élaboration et le suivi des programmes de soutien financier.

« La coopération entre ces deux institutions est cruciale, car ce sont elles qui gèreront les programmes d’urgence lors de la prochaine crise », a noté le président de l’Eurogroupe.

« Nous pensons arriver à un accord avec l’Allemagne sur l’ensemble du paquet le 13 décembre », a ajouté Bruno Le Maire. Un accord qui devrait jeter les bases du sommet de la zone euro quelques jours plus tard, où l’union bancaire devrait également être au menu, puisque les négociations en juin n’avaient rien donné.

Le budget de l’Italie restera le même

La prochaine crise de la zone euro pourrait être bien plus imminente qu’on ne le croit. Le ministre italien des Finances, Giovanni Tria, a récemment fait savoir que l’Italie ne changerait pas son budget malgré la « violation grave » que cela constitue aux yeux de la Commission.

Le gouvernement italien est actuellement en pourparlers avec l’exécutif de l’UE, et tandis que la Commission donnera bientôt son avis sur les projets de budget des membres de la zone euro, elle risque par la même occasion d’enclencher une procédure de déficit excessif à l’encontre de l’Italie.



https://www.euractiv.fr/section/economie/news/eurozone-budget-to-be-ready-by-2021-say-france-and-germany/