Allemagne : quels scénarios après des élections anticipées ?

Par :  Nick Alipour |  AFP et EURACTIV.com | translated by  Anna Martino

 7 nov. 2024 (mis à jour:  8 nov. 2024)

07 November 2024, Berlin: Friedrich Merz, CDU Federal Chairman and CDU/CSU parliamentary group leader in the Bundestag, comes to the Chancellery for a meeting with Chancellor Scholz (SPD). Photo: Fabian Sommer/dpa (Photo by Fabian Sommer/picture alliance via Getty Images) [Fabian Sommer/picture alliance via Getty Images]

Le chancelier sous pression

En Allemagne, suite à la chute du gouvernement mercredi 6 novembre, l’Union chrétienne-démocrate (CDU), favorite des élections anticipées à venir, demande au chancelier Olaf Scholz d’anticiper le scrutin, car elle s’inquiète de la capacité du gouvernement à agir sur les questions de politique étrangère et au niveau de l’Union européenne (UE).

Mercredi 6 novembre, le gouvernement de coalition tripartite composé du Parti social-démocrate (SPD), des Verts et du Parti libéral-démocrate (FDP) a volé en éclat en raison de désaccords sur la politique économique qui avaient par ailleurs conduit Olaf Scholz à limoger lundi le ministre des Finances libéral, Christian Lindner.

À l’origine, les prochaines élections nationales étaient prévues pour le 28 septembre 2025. Mais alors qu’Olaf Scholz a l’intention de tenir un vote de confiance le 15 janvier, suivi d’élections anticipées en mars, son rival démocrate-chrétien Friedrich Merz a demandé au chancelier lors d’une brève réunion jeudi 7 novembre d’avancer cette date.

Plusieurs « engagements internationaux et décisions de l’UE exigent désormais un gouvernement allemand capable d’agir », a expliqué Friedrich Merz aux journalistes jeudi matin, ajoutant que le vote de confiance devait avoir lieu « au plus tard la semaine prochaine ».

Selon les médias allemands, la rencontre entre les deux hommes ne semble pas avoir fait changer le chancelier d’avis.

Friedrich Merz avait également l’intention de présenter ses arguments au président Frank-Walter Steinmeier lors d’une autre réunion le même jour.

Soutien aux élections anticipées

Alors qu’Olaf Scholz ne peut être contraint de convoquer un vote de confiance, Friedrich Merz peut tirer parti du fait que le gouvernement minoritaire du chancelier aurait besoin du soutien occasionnel de la CDU/CSU pour faire passer des lois.

Friedrich Merz, candidat de la CDU/CSU au poste de chancelier, aurait tout à gagner d’élections anticipées. En effet, son parti est en tête des sondages avec plus de 10 % d’avance sur le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD), qui arrive en deuxième position. L’AfD, ainsi que le FDP de l’ancien ministre Christian Lindner, a également rejoint l’appel de Friedrich Merz en faveur d’élections anticipées.

Les associations professionnelles allemandes ont également apporté leur soutien à la tenue d’élections anticipées.

L’association du Mittelstand allemand (BVMW), un terme désignant les petites et moyennes entreprises, a souligné qu’un vote de confiance en janvier arriverait bien trop tard. De même, l’association de l’industrie automobile allemande (VDA) a cité l’élection de Donald Trump, entre autres, comme une raison d’accélérer le processus.

La crise allemande, pas une si mauvaise nouvelle pour l’Europe ?

La perspective de nouvelles élections est plutôt saluée au sein de l’Union européenne où l’instabilité de la coalition d’Olaf Scholz était devenue un problème chronique.

Mise au défi par le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, ébranlée par la guerre en Ukraine, fragilisée économiquement… l’UE a plus que jamais besoin d’une Allemagne stable pour avancer.

« Il y a des questions très importantes sur la table. Nous avons besoin d’une Allemagne forte au sein de l’Union européenne », a souligné le Premier ministre finlandais, Petteri Orpo, à son arrivée à Budapest où les dirigeants européens se réunissent pendant deux jours.

Jeudi (sommet de la Communauté politique européenne) et vendredi (sommet européen informel), les dirigeants doivent notamment discuter des réformes économiques proposées par l’ancien chef du gouvernement italien Mario Draghi dans son rapport sur la compétitivité de l’UE pour sortir de l’ornière une économie européenne en plein décrochage face aux États-Unis et à la Chine.

Les pistes discutées touchent à des sujets sensibles : nouveaux financements européens, durcissement de la politique commerciale, revue des règles de concurrence… Or il faudrait attendre fin mars si le chancelier allemand convoquait des législatives anticipées et peut-être jusqu’à l’été pour un nouveau gouvernement.

« Nous sommes pleinement capables d’agir dans les conseils européens et le gouvernement peut naturellement continuer à bien faire son travail », affirme de son côté le vice-chancelier écologiste Robert Habeck.

Mais le doute est permis. Olaf Scholz était notamment absent du sommet de la Communauté politique européenne ce jeudi. Le chancelier a également annulé sa participation à la COP29 à Bakou la semaine prochaine, une information rapportée par Bloomberg et confirmée à Euractiv par un porte-parole de l’exécutif allemand.

« Moteur franco-allemand en panne »

Traditionnelle force motrice de l’UE, « le moteur franco-allemand est en panne, ce n’est pas du tout une bonne nouvelle pour l’Europe », s’inquiète un diplomate européen.

En France, le gouvernement issu des élections de juillet est fragile et le président Emmanuel Macron considérablement affaibli.

La réunion de Budapest « devait donner une impulsion » aux propositions de Mario Draghi « mais Olaf Scholz ne pourra engager un futur gouvernement sur des questions sensibles comme des financements communs », souligne le diplomate.

Pour autant, la coalition tripartite entre sociaux-démocrates, écologistes et libéraux ne sera pas regrettée à Bruxelles.

Volte-face multiples, absence d’orientation sur de nombreux dossiers à cause de divisions internes, fébrilité dans l’engagement européen, l’Allemagne a souvent désorienté voire agacé ses partenaires des deux dernières années.

Le ministre des Finances Christian Lindner, démis de ses fonctions mercredi par Olaf Scholz, faisait même figure de bête noire.

« Honnêtement, son départ peut être positif », estime un autre diplomate s’exprimant sous le couvert de l’anonymat. « Avec Lindner, il était impossible d’engager une discussion sur un cadre financier pluriannuel ambitieux ou sur un renforcement du financement de la défense au niveau de l’UE. Même sur les aides en cas d’inondation, l’Allemagne était toujours réticente à dépenser », déplore-t-il.

« Ce gouvernement était complètement indécis sur les questions européennes. Nous avions donc une Allemagne affaiblie, même avec un gouvernement stable. Plus vite cette situation se terminera, mieux ce sera », assure-t-il.

Cet avis est largement partagé. « À court terme », la fin de la coalition au pouvoir à Berlin est quelque chose d’« indésirable, à un moment où l’Europe aurait bien besoin d’un regain d’unité et de détermination », juge un troisième diplomate.

Mais, « à moyen et long termes, cela pourrait être une bénédiction : Scholz n’a jamais été très tourné vers l’UE. Un nouveau chancelier pourrait changer cela et permettre de relancer l’axe franco-allemand », avec un probable retour aux affaires de la CDU, parti de l’ancienne chancelière Angela Merkel.

Alors, bonne ou mauvaise nouvelle ? « Peut-être les deux. La crise affaiblit mais si elle conduit à des élections anticipées, c’est plutôt une bonne nouvelle pour l’Europe car cela peut conduire au pouvoir une coalition plus cohérente et donc enfin capable d’avoir des positions plus tranchées sur les initiatives européennes », estime Sylvie Matelly, la directrice de l’Institut Jacques Delors.

« À Bruxelles, on doit se satisfaire de la décision en pensant qu’on peut difficilement faire pire » que ce gouvernement, relève-t-elle. Mais elle met en garde sur le risque d’un bon score du parti d’extrême droite AfD et sur « l’incertitude » quant à son influence après les élections.

La rupture de la coalition allemande plonge l’Europe dans l’incertitude

Alors que l’Europe est confrontée au retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, la coalition au pouvoir est tombée en l’Allemagne suite au limogeage du ministre des Finances et représentant des libéraux. Le pays s’apprête à entrer dans une phase d’élections anticipées.

[Édité par Anne-Sophie Gayet]

https://www.euractiv.fr/section/elections/news/olaf-scholz-sous-pression-pour-organiser-des-elections-anticipees-le-plus-rapidement-possible/?utm_source=Euractiv&utm_campaign=0cc1f0480d-EMAIL_CAMPAIGN_2023_11_03_09_29_COPY_98&utm_medium=email&utm_term=0_-340ef6fac4-117124648

Friedrich Merz : le chancelier qui vient ?

Des salons feutrés de BlackRock à l’atelier d’Anselm Kiefer, le leader de la CDU qui pourrait devenir le dixième chancelier allemand de l’après-guerre est un conservateur chimiquement pur qui a grandi à l’ombre de Wolfgang Schaüble. Mais sur la défense et l’intégration fiscale, c’est peut-être par lui que le changement pourrait arriver.

Joseph de Weck brosse le portrait politique et géopolitique de Friedrich Merz—le revenant qui veut faire sortir l’Allemagne de l’interrègne.

Lorsque Friedrich Merz, chef de file de la CDU, est venu à Paris en décembre 2023 pour un tête-à-tête avec Emmanuel Macron, le probable prochain chancelier allemand a également pris le temps de rendre visite à Anselm Kiefer dans son atelier de Croissy-Beaubourg.

Kiefer est connu dans le monde entier pour ses peintures monumentales de paysages dorés, de champs de maïs arides et de gigantesques sculptures en plomb. Les deux hommes ont largement dépassé l’âge de la retraite dans leur pays. Ils partagent une affinité pour la grandeur, la réflexion sur les discontinuités historiques, la provocation et le pathos. Il n’est pas surprenant que Macron soit également un visiteur assidu de Croissy-Beaubourg 1. En 2021, le président français a même demandé à Kiefer de produire six sculptures pour le Panthéon — les premières nouvelles œuvres d’art installées dans le mausolée de la montagne Sainte-Geneviève depuis cent ans 2.

Avec Sigmar Polke et Georg Baselitz, Kiefer est sans doute l’artiste allemand d’après-guerre le plus iconique. Né dans un abri antiaérien en mars 1945, il a grandi dans un pays ravagé par les décombres et la répression. L’œuvre de Kiefer est une remise en question constante du passé nazi de l’Allemagne. Pour son exposition de fin d’études à Karlsruhe en 1969, l’artiste s’est photographié en train de faire le salut nazi dans différents pays d’Europe. En reproduisant ce geste — interdit en Allemagne de l’Ouest — le jeune Kiefer voulait briser le silence pesant d’une société qui, à l’époque, oubliait volontiers les horreurs commises par ses aînés.

Pour Kiefer, la réponse au passé sombre de l’Allemagne a un nom : l’Europe. En 1992, il émigre en France. Europe est également le titre d’une série de ses peintures d’une joie peu commune. Elles montrent des vaches heureuses se reposant sur un labyrinthe et dont l’estomac transparent est rempli de paille 3.

Kiefer, Macron — bientôt Merz. Est-ce le tiercé gagnant pour un avenir heureux du « vieux continent » ? Peut-être. Inattendu, Merz pourrait se révéler être au bon endroit, au bon moment, pour redonner vie à une Europe désorientée et à un Macron affaibli.

Multimillionnaire autodidacte, Merz se décrit comme appartenant à la « classe moyenne supérieure » — et aime se rendre à ses réunions dans des petits avions à hélice.JOSEPH DE WECK

L’homme d’en haut

Merz est un conservateur pur et dur. Il est né en 1955 dans la campagne de Rhénanie du Nord-Westphalie, en Allemagne de l’Ouest. Élevé dans la foi catholique à Brilon, une ville pittoresque de 25 000 habitants, il adhère à la CDU à l’âge de 17 ans et suit les traces de son père en poursuivant des études de droit. Ses origines bourgeoises se reflètent dans son style vestimentaire : un goût prononcé pour les pulls en cachemire à col en V et les chemises à carreaux bien repassées.

Du haut de son mètre quatre-vingt-dix-huit, Merz regarde littéralementde haut la plupart de ses interlocuteurs. Mais s’il est souvent accusé d’être distant, ce n’est pas uniquement en raison de sa taille : ce multimillionnaire autodidacte se décrit comme appartenant à la « classe moyenne supérieure » 4 — et aime se rendre à ses réunions dans des petits avions à hélices 5.

Ancien artilleur dans la Bundeswehr, Merz aime l’autorité et l’ordre — il n’hésite pas, face caméra, à conseiller à un employé d’acheter une brosse à cheveux pour ne pas arriver au bureau le matin décoiffé. On sent aussi chez lui une âme, l’écho d’un style — le Biedermeier 6. Comme sur cette photographie d’intérieur où il accompagne à la clarinette sa fille au piano dans le salon.

La rhétorique de Merz est élégante mais n’en est pas moins tranchante et mordante. Cette vivacité d’esprit, qui pourrait être une arme redoutable dans les débats, est un handicap dans un pays où les électeurs préfèrent les politiciens affables aux tribuns sophistiqués. Helmut Kohl et Angela Merkel — les chanceliers allemands les plus performants de l’histoire récente sur le plan politique — étaient tous deux des orateurs proverbialement soporifiques.

La réputation de Merz d’être arrogant, trop ambitieux et sans cœur ne date pas d’hier. 

Dans ce qui est devenu l’hymne officieux de Hambourg, le légendaire groupe de rap Beginner a écrit en 2004 : « et au lieu d’être antipathique, jeune et dynamique comme Friedrich Merz, chez nous, tout est chill, cool et relax » 7. Aujourd’hui encore, la cote de popularité de Merz, 69 ans, n’est que de 43,3 %. C’est mieux que le chancelier Olaf Scholz (32,7 %) mais loin des 52,1 % du ministre de la Défense du SPD Boris Pistorius 8. Si ce dernier a finalement annoncé qu’il n’affronterait pas Scholz comme candidat du SPD à la chancellerie, Merz n’a pas encore remporté l’élection. S’il venait à être réellement élu chancelier en 2025, c’est peu dire qu’il ne débuterait pas son mandat dans un climat d’enthousiasme.

Enfant, Merz a été envoyé six mois loin de chez lui dans une clinique dirigée par des religieuses pour soigner la tuberculose — il décrit aujourd’hui cette période de sa vue comme « pas sympa du tout », sans entrer dans les détails.JOSEPH DE WECK

Maîtriser ses émotions

Pourtant, Merz n’est pas un Scholzomat 9 insipide incapable d’établir la moindre relation personnelle au-delà de son groupe de conseillers les plus proches. Comme me l’a dit un jour un intime du chancelier SPD : « Les Français déplorent que Macron et Scholz n’aient pas de relations personnelles, mais le chancelier n’entretient pas de véritable lien avec qui que ce soit — ni dans son pays, ni à l’étranger ».

© dts News Agency Germany/Shutterstock

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Merz laisse davantage de place aux émotions et aux sentiments. En privé, il surprend par sa capacité à écouter attentivement — voire même à faire preuve d’une certaine empathie. S’il est issu d’une famille aisée, sa vie n’a pas pour autant été toujours facile. Son père, enrôlé dans la Wehrmacht à l’âge de 17 ans et prisonnier de guerre pendant quatre ans en Géorgie soviétique, était connu à Brilon pour sa discipline stricte. Enfant, Merz a été envoyé six mois loin de chez lui dans une clinique dirigée par des religieuses pour soigner la tuberculose — il décrit aujourd’hui cette période de sa vie comme « pas sympa du tout », sans entrer dans les détails. Sa sœur a quant à elle été tuée dans un accident de voiture à l’âge de 21 ans.

Merz est également réputé pour son impatience, son irascibilité et son orgueil. Adolescent, il a dû quitter son lycée pour des raisons disciplinaires — et ses notes étaient si mauvaises qu’il a dû redoubler.

Aujourd’hui encore, il se laisse parfois gagner par ses démons. Son entêtement l’a souvent conduit à commettre des erreurs tactiques et à provoquer le mécontentement d’alliés potentiels. Il semble surtout avoir du mal à distinguer totalement les registres personnel et politique : si un collègue de son parti se retourne contre lui, il le raye complètement de sa liste. Merz, qui a été membre d’une fraternité catholique à l’université, accorde une importance cardinale à la loyauté. Chaque année, il part une semaine en vacances avec le même groupe d’amis.

La trentenaire Ricarda Lang qui a dirigé le parti des Verts jusque il y a quelques semaines, a déclaré à propos de Merz : « Nous avons toujours eu une relation très collégiale, caractérisée par un grand respect » 10. Lang fait également l’éloge de Merz, perçu comme un homme de convictions et non un opportuniste comme le ministre-président bavarois Markus Söder peut en avoir la réputation.

Merz, qui a été membre d’une fraternité catholique à l’université, accorde une importance cardinale à la loyauté. Chaque année, il part une semaine en vacances avec le même groupe d’amis.JOSEPH DE WECK

Le réveil de Friedrich l’endormi

Le caractère nerveux et le dogmatisme de Merz expliquent sans doute en partie pourquoi sa carrière politique a été à ce point non linéaire : aucun homme politique allemand n’a eu à digérer autant de défaites politiques.

Tout d’abord, Merz n’a pas suivi le cursus honorum généralement emprunté par tout politique aspirant au pouvoir en Allemagne.

En République fédérale, la politique est une affaire de professionnels dans laquelle les jeunes ambitieux s’engagent très tôt : d’abord en se rattachant à un parti puis en gravissant patiemment les échelons qui les mèneront aux plus hautes fonctions. De manière peu habituelle, après avoir obtenu son diplôme de droit à Bonn, Merz ne rentre sur ses terres pour bâtir sa carrière politique, mais déménage dans une autre région pour travailler comme juge. C’est en grande partie grâce à des amis restés impliqués dans la CDU à Brilon que Merz se lance finalement, plus tardivement, dans la politique — sous un patronage de marque.

Si Merz se décrit comme un catholique romain et se rend assidûment à la messe, son véritable spiritus rector a été le protestant Wolfgang Schäuble.

Sous la protection du plus proche conseiller de Kohl, Merz s’est fait un nom à la fin des années 1990 grâce au déploiement d’une énergie brillante à la Gordon Gekko et à son rôle de porte-voix du courant le plus conservateur au sein de la CDU.

En 2000 pourtant, lorsque Schäuble doit quitter la présidence de la CDU à la suite d’un scandale lié au financement du parti, Merz perd la lutte pour sa succession au profit d’une Allemande de l’Est sans prétention — une certaine Angela Merkel. Une fois au pouvoir, celle-ci n’aura de cesse de marginaliser celui qu’elle considère comme son rival le plus menaçant. Se rendant compte que Merkel le tient en échec, Merz, humilié, quitte la politique en 2009 pour gagner de l’argent — beaucoup d’argent.

Pendant un hiatus de près de dix ans, de nombreux conservateurs mécontents de la stratégie électorale de Merkel — qui a abandonné les positions traditionnelles de la CDU pour gagner des électeurs de centre-gauche — espèrent le retour de Merz. Dans ces cercles, on le compare même avec humour à l’empereur du Saint Empire romain Frédéric Ierde Hohenstaufen, dit Barberousse, qui, selon la légende, dormait dans une montagne avec ses cavaliers en attendant le moment opportun pour remonter sur le trône.

Si Merz se rend assidûment à la messe, son véritable spiritus rector a été le protestant Wolfgang Schäuble.JOSEPH DE WECK

Comme l’empereur endormi, l’autre Friedrich attend. Il ne fera son retour qu’en 2018. Face aux critiques croissantes concernant sa décision d’accueillir un million de réfugiés au plus fort de la guerre civile syrienne en 2015, Angela Merkel est contrainte de quitter la direction de la CDU en octobre 2018. Merz déclare sa candidature quelques minutes seulement après l’annonce de la décision de la chancelière.

Mais une fois de plus, l’icône de l’aile droite de la CDU essuie une défaite cuisante, perdant la campagne à la direction du parti au profit d’Annegret Kramp-Karrenbauer, confidente de Merkel. En 2020, Merz doit encore céder sa place à Armin Laschet, un autre centriste. Ce n’est qu’en 2022, lors de sa troisième tentative, qu’une CDU désorientée le choisit finalement comme chef de file.

Dans la matrice Schäuble

Pour comprendre le positionnement politique unique de Merz, il faut se tourner vers une autre icône de la droite : Wolfgang Schäuble. Merz est le seul homme politique allemand que Schäuble tutoie. Surtout, il partage avec le légendaire ministre de l’Intérieur de Kohl et du ministre des Finances de Merkel trois caractéristiques politiques fondamentales.

En premier lieu, le conservatisme social — qui se traduit par un soutien aux politiques de maintien de l’ordre et par une position dure à l’égard de l’immigration.

Rejetant la décision prise par Merkel en 2015 d’autoriser un afflux important de réfugiés en Allemagne, Merz plaide désormais en faveur de la déclaration de l’état d’urgence qui permettrait à Berlin de supplanter la législation européenne et d’instituer des refoulements de migrants aux frontières nationales. Il soutient également l’introduction de mesures d’externalisation de l’asile — à l’instar du modèle britannique avec le Rwanda.

Merz est le seul homme politique allemand que Schäuble tutoie.JOSEPH DE WECK

Merz aime également agrémenter ses positions de droite dure sur l’immigration d’une rhétorique populiste. Il a notamment accusé les réfugiés de guerre ukrainiens d’être des « touristes de l’aide sociale » — une déclaration pour laquelle il s’est excusé par la suite — et a qualifié de « petits pachas » les fils d’immigrés qui ne respectent pas les institutrices 11. Il s’est élevé contre la « société multiculturelle » et a proposé que les migrants s’assimilent à une « culture de base » allemande.

Friedrich Merz le 17 avril 2024 au Pressclub à Munich, Allemagne. © Alexander Pohl/Sipa USA

Friedrich Merz le 17 avril 2024 au Pressclub à Munich, Allemagne. © Alexander Pohl/Sipa USA

Friedrich Merz le 17 avril 2024 au Pressclub à Munich, Allemagne. © Alexander Pohl/Sipa USAFriedrich Merz le 17 avril 2024 au Pressclub à Munich, Allemagne. © Alexander Pohl/Sipa USA

Les politiques sociétales de Merz reflètent ses racines conservatrices. Il promet notamment d’annuler la législation sur la marijuana introduite par le gouvernement Scholz. Dans les années 2000, ce père de trois enfants s’est opposé à une loi introduisant les unions civiles homosexuelles. Lorsqu’on lui demande, en 2020, s’il accepterait un chancelier gay, Merz répond « bien sûr » — avant d’ajouter : « tant que cela se fait dans le respect de la loi et ne concerne pas les enfants » 12.

Friedrich Merz maintient malgré tout une distance catégorique avec le parti d’extrême droite Alternative für Deutschland (AfD). Son grand-père, Josef Paul Sauvigny, a rejoint la Schutzabteilung, la force paramilitaire nazie à chemise brune, en juillet 1933, six mois seulement après l’accession d’Hitler au poste de chancelier. Passant du Zentrum (« Le Centre ») — le prédécesseur de la CDU, au NSDAP — le maire de Brilon rebaptise une artère centrale de la ville Adolf-Hitler-Strasse. Merz ne serre pas la main des hommes politiques de l’AfD et qualifie le parti de « honte pour l’Allemagne ». 

Ce refus se traduit par un objectif politique clair : neutraliser l’attrait de l’AfD en déplaçant la CDU toujours plus vers la droite. Cette stratégie a déjà fonctionné à plusieurs reprises dans l’histoire de la République fédérale : en tant que ministre de l’Intérieur, Schäuble avait durci la politique d’asile, contribuant ainsi à tuer le soutien au parti d’extrême droite Republikaner (« Les Républicains »), qui avait connu une popularité de courte durée dans les années 1990. Mais les temps ont changé. Le génie n’est plus dans la lampe et Merz a beau parler de réduction de l’immigration du matin au soir, l’AfD ne cesse de grimper dans les sondages.

Lorsqu’on lui demande, en 2020, s’il accepterait un chancelier gay, Merz répond « bien sûr » — avant d’ajouter : « tant que cela se fait dans le respect de la loi et ne concerne pas les enfants ».JOSEPH DE WECK

Merz et le capital

Mais son conservatisme n’est pas la seule dimension qui explique qu’il soit positionné autant à la droite du parti. Comme Schäuble, Merz est également un ordolibéral économique strict — mais avec une touche d’École de Manchester en plus.

Il s’est rendu célèbre dans les années 2000 en promettant qu’avec lui aux Finances, la taille de la déclaration d’impôt sur le revenu serait réduite à la portion congrue. En 2008, en pleine crise financière mondiale, il publie un livre intitulé Oser plus de capitalisme : les voies d’une société juste 13.

Lorsque Merkel met un premier coup d’arrêt à son ascension politique, Merz se met au service de la cause capitaliste d’une autre manière. Il rejoint un cabinet d’avocats d’affaires de Düsseldorf et accumule un nombre impressionnant de sièges au conseil d’administration de grandes entreprises : des sociétés prestigieuses comme la Commerzbank, mais aussi des entreprises plus ordinaires comme le producteur de papier hygiénique WEPA. Son rôle le plus important sera celui de président — c’est-à-dire lobbyiste en chef — de la succursale allemande de BlackRock, le plus grand gestionnaire d’actifs au monde.

Aujourd’hui, pour sortir l’économie allemande d’une stagnation qui dure depuis près de cinq ans, Merz propose un « Agenda 2030 », qui s’inspire manifestement du programme de libéralisation économique et de réduction de la protection sociale lancé par le chancelier SPD Gerhard Schroeder au début des années 2000, appelé « Agenda 2010 », alors que l’Allemagne était déjà l‘homme malade de l’Europe.

Si le capitalisme ne fonctionne pas pour les Allemands, c’est surtout, d’après Merz, parce qu’ils ne sont pas assezcapitalistes.JOSEPH DE WECK

Merz veut notamment réduire les allocations chômage, inciter les Allemands à travailler plus longtemps et s’attaquer à la réglementation sur le climat. L’industrie automobile étant en crise et les Allemands, Merz veut annuler l’interdiction européenne de vente des voitures à moteur thermique à partir de 2035. Pour contrer les tarifs douaniers de Trump, il veut doubler les accords de libre-échange avec le Mercosur. Proche de Paris sur ce point, il est pro-nucléaire et affirme que l’Allemagne devrait envisager de participer aux nouvelles centrales nucléaires françaises 14.

Merz souhaite également que les Allemands commencent enfin à investir une partie substantielle de leur gigantesque épargne sur les marchés boursiers au lieu de la laisser dormir sur des comptes bancaires. Si le capitalisme ne fonctionne pas pour les Allemands, c’est surtout, d’après Merz, parce qu’ils ne sont pas assez capitalistes. Prôner ce type de capitalisme actionnarial en 2024 est audacieux — encore plus en Allemagne, où les marchés financiers sont perçus avec méfiance.

Bien entendu, Merz est un fervent partisan du frein constitutionnel à l’endettement. Il a notamment déclaré : « Nous ne pouvons pas accabler les générations futures de dettes… Un budget équilibré n’est pas seulement une bonne politique, c’est une obligation morale ». Celui de la silhouette élancée rappelle parfois celle des bronzes austères d’Alberto Giacometti axera sa campagne sur la nécessité de maîtriser les finances de la République fédérale.

Pourtant, à huis clos, la plupart des hommes politiques de la CDU reconnaissent qu’une fois élus, ils devront trouver un moyen d’emprunter davantage. À la question de savoir s’il réviserait finalement le frein à l’endettement, Merz répond qu’en politique, « rien n’est jamais complètement exclu » 15. Celui-ci sait en effet qu’il connaîtra le même sort qu’Olaf Scholz s’il ne parvient pas à relancer la croissance. Et puis, il y a l’impératif d’augmenter les dépenses de défense — un élément clef du discours de Merz, bien avant 2022 et l’invasion de l’Ukraine.

Ancré à l’Ouest

Cela nous amène au dernier élément du triptyque schäublien : une forte vision pro-européenne et la conviction que les Européens doivent assurer leur propre défense.

Schäuble est décédé en 2023. Parmi ses dernières volontés, deux sont particulièrement remarquables : Emmanuel Macron devait s’exprimer au Bundestag et Merz prononcer le discours principal au temple.

Cérémonie de deuil pour l'ancien politicien de la CDU Wolfgang Schaüble au Bundestag allemand, Berlin, Allemagne le 22 janvier 2024. © Action Press/Shutterstock

Cérémonie de deuil pour l'ancien politicien de la CDU Wolfgang Schaüble au Bundestag allemand, Berlin, Allemagne le 22 janvier 2024. © Action Press/Shutterstock

Cérémonie de deuil pour l’ancien politicien de la CDU Wolfgang Schaüble au Bundestag allemand, Berlin, Allemagne le 22 janvier 2024. © Action Press/ShutterstockCérémonie de deuil pour l’ancien politicien de la CDU Wolfgang Schaüble au Bundestag allemand, Berlin, Allemagne le 22 janvier 2024. © Action Press/Shutterstock

Avec Kiefer, Schäuble est le lien — désormais céleste — qui unit Macron à Merz.

Merz se place dans la longue tradition conservatrice de Konrad Adenauer en matière de politique étrangère, que l’on peut résumer par le mot Westbindung — littéralement lien avec l’Ouest. Toujours tentée de s’allier à la Russie, l’Allemagne libre devrait désormais toujours et indubitablement faire partie de l’équipe occidentale. Cette politique repose sur deux piliers.

Premièrement : des liens étroits avec les États-Unis. De 2009 à 2019, Merz a été président d’Atlantik-Brücke, le forum transatlantique le plus influent d’Allemagne. Archétype de l’Allemand de l’Ouest, Merz sait résister aux promesses lucratives de l’Est ; comme Schäuble, il s’est opposé à la construction de Nord Stream II et tient depuis longtemps une position faucon vis-à-vis de la Russie.

Parmi les dernières volontés de Schäuble, deux sont particulièrement remarquables : Emmanuel Macron devait s’exprimer au Bundestag et Merz prononcer le discours principal au temple.JOSEPH DE WECK

De même sur la question chinoise : pour Merz, Pékin est un partenaire commercial, mais également une menace pour la sécurité de l’Allemagne 16. En 2022, il a violemment critiqué Scholz pour avoir autorisé la vente d’un terminal du port de Hambourg à l’entreprise publique chinoise Cosco, arguant qu’il s’agissait d’une infrastructure essentielle 17.

Ce membre de longue date du club de tir de Brilon croit en la dissuasion plutôt qu’au Wandel durch Handel — le changement par le commerce défendu par Merkel et le SPD. 

Deuxièmement, l’intégration européenne est primordiale pour réaliser l’intérêt national de l’Allemagne et domestiquer un pays trop grand pour l’Europe, mais trop petit pour le monde.

L’Européen

En 1989, la première fonction élective de Merz a été celle d’eurodéputé. Là encore, c’était assez inhabituel : en Allemagne, le Parlement européen a pour les partis une fonction de remplacement : se débarrasser des membres âgés et indésirables pour laisser la place aux jeunes talents prometteurs.

Comme Emmanuel Macron, Merz affirme depuis longtemps que l’Europe ne peut pas compter uniquement sur les États-Unis pour sa sécurité et qu’elle doit renforcer sa propre défense. Il a souvent critiqué Scholz pour son soutien trop timide à Kiev et pour avoir suivi le président américain Joe Biden sur l’Ukraine au lieu de choisir une voie indépendante, plus affirmée, aux côtés de Paris et Londres. Merz affirme notamment que Berlin doit menacer de livrer des missiles Taurus si Moscou ne met pas fin à ses attaques contre les infrastructures civiles ukrainiennes. Pour ridiculiser Scholz, qui se présente comme un « chancelier de la paix », Merz a déclaré : « la paix, on peut la trouver dans n’importe quel cimetière. C’est notre liberté que nous devons défendre » 18.

Lorsque Joe Biden a annulé son voyage en Allemagne en octobre et, par conséquent, une réunion avec les chefs d’État européens pour discuter de l’Ukraine en raison d’un ouragan, Merz a affirmé que Scholz aurait dû réunir les Européens pour préparer ce qu’il faudrait faire si Donald Trump était élu. Dès le mois de mai de cette année, il déclarait que tout autre résultat, à part la réélection de Trump, serait une surprise majeure 19. Mais en tant que partisan de la ligne dure sur l’immigration et sur Russie et ennemi juré officiel de Merkel, Merz a également de bonnes chances de s’entendre avec Trump.

La vision réaliste vis-à-vis de la relation transatlantique et un programme pro-européen centré sur la défense ne sont pas les seules similitudes du leader de la CDU avec Emmanuel Macron.

Peut-être que seul un conservateur comme Merz pourrait permettre à l’Allemagne de faire un nouveau grand pas en avant dans l’intégration fiscale européenne.JOSEPH DE WECK

Comme le président français, Merz préfère une approche intergouvernementale plutôt que supranationale de l’intégration européenne. Il s’efforcera de construire une Europe plus performante autour d’un triangle de Weimar élargi — un format qui, selon lui, aurait été gravement négligé par le gouvernement Scholz. S’il remporte les élections l’année prochaine, on peut s’attendre à ce que ses premières visites à l’étranger en tant que chancelier se fassent d’abord à Paris et à Varsovie, puis à Rome et à Londres.

Tout comme Macron, Merz continue d’affirmer qu’il est ridicule que 80 % des dépenses de défense de l’Europe soient effectuées à l’étranger. Interrogé le jour de la réélection de Trump sur la question de la dette européenne pour renforcer les capacités de défense du continent, Merz a déclaré que les Européens doivent d’abord combiner leurs achats de défense « pour construire un marché de produits militaires suffisamment fort pour réduire notre dépendance, en particulier à l’égard du marché américain. Ensuite, nous pourrons aborder tous les autres sujets ».

Enfin, Merz est animé par le désir d’entrer dans les livres d’histoire comme un grand chancelier — à l’instar d’Adenauer.

Le rhénano-westphalien a une vision quelque peu romantique de la politique, estimant que les décideurs doivent pouvoir prendre des décisions très impopulaires si nécessaire — en particulier lorsqu’il s’agit de politique de défense. Son exemple emblématique remonte à 1982, lorsque les Soviétiques ont installé des missiles longue portée sur le sol européen. Des millions d’Allemands avaient alors protesté contre la décision du chancelier SPD Helmut Schmidt d’installer des missiles américains pour maintenir la dissuasion mais Merz dit admirer Schmidt pour avoir fait ce qu’il fallait faire.

Paris jouera un rôle particulier dans la politique européenne de Merz — pour qui la relation avec la France est une « question de cœur » 20. Il n’existe aucun autre pays européen avec lequel Merz entretient un tel « lien affectif ». Il cite ainsi volontiers les échanges qu’il a eus outre-Rhin lorsqu’il était au lycée 21 ainsi que ses voyages à vélo à travers la France 22.

Olaf Scholz et Friedrich Merz arrivent pour le deuxième jour du débat sur le budget 2024 au Bundestag, à Berlin, le 6 septembre 2023. © Markus Schreiber/AP/SIPA

Olaf Scholz et Friedrich Merz arrivent pour le deuxième jour du débat sur le budget 2024 au Bundestag, à Berlin, le 6 septembre 2023. © Markus Schreiber/AP/SIPA

Olaf Scholz et Friedrich Merz arrivent pour le deuxième jour du débat sur le budget 2024 au Bundestag, à Berlin, le 6 septembre 2023. © Markus Schreiber/AP/SIPAOlaf Scholz et Friedrich Merz arrivent pour le deuxième jour du débat sur le budget 2024 au Bundestag, à Berlin, le 6 septembre 2023. © Markus Schreiber/AP/SIPA

Disrupter Bruxelles

À 69 ans, Merz serait le deuxième chancelier le plus âgé de l’histoire de l’Allemagne, avec trois ans de moins seulement que Konrad Adenauer lorsqu’il a été élu en 1949. Il pourrait donc n’effectuer qu’un seul mandat de chancelier, voire deux au maximum. Contrairement à Angela Merkel, Merz ne joue pas sur le long terme et pourrait donc être plus enclin à utiliser son capital politique pour prendre des décisions importantes à court terme.

Lorsqu’on lui demande de se décrire en un mot, Merz répond « courageux » — c’est inhabituel dans un pays où les slogans de campagne revendiquant « pas d’expériences » remportent généralement les élections.JOSEPH DE WECK

Certes, Merz est un faucon fiscal, mais il pourrait être disposé à aller beaucoup plus loin en ce qui concerne la dette européenne commune, en particulier si elle est orientée vers le renforcement de la défense européenne. Il a notamment explicitement soutenu le fonds NextGenEU de 800 milliards d’euros destiné à sauver l’économie européenne des conséquences de la pandémie.

De même qu’il a fallu un anticommuniste chimiquement pur comme Richard Nixon pour établir des relations entre les États-Unis avec la République populaire de Chine en 1972 ou un leader de gauche du SPD comme Schröder a réduit l’État-providence dans les années 2000, peut-être que seul un conservateur comme Merz pourrait permettre à l’Allemagne de faire un nouveau grand pas en avant dans l’intégration fiscale européenne.

Celui qui parle un bel anglais et aime cuisiner des spaghetti frutti di mare pour se détendre chez lui tient l’avenir de l’Europe entre ses mains 23. Très probablement en coalition avec le SPD ou les Verts, Merz dirigera la plus grande économie européenne pendant quatre ans, à une époque de changements cruciaux. 

Lorsqu’on lui demande de se décrire en un mot, Merz répond « courageux » — c’est inhabituel dans un pays où les slogans de campagne revendiquant « pas d’expériences » remportent généralement les élections. Merz pourrait surprendre ou décevoir — ou les deux à la fois — mais il est le meilleur espoir de l’Europe. Imaginons : dans quelques mois, Merz est élu chancelier. Sa première visite est à Paris. Accompagnera-t-il Macron à Croissy-Beaubourg, dans l’atelier d’Anselm Kiefer ?

https://legrandcontinent.eu/fr/2024/11/30/friedrich-merz-le-chancelier-qui-vient/