L’Allemagne veut réduire sa dépendance économique à l’égard de la Chine – EURACTIV.fr

La dépendance de l’Allemagne aux matières premières chinoises attire de plus en plus l’attention du gouvernement qui continue, avec l’Union européenne, à travailler à plein régime pour se libérer de la dépendance économique russe. Une analyse d’Oliver Noyan, pour EURACTIV Allemagne.

En étroite collaboration avec l’UE, l’Allemagne veut se défaire de sa dépendance unilatérale à la Chine, a déclaré le gouvernement allemand.

Le ministère de l’Économie du pays est déjà à pied d’œuvre puisqu’il travaille actuellement sur une nouvelle stratégie concernant les matières premières et vise à développer l’extraction nationale et à diversifier les chaînes d’approvisionnement.

Cette nouvelle poussée vers une plus grande autonomie stratégique « concerne la Russie d’une part, où nous devons nous détacher de la dépendance unilatérale à l’énergie bon marché, et la Chine d’autre part, dans l’optique d’une indépendance aux matières premières », a confié à EURACTIV Franziska Brantner, députée du Bundestag et membre du parti écologiste allemand.

Au cours des dernières décennies, l’UE est devenue de plus en plus dépendante de la Chine pour les matières premières critiques. Près de deux ressources dites « critiques » sur trois arrivent aujourd’hui de Chine.

« Pendant trop longtemps, nous avons simplement fonctionné selon le principe d’acheter là où c’est le moins cher, et ce sont souvent des matières premières qui viennent de Chine », a déclaré Mme Brantner.

Au lieu de maintenir une dépendance unilatérale à l’égard de pays comme la Chine et la Russie, le gouvernement allemand prévoit donc d’étendre la coopération avec d’autres États non occidentaux et d’encourager les entreprises allemandes à investir dans ces pays tiers.

Des besoins croissants

La demande de matières premières essentielles devrait augmenter rapidement dans un avenir proche, et croître d’environ 500 % d’ici à 2050, selon les estimations de la Banque mondiale.

« En raison de la croissance exponentielle de la demande, il existe un risque que ces dépendances existantes se creusent encore plus », a déclaré Bernd Schäfer, PDG de l’EIT Raw Materials, à EURACTIV.

Selon lui, l’UE doit désormais intensifier ses efforts pour diversifier les chaînes d’approvisionnement et cibler l’extraction de ces matières premières critiques à travers le bloc.

La Commission européenne a déjà pris certaines initiatives à cet égard. Elle a notamment augmenté les investissements dans l’économie circulaire, qui vise à réduire la demande de matières premières critiques, tout en recyclant les matières premières déjà transformées dans les produits.

Ce principe est déjà inscrit dans certains textes législatifs de l’UE. Par exemple, dans le règlement règlement relatif aux batteries, qui, dans sa forme actuelle, stipule qu’un certain pourcentage du poids des batteries doit être recyclé pour la récupération des matières premières.

Une approche similaire est également adoptée dans la directive sur l’écoconception, actuellement en cours de révision. Les terres rares en particulier ont un taux de recyclage actuel de moins de 4 %, c’est pourquoi la Commission européenne voit une grande marge d’amélioration dans la récupération des matières premières, notamment dans ce domaine.

Loi sur les matières premières contre la dépendance

Cependant, le véritable tournant sur la question de l’indépendance des matières premières est encore à venir, puisque l’exécutif européen travaille actuellement sur sa propre proposition d’indépendance stratégique pour les matières premières critiques — la loi sur les matières premières.

Bien que l’on ne sache pas encore quelle forme prendra cette nouvelle proposition législative, on s’attend à ce qu’un grand nombre de ses dispositions s’inspirent de la législation européenne sur les semi-conducteurs. Cette dernière s’attaque à des problèmes similaires liés aux goulets d’étranglement dans l’approvisionnement en semi-conducteurs.

Elle prévoit, entre autres, de plus que doubler les capacités de production de semi-conducteurs en Europe d’ici à 2030.

« Nous avons besoin de conditions de concurrence équitables, donc si nous appliquons des normes de durabilité élevées à l’extraction des matières premières chez nous, cela doit également s’appliquer aux matières premières importées. En outre, nous avons besoin de davantage d’outils de contrôle. »

(Édité par Théo Bourgery)

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