Conférence sur l’avenir de l’Europe Assemblée plénière à Strasbourg

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Réunis à Strasbourg le 19 juin pour une session inaugurale, les membres de l’assemblée plénière de la Conférence sur l’avenir de l’Europe ont évoqué leur attentes et ambitions pour cet exercice inédit. Avec, pour mot d’ordre, l’inclusion des citoyens.

Dubravka Šuica et Guy Verhofstadt, accompagnés de la secrétaire d'Etat portugaise aux Affaires européennes Ana Paula Zacarias, présidaient la session inaugurale de l'Assemblée de la Conférence sur l'Avenir de l'Europe - Crédits : Parlement européen
Dubravka Šuica et Guy Verhofstadt, accompagnés de la secrétaire d’Etat portugaise aux Affaires européennes Ana Paula Zacarias, présidaient la session inaugurale de l’Assemblée de la Conférence sur l’Avenir de l’Europe – Crédits : Parlement européen

Expérience unique” pour l’eurodéputé belge Guy Verhofstadt, “moment historique” pour le député allemand Axel Schäfer, “grande respiration démocratique” pour le député français Pieyre-Alexandre Anglade ; les superlatifs ne manquaient pas pour qualifier la Conférence sur l’avenir de l’Europe, samedi 19 juin à Strasbourg. Ministres des 27 Etats membres, représentants des institutions européennes et de la société civile, députés européens et nationaux étaient réunis – en présentiel pour certains, en ligne pour d’autres – dans l’hémicycle strasbourgeois pour la session inaugurale de l’assemblée plénière de la Conférence. Ses trois coprésidents, M. Verhofstadt, la commissaire en charge de la Démocratie Dubravka Šuica et la secrétaire d’Etat portugaise aux Affaires européennes Ana Paula Zacarias, qui occupe actuellement la présidence tournante du Conseil de l’UE, se sont succédé à la tribune. 

L’assemblée plénière de la Conférence sur l’Avenir de l’Europe, paritaire en termes de genre, est composée de 433 membres :

  • 108 eurodéputés
  • 54 représentants du Conseil (deux ministres par État membre)
  • 3 membres de la Commission européenne
  • 108 parlementaires nationaux (quatre par Etat membre)
  • 108 citoyens (80 représentants des panels de citoyens européens, 27 représentants des panels nationaux de citoyens ou des événements de la Conférence, et le Président du Forum européen de la jeunesse)
  • 18 représentants du Comité des régions
  • 18 représentants du Comité économique et social européen
  • 8 représentants des partenaires sociaux
  • 8 représentants de la société civile

Cette assemblée devra agir comme un “relais” entre les citoyens et les institutions, a expliqué Guy Verhofstadt dans son discours d’ouverture. Le libéral flamand a détaillé la mission de ses membres : débattre des idées soumises par la population européenne sur la plateforme multilingue et au sein de quatre panels de citoyens, afin de formuler des propositions concrètes de réformes, qui seront enfin transmises au Conseil exécutif de la Conférence pour le rapport final. “L’énergie vibrante et l’agenda de la démocratie participative sera combiné à la légitimité, à la force et au poids de la démocratie représentative”, s’est-il réjoui.

Exercice démocratique

“Participation” et “inclusion” semblaient être les mots d’ordre de la séance. “Il est crucial d’attirer autant de citoyens que possible”, a déclaré Dubravka Šuica : “cette Conférence est votre Conférence”. Les citoyens manquaient pourtant à l’appel, les quatre panels thématiques de 200 citoyens chacun étant encore en cours de constitution.

Ces appels à inclure le plus grand nombre dans cette grande consultation démocratique sont nombreux. Ils visent en particulier les jeunes : parmi les 800 citoyens tirés au sort, un tiers sera âgé de moins de 25 ans. “Cette Conférence doit être avant tout celle d’une jeunesse qui se réapproprie son destin européen”, souligne ainsi Pieyre-Alexandre Anglade. “Il ne suffit pas de faire venir les jeunes, il faut les écouter”, a averti, plus sceptique, la présidente du Forum européen de la jeunesse Silja Markkula. La présidente du groupe socialiste et démocrate au Parlement européen, Iratxe García Pérez, a quant à elle appelé à “entendre la voix des femmes”.

A travers la plateforme en ligne, mais aussi grâce aux événements dans toute l’Europe et aux déclinaisons nationales de la Conférence, l’exercice veut mobiliser les citoyens peu engagés sur les questions européennes, “pas seulement ceux qui connaissent déjà l’UE”, a indiqué Ana Paula Zacarias. Un objectif ambitieux, mais justifié : “nous naviguons dans des temps de crise démocratique”, a rappelé Věra Jourová, commissaire européenne en charge des Valeurs et de la Transparence.

Résultats politiques attendus

Au-delà des considérations démocratiques, plusieurs des membres de l’Assemblée ont également rappelé la nécessité pour cette Conférence de renforcer les politiques de l’Union, après plus d’une décennie de grandes difficultés. “Nous ne souhaitons pas attendre la prochaine crise”, a déclaré le président du groupe PPE au Parlement européen Manfred Weber. Le secrétaire général de la Confédération européenne des syndicats, Luca Visentini, a ainsi demandé des “changements fondamentaux” en matière de protection sociale et de santé, tandis que le commissaire européen à l’Agriculture Janusz Wojciechowski a appelé a plus de “sécurité”, dans le domaine géopolitique mais aussi de la santé et de l’approvisionnement énergétique et alimentaire. Le secrétaire d’Etat français aux Affaires européennes Clément Beaune, qui recevra les conclusions de la Conférence lors de la présidence française du Conseil de l’UE, a enfin émis plusieurs propositions : “Avons-nous besoin de listes transnationales ? D’une agence européenne de la cybersécurité ? D’une politique commerciale réformée ?”.

L’agenda est donc chargé pour l’assemblée, qui se réunira pour quatre séances de deux jours au moins à compter d’octobre prochain. Les panels de citoyens devraient quant à eux se réunir dès septembre pour débattre des propositions formulées sur la plateforme multilingue. Ils disposeront donc de moins d’un an pour formuler des propositions ambitieuses avant de “passer le bâton de relais” aux institutions pour leur mise en œuvre dès le printemps 2022. Une mise en œuvre qui fait d’ailleurs débat : si le commissaire européen à la Prospective Maroš Šefčovič a promis de “concrétiser [les] contributions” en les intégrant au programme de travail de la Commission, la présidente du groupe de gauche radicale du Parlement européen Manon Aubry a redouté une “opération de com’ [qui] n’accouche[rait] que d’une souris”, appelant pour sa part à changer les traités européens “de la cave au grenier”. Mais ce vaste chantier pourrait se heurter à la frilosité de certains, notamment parmi les Etats membres. La portugaise Ana Paula Zacarias a ainsi rappelé qu’elle souhaitait des résultats concrets mais “dans les limites de notre cadre juridique actuel”.

La concrétisation des réformes sera scrutée de près par les membres exigeants de l’assemblée : “Nous devons déboucher sur des propositions concrètes” afin que “l’Europe puisse répondre efficacement à toutes les crises et les défis qui se posent aujourd’hui devant nous”, a insisté le député européen Pascal Durand. Ce dernier appelle à un vote final sur des “axes clairs”, lors de l’événement final de la Conférence en avril 2022, qui devrait réunir membres de l’assemblée plénière et participants aux panels de citoyens.

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