À la COP24, le retour du charbon roi

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La Pologne accueille un lobbying rarement constaté lors d’une COP pour le charbon et les énergies fossiles à Katowice. L’UE ferme les yeux face cette nouvelle facétie de l’enfant terrible.

Il suffit de respirer une bouffée d’air pour comprendre : à Katowice, le charbon est omniprésent. Le fumet acide de sa combustion dans une centrale thermique voisine est perceptible jusque dans les bâtiments provisoires de la COP24 que la Pologne a entassé en enfilade, autour du centre des congrès. Placardé sur les bus, le slogan-même de la COP24, « Katowice is changing the climate ! » est un concentré d’humour noir. Les émissions de la ville, décuplées par la venue de 20.000 personnes deux semaines durant, contribuent de fait à accélérer le réchauffement climatique.

L’accueil de la conférence dans cette région qui exploitait une quinzaine de mines de charbon il y a 20 ans, et en garde encore deux en activité, n’est pas du au hasard. Pour sa troisième COP, la Pologne met l’accent sur les émissions de CO2 plutôt que sur le climat. Le stand du pays est tapissé de charbon, et expose des produits dérivés du charbon, savons ou bijoux. Lors de la conférence de presse d’ouverture de la conférence, le 4 décembre, le président polonais, Andrei Duda, a insisté sur les 200 ans de réserves de charbon dont le pays disposait sur son propre sol.

Les énergies fossiles en général ont tribune libre un peu partout dans la conférence, qu’il s’agisse du gaz ou pétrole, comme dans n’importe quelle foire de l’énergie. Le stand de la Pologne y contribue activement en accueillant des événements sur le gaz, l’acier ou le charbon dit « propre », adossé a stockage et captage de carbone.

« Le principal sujet de la COP24 est le charbon et les énergies fossiles dans le futur », n’a pas hésité à déclaré le député européen Jerzy Buzek lors d’un événement consacré au charbon, sur le stand de l’Union européenne. Le président de la commission ITRE du Parlement européen appuyait son propos sur le fait que le Parlement européen ait récemment soutenu une initiative destinée à accorder un budget de 5 milliards d’euros dans le futur budget européen (2021-2027) pour financer la « transition juste » des régions charbonnières.

Cette proposition s’inscrit dans l’initiative de fléchage de 30 % du budget européen sur le changement climatique. Mais pour les régions concernées par le charbon, la façon dont ces fonds seront utilisés n’est pas claire, certains avançant de réels souhaits d’accélérer la transition énergétique, d’autre de financer le statu quo.

«Nous avons besoin d’aide notamment pour créer de nouvelles sources de production d’énergie qui ne pèsent pas sur la santé » a souligné l’eurodéputée grecque Maria Spiraky, qui insiste sur les 1200 morts prématurément, en Grèce chaque année, à cause du charbon, selon Greenpeace.

« La décision sur ce fonds n’est pas encore prise, mais nous ne sommes pas tellement favorables, nous sommes pour une transition juste, mais pas en transférant des fonds » assure Wendel Trio, du réseau Climate Action NetworK

Pour les Verts, cette hypothèse n’est pas non plus des plus pertinente.

« L’UE a déjà abandonné des milliards à la Pologne dans le cadre du marché du carbone, ca suffit » proteste Yannick Jadot, député européen, venu à la COP dans le cadre de la délégation du Parlement européen.

« Nous sommes très déçus de la position du gouvernement polonais, qui constitue un obstacle à l’accord de Paris. Depuis le début de la COP, le gouvernement parle d’adaptation et de captage et de stockage de CO2, mais pas de décarbonisation. Alors que c’est tout le sujet ! » s’agace le Professeur Zbigniew Karaczun, à la tête de la Coalition pour le climat du pays.

L’UE supporte sans ciller cette attitude peu compatible avec l’accord de Paris, que les 28 sont censés soutenir dans les négociations. Interrogé sur le manque de leadership de l’UE à la COP24, le commissaire à l’énergie Canete temporise.« Nous ne voulons pas une médaille, nous voulons des résultats » se défend-il.

Malgré un lobbying forcené en faveur de l’énergie fossile la plus polluante, la Pologne ne manque pas de contradictions. La présidence de la COP a ainsi tenté de faire bouger les lignes, en proposant de nouveaux textes mercredi 12 décembre, afin d’aboutir à un résultat en fin de semaine : le pays n’est pas prêt à assumer le fardeau politique d’un échec.

Et le ministère de l’énergie a conscience de la nécessité de tourner la page, ne serait-ce que pour un motif économique : avec la montée du prix de la tonne de CO2, autour de 20 euros par tonne, brûler du charbon même domestique est coûteux, ce qui pèse sur la compétitivité des entreprises. Le pays s’est donc engagé à l’automne à réduire sa dépendance énergétique au charbon, qui est de 78 % actuellement, à 50 % en 2040. Mais aussi à supprimer toute énergie éolienne terrestre d’ici là…

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