Plan de relance européen : quelles sont les prochaines étapes ?

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Le Premier ministre portugais António Costa (à gauche) en compagnie des présidents de la Commission européenne Ursula von der Leyen (au centre) et du Parlement européen David Sassoli (à droite) lors de la cérémonie de signature de la facilité pour la reprise et la résilience
Le Premier ministre portugais António Costa (à gauche) en compagnie des présidents de la Commission européenne Ursula von der Leyen (au centre) et du Parlement européen David Sassoli (à droite) lors de la cérémonie de signature de la facilité pour la reprise et la résilience – Crédits : Jennifer Jacquemart / Commission européenne

Pour financer ce nouvel instrument d’un montant de 750 milliards d’euros (exprimés en euros constants de 2018) intitulé “Next Generation EU” , les 27 États membres ont décidé de s’endetter en commun. Avant de lever un tel emprunt, la Commission européenne doit y être autorisée par l’ensemble des parlements nationaux.

Le plan européen va ainsi financer des programmes nationaux dans l’ensemble des États membres, sous forme de subventions (390 milliards d’euros) et de prêts (360 milliards d’euros). Chaque pays peut ainsi compter sur une enveloppe partiellement prédéfinie : celle-ci dépend notamment de sa population, de son PIB par habitant et de son taux de chômage avant le début de la pandémie, de 2015 à 2019. Les 30 % restants versés en 2023 dépendront quant à eux des baisses du PIB et de l’emploi observées sur 2020, pour tenir compte de l’impact économique de l’épidémie de coronavirus.

Ainsi, la France devrait recevoir environ 40 milliards euros pour alimenter son plan de relance. Baptisé “France Relance” et présenté le 3 septembre par le Premier ministre Jean Castex, celui-ci est doté de 100 milliards d’euros. Il doit financer 70 mesures réparties en 3 piliers : transition écologique, compétitivité et innovation, cohésion sociale et territoriale.

Le plan français, comme celui des 26 autres États membres, doit respecter un certain nombre de critères, esquissés par le Conseil européen de juillet 2020 puis précisés par la Commission européenne. 37 % des dépenses doivent être alloués aux objectifs environnementaux européens, dont la neutralité carbone à horizon 2050. 20 % doivent quant à eux être destinés à la digitalisation de l’économie.

Enfin, la Commission rappelle que les plans nationaux “doivent fournir une explication détaillée de la manière dont les recommandations par pays sont prises en compte”. Dans le cadre du Semestre européen, celles-ci fournissent des orientations sur les réformes structurelles, les politiques budgétaires et la prévention des déséquilibres macroéconomiques.

Depuis le 15 octobre 2020, les plans des États membres, une fois adoptés au niveau national, sont discutés avec la Commission, avant leur dépôt formel. Durant cette période, ces projets peuvent être ajustés afin de répondre aux critères établis par les institutions européennes.

Les discussions ont lieu au niveau politique, entre la présidente de la Commission et les chefs d’État et de gouvernement, mais également sur le plan technique, grâce à une task force dédiée coordonnant les services de la Commission sur ce sujet.

Le programme de relance allemand

L’Allemagne a présenté le 3 juin 2020 un programme national à hauteur de 130 milliards d’euros. Deux objectifs transparaissent : “stimuler l’offre et la demande” et “moderniser l’économie allemande, en particulier son industrie automobile”.

Voici une chronologie des prochaines étapes du plan européen.

Du 1er janvier au 30 avril 2021 : les États transmettent leurs plans définitifs à la Commission

Chaque État membre transmet son programme de relance définitif à la Commission européenne. Au bout des deux mois dont elle dispose pour une première évaluation, celle-ci est soumise au Conseil de l’UE qui les valide tour à tour à la majorité qualifiée.

Si un État membre considère qu’un plan national ne respecte pas les critères définis, il peut demander la saisie du Conseil européen. Un dispositif mis en place pour satisfaire certains États “frugaux”, qui demandaient initialement un droit de veto.

Mi-avril, si une grande majorité des États membres se trouvaient à un stade avancé du processus, certains pourraient présenter leurs plans définitifs pour évaluation de la Commission après la date butoir. Le 16 avril dernier, le vice-président de la Commission européenne Valdis Dombrovskis reconnaissait que pour certains pays, “la finalisation [nécessiterait] un peu plus de travail pendant encore quelques semaines”. C’est notamment le cas de l’Italie, qui selon les informations de l’agence Reuters, pourrait ne pas finaliser l’envoi avant la mi-mai.

Les versements devraient également être suspendus en cas de non-respect de l’état de droit par un État membre, un mécanisme sur lequel la Cour de Justice de l’UE devra se pencher, après avoir été saisie par la Pologne et la Hongrie le 11 mars 2021. Le sujet avait déjà fait l’objet d’intenses débats avec les deux États membres, avant un accord trouvé au Conseil européen le 10 décembre 2020. Cette saisine, qui est loin d’être une surprise, a pour effet immédiat de retarder d’éventuelles sanctions. Celles-ci ne seraient effectives qu’après la décision de la Cour, peut-être à l’automne 2022.

Été 2021 : versement des premières subventions ?

La Commission européenne ne pourra lever d’emprunt et verser les premières subventions aux États membres qu’une fois que les parlements nationaux l’auront autorisée à le faire, et que les plans nationaux seront validés par le Conseil. Ce qui pourrait être achevé à l’été 2021 au plus tôt.

Le refus de certains plans par le Conseil – ceux-ci devront alors être révisés – voire le risque que certains parlements ne donnent pas leur aval d’ici là, ne sont pas exclus. Cette situation n’a pas empêche le secrétaire d’État français aux Affaires européennes Clément Beaune de se montrer optimiste. Sur RTL le 11 avril dernier, il a affirmé que le processus de ratification pourrait être “fini d’ici la fin du mois de mai” et que les subventions seraient versées “à partir de cet été

Les 27 parlements nationaux doivent effectivement autoriser l’Union européenne à relever son plafond de ressources, afin qu’elle puisse emprunter en ayant une garantie suffisante.

Or la Hongrie pourrait là aussi menacer de faire trainer le processus jusqu’au mois de juin, tandis que les parlementaires polonais ont reporté le vote initialement prévu le 14 avril, “faute d’accord au sein de la coalition gouvernementale”.

Cette ratification permettra la mise en place d’une nouvelle contribution sur le plastique, qui s’appliquera de façon rétroactive au 1er janvier 2021. Celle-ci fait partie des nouvelles ressources propres instaurées pour financer le plan de relance. Elle sera calculée sur le poids des déchets d’emballages plastiques non recyclés et financée par les États membres.

En France, l’Assemblée nationale a adopté, le 26 janvier à 188 voix pour et 16 contre, le projet de loi autorisant l’Union à relever son plafond de ressources. Quelques jours plus tard, le 4 février, c’est cette fois le Sénat qui s’est prononcé en faveur du projet. La France est devenu ainsi le cinquième pays de l’UE à ratifier le texte.

2021-2022 : versement de 70% du montant de “Next Generation EU”

Les premiers paiements européens destinés à financer les programmes nationaux sont attendus au printemps – été 2021.

Pour en bénéficier, les États membres devront pour cela en faire la requête auprès de la Commission européenne, qui vérifiera que les objectifs intermédiaires du plan national ont été atteints.

2023 : versement des 30% restants du plan

A partir de cette date, l’UE commence également à rembourser les intérêts de l’emprunt.

D’ici 2023 : instauration de deux nouvelles ressources propres

Le Conseil européen du 21 juillet 2020 a demandé à la Commission de présenter d’autres propositions au cours du 1er semestre 2021, pour instaurer d’ici 2023 une taxe carbone aux frontières et une taxe sur le numérique.

Autres pistes évoquées : l’utilisation du marché carbone (système d’échange de quotas d’émission) éventuellement étendu à l’aviation et au transport maritime, ainsi qu’une taxe sur les transactions financières et une autre issue de l’impôt sur les sociétés.

2028 : l’emprunt européen commence à être remboursé

Le remboursement du capital de l’emprunt doit s’étaler sur 30 ans, jusqu’en 2058.

Les précédentes échéances

Le Conseil de l’UE et le Parlement européen devaient voter le cadre financier pluriannuel pour la période 2021-2027, auquel était adossé le plan de relance, avant la fin de l’année. Mardi 10 novembre 2020, les équipes de négociations sont parvenues à un accord, après dix semaines de pourparlers. Un accord que la Hongrie et la Pologne ont dans la foulée décidé de bloquer. En cause, leur refus de lier le versement des fonds européens au respect de l’état de droit.

Le 10 décembre, lors d’un nouveau Conseil européen, les deux dirigeants ont accepté une proposition de compromis de la présidence allemande. Les autres chefs d’Etat et de gouvernement avaient pendant un temps évoqué la possibilité de recourir à divers dispositifs pour poursuivre la mise en place du plan de relance à 25. Le Parlement européen a officiellement adopté le cadre financier pluriannuel en session plénière le 16 décembre.

Le 12 février 2021, le Premier ministre portugais António Costa, dont le pays assure la présidence du Conseil de l’UE, ainsi que le président du Parlement européen David Sassoli ont formellement signé la facilité pour la reprise et la résilience, après son adoption par les deux institutions plus tôt dans la semaine. Celle-ci est entrée en vigueur le 19 février.

Le 14 avril 2021, la Commission européenne a présenté sa stratégie de financement des 750 milliards d’euros du plan de relance, sur le principe d’un endettement commun. 

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