Barthélémy Gaillard
Alors que de nombreuses autres grandes puissances mondiales ont débuté leurs campagnes de vaccination contre le Covid-19, la France et plusieurs de ses voisins européens ont annoncé vouloir leur emboiter le pas avant la fin de l’année 2020. Pour ce faire, l’Union européenne en général et l’Agence européenne des médicaments en particulier accélèrent leurs procédures d’encadrement scientifique et juridique.
La campagne de vaccination commencera « dans les tout prochains jours« , plus précisément lors de « la dernière semaine de décembre« , a affirmé le Premier ministre français Jean Castex mercredi 16 décembre. Avec cette annonce, la France, et avec elle plusieurs autres pays européens dont l’Allemagne, ont fait part de leur volonté de suivre le mouvement initié par les autres grandes puissances mondiales, qui ont récemment lancé leurs campagnes de vaccination. Qu’il s’agisse de la Chine (en novembre), de la Russie (le 5 décembre), du Royaume-Uni (le 7 décembre) ou encore des Etats-Unis et du Canada (le 14 décembre), tous ont déjà autorisé la mise sur le marché de l’un ou l’autre des vaccins conçus ces derniers mois.
Vaccin contre le Covid-19 : quel rôle joue l’Union européenne ?
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Stratégie vaccinale unie au niveau européen
Néanmoins, Paris ou de Berlin ont fait le choix politique d’attendre la validation de l’Agence européenne des médicaments (EMA), l’autorité régulatrice compétente au niveau de l’Union, de la demande d’autorisation de mise sur le marché, déposée par les deux premiers fabricants de candidats vaccins, BioNTech/Pfizer d’un côté et Moderna de l’autre. Un choix politique, car dans les faits, les textes européens autorisent les Etats membres à procéder à des autorisations temporaires d’urgence nationales sans passer par l’EMA s’ils le désirent. C’est ainsi que le Royaume-Uni, toujours en période de transition et donc sous le coup des règles européennes, a pu lancer sa campagne de vaccination plus tôt, rapporte France Info. Et c’est aussi grâce à cette clause d’exception que la Hongrie peut par exemple recourir au vaccin russe Spoutnik V plutôt que de s’appuyer sur les pré-achats groupés réalisés par la Commission européenne.
Ce choix d’attendre le verdict de l’EMA garantit donc une certaine unité au sein de l’Union, ainsi qu’une forme de prudence scientifique. En effet, à l’inverse de l’agence américaine du médicament par exemple, l’EMA n’a pas délivré une autorisation de mise sur le marché d’urgence, la procédure la plus rapide, mais une autorisation conditionnelle (qui permet aux laboratoires de ne pas délivrer immédiatement l’ensemble des connaissances scientifiques habituellement requises pour une commercialisation).
Pression politique allemande
Suivant donc une procédure plus longue, l’EMA était censée rendre son verdict sur la candidature de BioNTech/Pfizer « d’ici le 29 décembre« . Elle a finalement affirmé qu’elle pourrait le donner le 21 décembre suite à l’envoi de nouvelles données cliniques de la part du conglomérat pharmaceutique. D’autres sources affirment néanmoins qu’au-delà des nouvelles informations scientifiques portées à la connaissance de l’EMA, cette dernière aurait réagi à la pression politique mise par l’Allemagne, qui a affirmé qu’elle lancerait sa campagne de vaccination dès le 27 décembre. Le nouveau délai avancé par l’EMA permet en effet de préserver l’unité de la stratégie vaccinale européenne.
Si l’EMA se tient bien à cette échéance et rend un avis favorable, la Commission européenne pourra délivrer l’autorisation de mise sur le marché. Et dans cette phase aussi, l’exécutif européen a affirmé qu’il irait plus vite que d’ordinaire. Les actes juridiques nécessaires sont généralement signés sous deux mois. Urgence sanitaire oblige, ils seront traités en trois jours. Avec en tête l’objectif martelé par la Commission européenne de permettre aux 27 Etats membres de « commencer le même jour » leurs campagnes de vaccination.