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Défendre la souveraineté industrielle de l’Europe et construire une industrie de la défense et de l’espace : la Commission européenne innove en reprenant les demandes d’Emmanuel Macron à son compte.
La France aurait préféré la concurrence, mais a finalement remporté un « poste compte double » au scrabble de la Commission européenne. Sylvie Goulard a en effet hérité de la gestion du marché intérieur ainsi que d’une nouvelle direction générale, celle de l’industrie, de la défense et de l’espace.
Un double poste cousu main pour l’Hexagone, qui souhaite d’une part favoriser les entreprises européennes. Mais aussi éviter que les règles de la concurrence contribuent à détricoter le tissu industriel européen. Aute chantier, prioritaire pour Paris: construire une Europe de la défense qui s’appuie sur l’industrie locale.
« En tant que commissaire pour le marché intérieur, elle conduira notre action dans le domaine de la politique industrielle et fera progresser le marché unique numérique » assure la nouvelle présidente de la Commission européenne, qui a salué en Sylvie Goulard une « européenne passionnée ».
C’est la seconde fois que la France hérite de ce poste : en 2009, Michel Barnier avait obtenu le portefeuille du marché intérieur et des services financiers, au grand dam des Britanniques qui auraient souhaité un profil moins regardant que celui du Français pour préserver la liberté de circulation des biens et des services et la réglementation financière. Il avait notamment lutté d’arrache-pied contre les lobbys américains et britanniques en matière de services de paiement.
Les rôles semblent cette fois bien répartis entre d’une part la commissaire danoise Margrethe Vestager qui conserve la concurrence, tout en étant en charge du numérique, et Sylvie Goulard, qui devra tenter de préserver l’industrie européenne. Les deux commissaires devront coopérer coûte que coûte ; leur appartenance à la même famille politique devrait toutefois faciliter les choses.
Souveraineté technologique et cybersécurité
La lettre de mission de la nouvelle commissaire innove dans la mesure où elle pose clairement le besoin d’une politique industrielle européenne : elle propose en effet de renforcer la souveraineté technologique de l’Europe, mais aussi de définir une approche européenne de l’intelligence artificielle et de se concentrer sur la cybersécurité européenen.
En matière de défense, Sylvie Goulard sera aussi en charge du nouveau Fonds européen de défense. Mais la création d’une nouvelle direction générale spéciale défense, espérée par les spécialistes de l’armement, n’a pas eu lieu, les sujet défense et espace rejoignant celle de l’industrie, ce qui était de facto le cas auparavant.
La candidate française a sur le papier un excellent pedigree, mais risque d’être attaquée par le Parlement européen en raison d’une affaire présumée d’emploi fictif de son ex-assistant parlementaire. Alors qu’Ursula von der Leyen annonçait la répartition des postes mardi matin, Sylvie Goulard était justement entendue par les services de police sur cette affaire selon Le Point. L’ex eurodéputée a remboursé les salaires supposés fictifs au Parlement européen cet été, ce qui n’empêche pas l’affaire pénale de se poursuivre.