Un conflit économique et non pas commercial

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La guerre commerciale en cours est un instrument de guerre froide économique lancé par les États-Unis. Il pourrait mener à la fragmentation des systèmes économiques et financiers mondiaux, prévient Alicia García-Herrero, du think tank Bruegel.

« La différence entre les anciennes guerres commerciales et les nouvelles, c’est l’objectif », a déclaré Alicia García-Herrero lors d’une interview.

En ciblant le Japon dans les années 1980, les États-Unis voulaient réduire leur déficit commercial. L’explosion de la bulle japonaise qui a provoqué une décennie de déflation était une « conséquence fortuite », explique-t-elle.

Cette fois-ci, Alicia García-Herrero affirme que les États-Unis utilisent les droits de douane comme « un instrument rapide et peu couteux pour réprimer la Chine, voire plus ».

« À ce stade, tout le monde le sait », a-t-elle ajouté, tout en rappelant que la première liste de biens chinois d’une valeur de 50 milliards de dollars frappés par les droits de douane américains incluait des produits non exportés vers les États-Unis.

Et ces barrières commerciales ne sont qu’une partie d’une guerre économique plus large. Elle comprend également des restrictions sur les investissements chinois aux États-Unis et une « guerre fiscale », la réforme fiscale adoptée par le président américain Donald Trump ayant été suivie par des réductions de l’impôt des sociétés par Pékin.

« Plus dangereux encore », les deux parties entrent dans une nouvelle phase avec la mise en place de sanctions économiques, comme l’a montré le cas du ZTE.

Washington était prêt à imposer des sanctions à ZTE, un géant chinois des télécommunications, mais Donald Trump a finalement décidé de retenir ses armes, le gouvernement chinois ayant joué un rôle clé dans les négociations avec la Corée du Nord.

Fragmentation

Alicia García-Herrero pense que ni la Chine ni les États-Unis ne vont sourciller.

Mais ce qui pourrait arriver de pire serait la fragmentation du système économique et financier mondial, comme cela s’est produit pendant la guerre froide avec le Comecon, l’organisation de la coopération économique établie par l’ex-URSS.

« Cela pourrait créer deux univers parallèles… c’est très dangereux », estime-t-elle.

La question est de savoir où les États-Unis lâcheront leur « bombe » de sanctions.

Selon elle, Washington ciblera Hong Kong, étant donné la transparence et le système basé sur le dollar du territoire chinois. Ces mesures seraient toutefois inutiles pour contenir la Chine.

Selon elle, la plus grande économie du monde (à bien des égards) a des attentes « fondées » de devenir un « hégémon que l’on ne peut arrêter que par la force ».

Multilatéralisme européen

Le multilatéralisme serait la première victime de cette guerre économique. Pourtant, malgré la volonté de l’UE de devenir la gardienne du système multilatéral, elle ne pourra pas faire cavalier seul.

L’administration Trump s’attaque ouvertement au statu quo, et les visions chinoise et européenne du multilatéralisme « ont peu de choses en commun », surtout en ce qui concerne le concept d’économie de marché ou la question des subventions.

« Il est impossible que l’UE et la Chine trouvent un accord sur ce nouveau monde multilatéral en panne sans Washington, étant donné que c’est justement Washington qui l’a créé », ajoute Alicia García-Herrero.

Et de toute façon, il ne s’agit pas pour elle d’un jeu à trois joueurs. « Cela se joue entre les États-Unis et la Chine, l’UE est le joker pour lequel ils luttent », fait-elle remarquer.

« Si l’UE se rapproche de la Chine en avançant sur l’accord sur l’investissement, Donald Trump imposera des droits de douane sur les voitures européennes », estime la spécialiste.

Selon elle, la Chine pourrait cependant renforcer ses liens avec l’Europe sans envoyer de signaux dangereux à Washington en ouvrant son marché aux entreprises européennes, comme elle l’a récemment fait avec Mercedes.

Effort d’importation

Pékin fait également preuve d’ouverture de différentes manières. Si les investissements étrangers restent soumis à un contrôle rigoureux, la Chine s’est décidée à importer de grandes quantités de produits dans les années à venir. « Pékin pourrait même se retrouver avec une balance commerciale déficitaire, pour envoyer un signal aux États-Unis isolationnistes », prédit Alicia García-Herrero.

Le 5 novembre, le président chinois, Xi Jinping, devrait prendre la parole lors de l’inauguration du premier salon chinois de l’importation. Plus de 130 pays et 2 800 entreprises, dont 180 sociétés américaines, participent à l’événement.

Washington n’enverra cependant pas de représentants gouvernementaux de haut niveau, contrairement à certains pays européens.

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