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La moitié des 324 centrales à charbon de l’Europe ont soit mis la clé sous la porte, soit annoncé leur fermeture d’ici à 2030. Clap de fin pour la 162e centrale à charbon prévue en 2022, comme l’a annoncé EDF lundi (22 mars).
En fermant la centrale à charbon de West Burton, dans le nord de l’Angleterre, d’ici à 2022, l’entreprise française de production et de fourniture d’électricité EDF met en exergue que la moitié des 324 centrales à charbon de l’Europe aura fermé d’ici à 2030.
« En Europe, force est de constater que l’industrie du charbon tire sa révérence », a déclaré Kathrin Gutmann, directrice de campagne de Europe Beyond Coal, une alliance de groupes de la société civile œuvrant pour la sortie du charbon.
« Après des années de déclin manifeste, la moitié de la flotte charbonnière de l’Europe appartient désormais à l’histoire. Les gouvernements, les sociétés énergétiques, les institutions financières doivent maintenant organiser une sortie [totale] du charbon pour 2030 ou plus tôt ; mettre fin à tous les financements dans le secteur du charbon et du gaz naturel ; et tourner leur soutien vers les énergies renouvelables, la transition juste et les groupes de populations touchés par cette transition », a-t-elle renchéri.
Parmi les combustibles fossiles, le charbon produit le plus de CO2 par kilogramme, soit presque le double du gaz naturel. De ce fait, le lignite utilisé pour le chauffage et l’électricité pollue également l’atmosphère en raison des particules qu’il rejette lors de sa combustion.
La sortie totale du charbon est une étape clé dans la lutte contre le changement climatique. La semaine dernière, l’envoyé spécial pour l’ambition et les solutions en faveur du climat Mike Bloomberg a écrit une Tribune pour CNN en collaboration avec le vice-président de la Commission européenne chargé du Pacte vert pour l’Europe dans laquelle il appelle la communauté internationale à mettre un terme aux subventions pour le charbon.
« Si nous souhaitons lutter contre le changement climatique et garantir la bonne santé et le bien être de la population, nous devons accélérer nos efforts. La fin de la dépendance au charbon sauvera des vies », ont-ils écrit.
La filière du charbon enregistre une chute vertigineuse à travers l’orbite européenne, notamment en Royaume-Uni, dans les Balkans occidentaux et en Turquie. Ces cinq dernières années, 50 % des centrales à charbon européennes ont mis la clé sous la porte ou ont annoncé leur fermeture. Depuis 2016, la production d’électricité par le charbon a baissé de moitié.
La combustion du charbon est devenue de plus en plus onéreuse, notamment en raison de l’introduction des systèmes d’échange de quotas d’émission (SEQE-UE) : le prix des émissions de CO2 des centrales électriques de l’UE est passé de 5 € par tonne de CO2 à près de 40 €/t depuis 2016.
Du côté des institutions financières de l’UE, les stratégies de restrictions appliquées aux opérateurs de centrales électriques à charbon se multiplient (une quarantaine en 2020 seulement). En outre, de nombreuses banques commerciales ont annoncé leurs plans visant à mettre un terme aux financements dirigés vers de nouveaux projets charbonniers à travers le monde.
En 2015, le Royaume-Uni était l’un des premiers pays à annoncer sa volonté de sortir du charbon, souhaitant y parvenir d’ici à 2025. La France lui a emboîté le pas, avec 2023 comme date butoir. Mais c’est la Belgique qui est devenue le premier État membre à supprimer totalement le charbon en 2016.
La part des énergies renouvelables a également augmenté ces dernières années, si bien que le renouvelable a généré 38 % de l’électricité européenne en 2020, contre 37 % pour le charbon et le gaz, devenant pour la première fois la source principale d’électricité en Europe.
Toutefois, d’après Europe Beyond Coal, la part du renouvelable doit être revue considérablement à la hausse si l’UE souhaite réduire ses émissions de gaz à effet de serre d’au moins 55 % d’ici à 2030.
Au sein du bloc, certains pays ne parviendront pas à respecter le délai de sortie du charbon prévu par l’Accord de Paris pour 2030. Si l’Allemagne prévoit de supprimer le charbon de son bouquet énergétique d’ici à 2038, la Pologne, la Roumanie et la Bulgarie n’ont encore rien planifié. En République tchèque et en Slovénie, la date de sortie demeure imprécise.
« Quatorze États membres comprennent les réalités économiques et politiques liées au charbon, et s’en sont débarrassés », a fait remarquer Mme Gutmann.
« Pour le reste, le choix reste clair : planifier une sortie pour 2030 dès à présent et bénéficier de tous les avantages des énergies renouvelables et des fonds alloués par l’UE ; ou être forcé à la transition plus tard et en subir les conséquences sur le plan social, sanitaire, financier », a-t-elle conclu.