Sommet européen de Versailles : un ordre du jour bousculé par la guerre en Ukraine

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Le sommet européen de Versailles des 10 et 11 mars était prévu de longue date dans le cadre de la présidence française du Conseil de l’UE. Initialement consacrée à un “nouveau modèle de croissance” pour l’Europe, cette réunion informelle des chefs d’État et de gouvernement devrait finalement être tourné vers deux sujets principaux : l’énergie et la défense. Avec en ligne de mire, une plus grande autonomie vis-à-vis de la Russie.

Le sommet européen informel se tient au château de Versailles
Le sommet européen informel se tient au château de Versailles les 10 et 11 mars 2022 – Crédits : Pidjoe / iStock

C’est peu dire que la présidence française du Conseil de l’UE est chamboulée par la guerre menée par la Russie en Ukraine. Dans les dorures du Château de Versailles, la France accueille les chefs d’Etat et de gouvernement, les 10 et 11 mars, réunis autour du président du Conseil européen Charles Michel. Mais ce sommet informel ne suivra pas le programme initial.

L’essentiel des discussions devrait tourner autour de la définition d’un nouveau plan commun pour répondre aux conséquences de l’invasion russe, à l’image du plan de relance européen décidé en juillet 2020. Pour faire face aux conséquences de la pandémie de Covid-19, l’UE avait en effet lancé un plan de relance de 750 milliards d’euros, reposant sur un endettement mutualisé. Baptisé “NextGeneration EU”, il soutient aujourd’hui les investissements des Etats membres.

Comme le rapporte le journal Le Monde, l’idée de cette nouvelle initiative serait d’assumer collectivement les coûts liés aux sanctions infligées à la Russie depuis le début du conflit, mais aussi d’abonder des investissements dans la défense et l’énergie.

L’enjeu de l’énergie

Déjà sur une trajectoire haute, les prix des carburants, du gaz et de l’électricité ont en effet bondi depuis l’offensive militaire de Moscou. Entre le 26 février et le 4 mars, le diesel a pris 14 centimes d’euros par litre en moyenne. Et sur les marchés à court terme de l’électricité, le prix du mégawattheure dépassait les 500 euros dans certains pays comme l’Italie, l’Allemagne et l’Autriche le 7 mars, contre 100 euros maximum le même jour en 2021.

Notre croissance, aujourd’hui au plus haut, sera immanquablement affectée” par les conséquences de la guerre sur les tarifs de l’énergie, avait prévenu Emmanuel Macron lors de son allocution télévisuelle du 2 mars. “Le prix du plein d’essence, le montant de la facture de chauffage, le coût de certains produits, risquent de s’alourdir encore”, avait-il ajouté.

En amont du sommet des 10 et 11 mars, la Commission européenne a publié une communication présentant les grandes lignes d’un nouveau modèle économique pour l’UE. Dans ce document, elle assure que l’accélération de la transition écologique doit permettre d’assurer “la sécurité de l’Union” en réduisant “la dépendance à l’égard des importations de combustibles fossiles”. Aujourd’hui, environ 60 % de l’énergie utilisée dans l’UE provient de l’extérieur. Rien que pour le gaz, la Russie représente plus de 40 % des importations énergétiques européennes. Fort de son immense territoire riche en matières premières, le grand voisin oriental de l’UE fournit aussi de grandes quantités de pétrole et de charbon aux Vingt-Sept.

Ce mercredi 8 mars, la Commission a présenté “REPowerEU”, une initiative afin de réduire la demande de l’UE en gaz russe de deux tiers avant la fin de l’année. Elle propose par exemple d’accroître les volumes de production et d’importations de biométhane et d’hydrogène. D’ici avril, l’exécutif entend aussi présenter une proposition législative rendant obligatoire le remplissage des réservoirs de gaz à au moins 90 % de leur capacité avant l’hiver chaque année. L’Agence internationale de l’énergie avait dévoilé un plan en 10 points afin de réduire la dépendance européenne au gaz russe. Ayant inspiré les travaux de la Commission sur cette question, le document conseillait par exemple de maximiser les approvisionnements provenant d’autres pays, d’accélérer le déploiement de l’énergie solaire et éolienne ou encore de renforcer les mesures d’efficacité énergétique dans les foyers et les entreprises.

Au sein de l’Union européenne, l’enjeu est de ne pas fissurer l’unité qu’ont affichée tous les États membres depuis le début de l’invasion russe. Même si des pays comme l’Allemagne, l’Italie ou la République tchèque dépendent particulièrement du gaz provenant de l’est du continent. Le 6 mars, Berlin s’est ainsi opposé à une interdiction des importations de gaz, de pétrole et de charbon depuis la Russie dans le cadre de nouvelles sanctions contre le Kremlin. Face à l’envolée des prix de l’énergie et des matières premières, tout l’enjeu des chefs d’État et de gouvernement sera donc de déterminer les réponses communes à apporter à la nouvelle donne énergétique issue du conflit.

Vers une Europe de la défense ?

Autre sujet stratégique pour les Vingt-Sept : l’autonomie en matière de défense. “Pour la toute première fois, notre Union utilise le budget européen pour acheter et livrer des équipements militaires à un pays attaqué : 500 millions d’euros provenant de la facilité européenne pour la paix, destinés à soutenir la défense de l’Ukraine”, avait déclaré la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen devant les eurodéputés le 1er mars. Une décision inédite pour l’Union, qui auparavant n’avait jamais livré d’armes létales à un Etat tiers.

Ce renversement des habitudes de l’UE a été accompagné de profonds changements en matière de défense dans plusieurs Etats membres. En Allemagne d’abord, où le chancelier Olaf Scholz a lancé un investissement exceptionnel de 100 milliards d’euros dans le domaine militaire. Dans la foulée, le Danemark annonçait un référendum pour rejoindre la politique de sécurité et de défense commune (PSDC) de l’UE. Bien que membre de l’Union, le pays avait décidé de ne pas participer pas à ce volet de la coopération européenne lors du sommet d’Edimbourg en 1992.

Ces événements interviennent alors que le Conseil européen des 24 et 25 mars à Bruxelles devait entériner la nouvelle feuille de route européenne en termes de sécurité et de défense. Cette “boussole stratégique” est destinée à renforcer l’autonomie stratégique de l’UE en la matière. Les Etats membres peuvent encore y apporter des modifications.

Certains pays poussent également pour que les dépenses militaires ne soient pas prises en compte dans les règles budgétaires européennes – qui sont par ailleurs suspendues provisoirement depuis la pandémie et ce jusqu’en 2023. Avec la guerre en Ukraine, il est probable que les institutions européennes repoussent le retour de la discipline budgétaire au sein des Etats membres, leur permettant de poursuivre leurs investissements dans les secteurs touchés à la fois par les crises liées au Covid-19 et au conflit provoqué par la Russie.

Soutenir l’Ukraine… et la faire entrer dans l’UE ?

Les manières d’appuyer l’Ukraine, sans pour autant entrer en guerre avec la Russie, devraient également être abordées. L’accueil des réfugiés fuyant le conflit ainsi que le soutien humanitaire et militaire sont autant de sujets qui se sont invités dans les discussions des Vingt-Sept. Actuellement, les pays frontaliers de la zone de guerre sont en première ligne sur ces questions. La Pologne, la Roumanie ou encore la Hongrie s’organisent et reçoivent les vagues de réfugiés.

L’UE a aussi entamé le processus d’évaluation des demandes de l’Ukraine, de la Géorgie et de la Moldavie d’intégrer l’Union européenne. Une démarche symbolique face à l’agression russe, le processus d’adhésion à l’UE durant généralement plusieurs années. S’il est bien trop tôt pour que les chefs d’Etat et gouvernement fassent part d’une réponse définitive au sujet des candidatures ukrainienne, géorgienne et moldave, nul doute qu’ils aborderont la question à Versailles.

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