Quelle influence pour les populistes au Parlement européen ? – EURACTIV.fr

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Une nouvelle alliance d’extrême droite se profile au Parlement européen. Reste à savoir quelle sera l’influence de ces partis au sein du nouvel hémicycle. Un article d’Euractiv Allemagne.

La peur de voir le curseur partir de plus en plus vers la droite a poussé de nombreux électeurs à se rendre aux urnes lors d’élections européennes au taux de participation sans précédent depuis 20 ans.

Pourtant, les partis de droite dure et nationalistes ont obtenu un nombre considérable de sièges au Parlement européen. En Italie, en France, en Pologne et en Hongrie, ils représentaient même la majorité. La question est donc maintenant de savoir quelle influence auront ces partis à Bruxelles.

Le Parlement européen accueillera l’Alliance européenne des peuples et des nations (AEPN), lancée par le ministre italien de l’Intérieur, Matteo Salvini, pour réunir un front nationaliste le plus large possible à Bruxelles.

Leur but ? Créer une Europe des patries. Le week-end avant les élections européennes, les représentants de ce projet d’alliance se sont réunis à Milan et ont exprimé leur volonté de se lancer dans l’arène. Evènement qui avait alors réuni des dizaines de milliers de personnes.

Quid d’Orbán ?

Actuellement, les partis populistes de droite au Parlement européen sont dispersés en trois groupes parlementaires différents. L’un d’eux est le groupe Europe de la liberté et de la démocratie directe (EFDD). Dominé par le parti britannique UKIP, il risque de se dissoudre avec la sortie du Royaume-Uni.

Dans le cadre du projet de Matteo Salvini, le nouveau groupe AEPN se formera à partir du groupe Europe des nations et des libertés (ENL). Il englobera neuf partis, dont l’AfD allemande, le Rassemblement national français, le Vlaams Belang flamand ainsi que le Parti de la liberté d’Autriche FPÖ, et réunira au total 73 parlementaires.

N’en feront pas partie le parti polonais au pouvoir PiS, que l’alliance a déjà refusé, et le Fidesz hongrois, qui se trouve actuellement au sein du Parti populaire européen (PPE).

Viktor Orbán a tout de même un rôle à jouer : il fait encore partie du groupe politique de Manfred Weber, le PPE, mais le groupe a temporairement suspendu son parti en mars.

Il est de notoriété publique que Matteo Salvini et Viktor Orbán s’entendent bien. En mai, le Premier ministre hongrois a reçu son collègue italien à Budapest et l’a qualifié de « mon héros et compagnon de destin ».

Officiellement, Viktor Orbán ne s’est toutefois pas engagé auprès de l’AEPN, surement à cause des divergences avec Marine Le Pen, estime Julian Rappold, chercheur à l’Institut allemand de politiques étrangère. Autre option pour Orbán : rejoindre son homologue polonais dans le groupe des Conservateurs et réformistes européens (CRE).

Divisés sur des sujets

Pour la minorité nationaliste, former un groupe comme AEPN a du sens, explique Julian Rappold. Quiconque siège dans un groupe parlementaire reçoit un soutien financier supplémentaire et à le droit à des postes parlementaires clés et est par conséquent plus visible au sein de l’hémicycle.

« Mais je crois que lors des cinq prochaines années, nous verrons des fractures se créer sur certains sujets, ce qui pourrait mener à des tensions. Et leur pouvoir de vote général devrait donc être assez faible. »

Selon le chercheur, des conflits pourraient également surgir sur les rôles de dirigeants au sein du groupe. Le consensus existe sur la nécessité de renforcer les États-nations, de réformer l’UE et de limiter au plus ses compétences. Mais les points de vue sur la question de la dette publique, de la protection de l’environnement et des politiques sociale et économique ne sont pas alignés.

L’Italie est aussi favorable à la répartition des demandeurs d’asile entre tous les États membres, alors que les gouvernements polonais, hongrois et tchèque s’y opposent fermement.

L’AfD a récemment critiqué la politique budgétaire de l’Italie et poursuit des politiques libérales, ce à quoi s’oppose par exemple le Rassemblement national de Marine Le Pen.

Veulent-ils vraiment quitter l’UE ?

Reste aussi à savoir jusqu’où ces partis sont prêts à aller pour sortir de l’UE. Sur ce point, il n’y a même pas de consensus au sein des partis politiques au niveau national. Quand les membres de l’AfD ont appelé à un « Dexit » dans leur programme électoral, les deux chefs de file du parti se sont désolidarisés de cette demande.

Par ailleurs, les désaccords entre les nationalistes se reflètent clairement dans leur comportement au moment de voter. Ces cinq dernières années, les eurodéputés du groupe ENL votaient de manière unanimes dans seulement 69 % des cas, selon VoteWatch. Ceux de l’EFDD ont voté la même chose dans moins de la moitié des cas.

À titre de comparaison, le groupe des Verts/ALE au Parlement européen a voté de manière unanime dans 95 % des cas.

Bataille pour une majorité

Même si l’AEPN et le CRE réglaient leurs divergences sur certains sujets, ils feraient quand même face à une majorité centriste pro-européenne. Et ce, malgré la perte de voix des deux plus grands partis du Parlement, le PPE et les Socialistes et démocrates (S&D).

Les partis au Parlement européen n’ont pas à former des coalitions nettes et peuvent former des majorités changeantes en fonction du thème. Un exploit qui caractérise l’institution.

« Bien sûr, ça continuera comme ça, mais la formation de coalition va certainement devenir de plus en plus complexe si une majorité avec différents groupes doit être formée chaque fois. Il faudra créer des ponts entre les groupes et ça retardera tout le processus. Cela risque aussi d’éliminer les sujets les plus controversés de l’ordre du jour », explique Julian Rappold

Nominations à plusieurs postes clés de la Commission

Toute l’attention est tournée vers les chefs d’État et de gouvernement, qui doivent choisir notamment le nouveau président de la Commission. Loin des projecteurs, des postes moins connus, mais pas moins importants sont en train d’être distribués.

Vétos au Conseil

D’une part, le Parlement européen est encore contrôlé par une majorité claire de pro-européens, mais d’autre part, il sera probablement plus difficile de prendre des décisions et d’atteindre l’unanimité.

Surtout sur des sujets comme la protection du climat, la politique commerciale, la politique de sécurité, pour lesquels l’AEPN et le CRE pourraient bloquer un vote à la majorité.

Quoi qu’il en soit, le chercheur allemand perçoit un plus grand potentiel de conflit au Conseil, où les États membres peuvent bloquer des décisions, par exemple sur la politique d’asile, avec un simple véto. Cela rend la victoire électorale des partis populistes et nationalistes dans les pays européens plus dangereuse pour l’UE que les alliances d’extrême droite au Parlement européen.

Video : les grandes manœuvres démarrent pour diriger l’UE

La vague verte et la montée des libéraux ont transformé le visage du Parlement européen, qui pour la première fois, ne sera plus gouverné par les deux principaux partis. Les forces politiques doivent désormais s’asseoir à la table des négociations et trouver un compromis sur le prochain président de la Commission européenne.

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https://www.euractiv.fr/section/avenir-de-l-ue/news/how-strong-is-right-wing-populism-after-the-european-elections/