La Norvège illustre l’échec de la préparation de l’UE à la crise énergétique – EURACTIV.fr

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Alors que les pays de l’UE doivent produire de plans de préparation aux risques, les pays nordiques ont tous omis de planifier une baisse des importations en provenance de Norvège, pourtant annoncée récemment, mettant en exergue le manque d’anticipation de l’UE face à la crise énergétique.

Les plans récents du gouvernement norvégien visant à protéger les consommateurs du pays en limitant les exportations d’électricité ont été critiqués par les gouvernements nordiques et les gestionnaires de réseau.

La Norvège, partenaire énergétique clé de l’UE

L’hydroélectricité norvégienne est essentielle au marché de l’électricité de la région. Or, malgré la législation existante visant à préparer les pays de l’UE aux crises énergétiques, la Norvège ne figure nulle part dans les documents des pays concernés ni dans les remarques de l’exécutif européen.

La Norvège, qui est un exportateur clé d’électricité vers l’UE, envisage de réduire la capacité des interconnecteurs électriques après un été sec qui a frappé sa production d’électricité basée sur l’hydroélectricité.

L’annonce d’Oslo a suscité l’inquiétude des gestionnaires de réseaux de transport (GRT), chargés du transport de l’énergie en Suède, au Danemark et en Finlande.

« Bien que nous [comprenions] la nécessité d’assurer la sécurité de l’approvisionnement, nous sommes en même temps profondément préoccupés par le fait que la réduction de capacité proposée semble ne pas tenir compte des avantages du maintien des frontières ouvertes et ne semble pas reconnaître que c’est grâce à un marché qui fonctionne bien que la sécurité de l’approvisionnement en électricité est assurée de la manière la plus efficace », ont écrit les GRT dans une récente déclaration commune.

Si la Norvège venait à restreindre l’exportation d’électricité, cela nuirait à la sécurité énergétique des pays nordiques et détériorerait la confiance dans le marché, a déclaré à EURACTIV Teppo Säkkinen, conseiller en politique industrielle et climatique à la Chambre de commerce finlandaise.

« L’Europe fait face à un hiver difficile, et les pays devraient travailler ensemble pour le surmonter, et non pas instaurer des interventions protectionnistes sur le marché », a-t-il ajouté. Le GRT finlandais a également alerté que les consommateurs du pays devaient se préparer à des coupures d’électricité causées par des pénuries.

La production nationale d’électricité de la Finlande est de 12 300 mégawatts (MW) dans le meilleur des cas, avec une réserve d’énergie supplémentaire estimée à 600 MW. Il reste toutefois au moins 2 100 MW de demande non satisfaite, la consommation pouvant atteindre environ 15 100 MW à son point culminant.

Parallèlement, le GRT suédois a déclaré à EURACTIV que, bien que le risque de coupure d’électricité « soit très faible », il « sera potentiellement plus élevé l’hiver prochain en raison de la situation actuelle sur les marchés de l’énergie ».

Manque d’anticipation

Conformément à une loi de 2019, les pays de l’UE devraient anticiper de telles perturbations dans le cadre de plans de préparation aux risques. Ceux-ci devraient notamment décrire les vulnérabilités et les mesures à prendre en cas de problème.

Même si les vulnérabilités mentionnées incluent l’impact des tempêtes et du froid et les risques politiques liés à la Russie, le Danemark, la Finlande et la Suède omettent tous de planifier une baisse des importations en provenance de Norvège.

En effet, le Danemark souligne dans son plan l’alliance entre les pays nordiques. Il cite un forum établi par les GRT du Danemark, de la Finlande, de l’Islande, de la Norvège et de la Suède en 2004, qui vise à « établir des priorités et à garantir une coopération nordique axée sur les objectifs en matière de préparation aux situations d’urgence dans le secteur de l’électricité ».

Les retours de la Commission européenne sur les plans de la Finlande et de la Suède ne font pas non plus mention de la Norvège, bien que l’exécutif européen ait exhorté la Finlande et la Suède à réviser leurs plans en raison de la guerre en Ukraine.

Les retours de la Commission sont toujours en cours de préparation pour le Danemark.

La Commission n’a pas répondu aux questions d’EURACTIV à ce sujet.

Même si la Norvège n’est pas membre de l’Union européenne, elle participe et met en œuvre les règles du marché unique de l’UE par le biais de l’accord sur l’Espace économique européen (EEE).

Il reste donc à savoir si la Norvège pourrait légalement faire cette démarche dans le cadre de l’accord sur l’Espace économique européen.

« La Norvège est membre de l’Espace économique européen et applique la législation européenne en matière d’énergie. Bien que la législation de l’UE permette de trouver des moyens de protéger la capacité pluriannuelle des réservoirs, par exemple en imposant un certain niveau de remplissage minimum, une telle décision ne peut impliquer la fermeture des frontières pour restreindre les échanges d’électricité sur le marché intérieur de l’électricité », a déclaré un porte-parole de la Commission européenne à EURACTIV.

Parallèlement, la direction des ressources en eau et de l’énergie de Norvège aurait conclu lundi qu’une limitation des exportations d’électricité pourrait avoir lieu afin de protéger la sécurité énergétique du pays, mais pas pour réduire les prix élevés de l’énergie.

Les GRT finlandais, suédois et danois avertissent toutefois qu’une telle mesure créerait un dangereux précédent.

« Si les restrictions à l’exportation devaient être autorisées dans le cadre de la réglementation européenne actuelle sur l’électricité, nous craignons qu’une telle mesure n’incite d’autres pays à envisager des restrictions similaires, ce qui aurait un effet néfaste beaucoup plus important sur les marchés nordiques et européens de l’électricité », soulignent les GRT du Danemark, de la Suède et de la Finlande.

Si la Norvège allait de l’avant, l’autorité chargée de l’application de l’accord EEE (ESA) pourrait ouvrir une enquête sur une éventuelle infraction et porter l’affaire devant un tribunal établi pour les pays de l’Association européenne de libre-échange (AELE) — l’Islande, le Liechtenstein, la Norvège et la Suisse.

L’organisme dit qu’il ne peut pas prendre position pour l’instant car Oslo doit encore détailler ses plans. Il a tout de même indiqué à EURACTIV dans des déclarations adressées par courriel qu’il « suit de près les développements en Norvège pour s’assurer de la compatibilité des éventuelles mesures prises avec l’accord EEE ».

Le gouvernement norvégien n’a pas répondu à la demande de commentaire d’EURACTIV.

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