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Selon le président de l’Ademe, Arnaud Leroy, l’impact de la transition écologique est positif sur l’emploi, avec l’espoir de 900 000 emplois verts supplémentaires en 2050. Un article de notre partenaire, La Tribune.
L’argument de l’emploi est agité aussi bien par les promoteurs de la transition écologique, dès lors baptisée « croissance verte », que par les tenants de l’immobilisme, au nom des destructions d’emplois qu’elle entraînerait inéluctablement. Il est vrai que le sujet est particulièrement sensible dans un contexte où le chômage touche près de 10 % de la population active. L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), bras armé de l’État pour la mise en œuvre des politiques publiques en la matière, produit régulièrement des études prospectives s’efforçant d’évaluer le résultat de la transition écologique sur le marché de l’emploi, tant sur le plan qualitatif que quantitatif.
Elle a publié, en septembre 2018, deux focus, sur les Hauts-de-France et l’Occitanie. Ces études montrent que le gros des créations d’emplois se situe dans les énergies renouvelables (notamment bois-énergie et méthanisation), la rénovation thermique des bâtiments et la mobilité, à la fois dans les transports collectifs et dans l’installation de bornes de recharges électriques. Dans le même temps, l’Ademe anticipe des pertes d’emplois dans l’entretien et la réparation des automobiles ainsi que dans le transport routier de marchandises.
Mais une transition énergétique volontariste telle que celle voulue par la Région Occitanie, qui ambitionne de devenir d’ici à 2050 une RéPOS (région à énergie positive), produisant plus d’énergie qu’elle n’en consommera, aura un impact plus transversal. En effet, elle générera selon l’Ademe une hausse de 2 % du PIB régional d’ici à 2030 et de 3,9 % d’ici à 2050, une baisse de la facture énergétique des ménages de 56 % d’ici à 2050 et donc une augmentation de leur pouvoir d’achat. Et cela profitera à l’ensemble des secteurs économiques, en particulier la construction, les transports de passagers et les services marchands.
À partir de ces deux études de cas, l’Agence déduit que la transition énergétique pourrait créer « jusqu’à 900 000 emplois en France d’ici à 2050 ».
« On observe un certain conservatisme sur ce sujet », regrette Arnaud Leroy, président de l’Ademe depuis mars 2018. Mais il reconnaît aussi des erreurs de communication par le passé, et une attitude spéculative sur la création d’emplois, notamment dans l’éolien et le solaire, « qui n’ont pas répondu aux attentes, en tout cas pas celles des élus ». Il n’en reste pas moins que dans certains secteurs, par exemple l’agriculture bio, le potentiel de création d’emplois est impressionnant. La conversion des exploitations françaises a généré une hausse de près de 12 % des effectifs entre 2015 et 2016. Au-delà des chiffres, la transition écologique, ce sont aussi de nombreux emplois qui n’existaient pas hier, comme, à titre d’exemple, les maîtres composteurs, qui travaillent sur la composition des intrants dans les méthaniseurs.
Mais les métiers nouveaux ne sont pas les seuls à ne pas être répertoriés parmi les emplois verts. « L’appareil statistique aussi doit transitionner », insiste Arnaud Leroy, regrettant une nomenclature datant des années 1950. C’est d’ailleurs l’objet des travaux menés par l’Ademe Île-de-France avec le Partenariat pour l’excellence des écoentreprises (Pexe) pour élaborer un référentiel des éco-entreprises. Le déficit actuel de nomenclature rend difficile, pour ne pas dire impossible, l’obtention de statistiques fiables portant sur les emplois verts.
Pourtant, sur le terrain, « on voit vraiment les choses bouger », affirme le président de l’Ademe. De nouveaux marchés se développent, sur lesquels la demande est réelle. Ce sont parfois de petits marchés, mais qui connaissent une croissance forte. Une hausse de 9 à 20 % pour l’agriculture bio, par exemple, nettement plus en forme que le secteur des céréales, exposé à tous les vents de la mondialisation, celui du lait ou celui de l’élevage.
Et de nombreuses filières « vertes » ont du mal à recruter. Dans l’éolien par exemple, le métier de soudeur est en tension. Or on en emploie également dans la chaudronnerie ou la construction navale.
« Dans la biomasse forestière, il y a un vrai problème de main-d’œuvre, insiste Arnaud Leroy. Et dans la chimie verte, certaines entreprises financent elles-mêmes les formations, car c’est pour elles un enjeu de survie. »
Sensibiliser les artisans
En mai dernier, la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, et la haut-commissaire à la transformation des compétences, lançaient un programme baptisé 10Kvert, destiné à « favoriser l’accès des jeunes et des demandeurs d’emploi aux emplois verts et verdissants » et visant la formation de 10 000 personnes à ces métiers. En parallèle, la ministre et Nicolas Hulot, alors ministre de la Transition écologique, confiaient une mission à Laurence Parisot, ancienne présidente du Medef, afin de bâtir le plan de programmation de l’emploi et des compétences prévu par la loi de transition énergétique. Dans le même temps, insiste Arnaud Leroy, « sur le glissement vers des emplois plus verts, il faut entendre les syndicats ».
Les labels Qualibat ou RGE (« reconnu garant de l’environnement ») ont précisément été créés pour favoriser la formation de main-d’œuvre qualifiée, mais encore faut-il que les choses suivent. Ainsi, dans les régions littorales ou plus largement touristiques, la rénovation thermique de l’habitat se trouve en concurrence avec le business beaucoup plus lucratif de la rénovation des maisons secondaires. Peut-être faudrait-il envisager, dans ces régions, de revaloriser ces opérations ?
Pour Arnaud Leroy, « il faut surtout former des générations d’artisans qui soient sensibles à ces sujets ». L’Ademe y travaille avec les lycées professionnels, les chambres des métiers, les CCI… Son président se réjouit de la pétition « Manifeste pour un réveil écologique » lancée dans la foulée du dernier rapport du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), signée par quelque 13 000 étudiants des grandes écoles françaises, qui par ce geste s’engagent à ne jamais travailler pour une entreprise polluante. « C’est bien la preuve que les emplois de la transition sont les emplois du futur. »
Contexte
Déjà 4 millions d’emplois dans les métiers de l’environnement
En 2016, les éco-activités et le secteur environnemental représentaient 456 000 emplois, soit 1,8 % de la population active. Entre 2015 et 2016, ses effectifs ont enregistré une augmentation de 0,5 %, principalement grâce aux conversions des exploitations françaises à l’agriculture biologique, qui emploie 32 264 travailleurs, en hausse de 11,7 % sur un an. La gestion des déchets (84 550 emplois) et la gestion de l’eau (66 800 emplois) sont les deux autres secteurs gros pourvoyeurs d’emplois. Globalement, l’ensemble des professions à finalité environnementale (les emplois verts) ou dont l’exercice évolue avec les préoccupations environnementales (les emplois verdissants), représentent 4 millions d’emplois en France.
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