Marche arrière en France sur l’exportation des pesticides interdits – EURACTIV.fr


L’Assemblée nationale a reporté de trois ans l’interdiction de produire, stocker et faire circuler en France des pesticides prohibés par l’UE dans le cadre de l’examen du projet de loi Pacte. Un article de notre partenaire, le Journal de l’environnement.

Pourtant consacrée par la loi Alimentation (article 83), l’interdiction de faire des affaires avec des pesticides toxiques, interdits dans l’Union européenne, vient d’être battue en brèche par un amendement au projet de loi Pacte.

Déposée par le président de la commission de affaires économiques Roland Lescure (LREM), la mesure a obtenu un avis favorable du gouvernement. Résultat: alors que les sénateurs voulaient carrément supprimer cette interdiction, les députés l’ont reportée de 2022 à 2025 par 27 voix contre trois, et sept abstentions.

Exportation prolongée de néonicotinoïdes

Contactée par le JDLE, l’Union des industries de la protection des plantes (UIPP) ne veut pas communiquer de chiffres sur la production et l’exportation de ces produits « au nom du secret commercial ». Aucun stockage ne serait par ailleurs effectué sur le sol français. Sa directrice Eugénia Pommaret ajoute que sont notamment concernées par la mesure « toutes les substances de la famille des néonicotinoïdes qui sont interdites dans l’Union européenne mais qui intéressent des pays comme les États-Unis, le Canada et l’Australie ». Il s’agit de l’imidaclopride, de la dothianidine et du thiaméthoxame, dont l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) avait confirmé la toxicité pour les pollinisateurs dans un avis publié dès 2013.

Lobbies industriels

Cette marche arrière ne fait pas l’unanimité au sein de la majorité gouvernementale, réveillant le traditionnel conflit entre Bercy et l’Hôtel de Roquelaure. La secrétaire d’État Brune Poirson a en effet déclaré: « C’est une décision qui s’explique mais que je regrette ». Selon elle, les députés ne sont toutefois « pas du tout aux mains des lobbies » mais surtout préoccupés par l’emploi.

« La France pourra continuer à produire et à vendre des pesticides que l’on juge dangereux à d’autres pays et notamment aux pays en développement », déplore la Fondation Nicolas Hulot dans un communiqué. Pour l’ONG, « cette décision marque une fois de plus une victoire du lobby des producteurs de pesticides sur la défense de l’environnement et de la santé humaine et animale ».



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