[ad_1]
Les négociateurs font du sur-place, alors que l’accord actuel entre l’UE et les 79 pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) expire en mai 2020.
Les gouvernements africains prennent de plus en plus d’assurance dans leurs relations avec Bruxelles, comme le montre le dernier processus de négociation qui a eu lieu à Bruxelles les 22 et 23 janvier. Le ministre rwandais des Affaires étrangères, Richard Sezibera, y a déclaré que l’Union africaine arrivait « à maturité, avec la détermination de parler d’une seule et même voix sur la scène internationale. »
Le partenariat du continent avec l’UE doit aussi atteindre son stade de maturité, a-il insisté. Mais le processus est encore lent.
Commerce intra-africain
L’Union africaine (UA), basée dans la capitale éthiopienne d’Addis Abeba, prend exemple sur l’UE mais n’a pas l’expérience que la Commission européenne a acquise. Ce qui explique pourquoi les ministres africains des Affaires étrangères ont fait marche arrière à l’automne dernier, et décidé que le secrétariat de la communauté des pays ACP, financé par l’UE, dirigerait les négociations post-Cotonou avec Bruxelles.
Sous la direction du président rwandais, Paul Kagame, qui a présidé l’UA en 2018, cette dernière a avancé vers l’autofinancement – elle est actuellement largement dépendante des donateurs, dont l’UE – grâce à un impôt de 2 % sur les importations, afin d’accroître le commerce intra-africain par le biais d’un accord de libre-échange continental africain (ACFTA).
Ce dernier est en train d’être ratifié par les États membres, même si le Nigéria – la plus grande économie de l’Afrique – refuse encore d’y souscrire. Pendant ce temps, 24 membres de l’UA sont à des stades divers de mise en œuvre de l’impôt. 14 États le collectent déjà.
Choisir l’ACP était « un choix clair d’approche intergouvernementale », soutient le Centre européen pour le développement politique de Maastricht, qui ajoute que les dirigeants africains et européens « restent bloqués dans un état d’esprit conservateur. »
Chine et Russie
L’Europe n’est toutefois pas le seul interlocuteur possible pour les dirigeants africains. Le tout premier sommet Russie-Afrique aura lieu à Moscou cette année, et la Commission est perturbée par l’impression grandissante que la Chine devient le partenaire principal de l’Afrique en matière d’infrastructure et d’investissement. Le président chinois Jinping Xi s’est engagé à investir 60 milliards de dollars (51,6 millions d’euros) dans le financement au développement du continent africain lors du sommet Chine-Afrique du mois de septembre.
« Le partenariat Chine-Afrique n’est problématique que pour l’Europe », a déclaré Lidet Tadesse, coordinatrice de politiques au Centre européen de gestion des politiques de développement (ECDPM) et auteure du rapport « Challenges : dérives continentales dans un monde multipolaire ». « Je crains que l’Europe pense avoir une autorité morale sur la question », a-t-elle ajouté.
« Je pense que nous sommes encore bien loin d’un réel partenariat », a déclaré Tanya Cox, directrice du réseau d’ONG de développement CONCORD, au sujet de l’avenir des relations Europe-Afrique. « Nous devons faire preuve de plus de remise en question par rapport aux mouvements illicites de capitaux et à la justice fiscale. »
Intégration régionale
Responsable du programme African Futures & Innovation à l’Institut des études de sécurité, Jakkie Cilliers doute que l’Union africaine obtienne prochainement le soutien de suffisamment de dirigeants africains pour pouvoir véritablement s’exprimer au nom de tout le continent. « De nombreux pays (notamment de la Communauté de développement d’Afrique australe) considèrent l’Union africaine comme un simple secrétariat », a-t-il déclaré.
Il suspecte également que l’accord de libre-échange entre la Chine et l’ASEAN ne soit qu’une grande ambition centralisée qui n’augmentera pas le commerce intra-africain comme promis. « J’espère que l’accord de libre-échange sera un premier pas, mais nous en sommes encore très loin », a-t-il déclaré. « L’intégration régionale devait commencer à un niveau sous-régional. Ces arrangements politiques et l’approche verticale ne fonctionnent pas, et ce n’est pas vraiment étonnant. »
Jakkie Cilliers doute également que les pays africains puissent former un seul bloc pour négocier avec l’Europe. « L’Afrique est trop divisée », a-t-il ajouté. « Cela frustre les Européens quand les Africains n’agissent pas ensemble ». « La solidarité africaine est le fruit d’une certaine forme de réaction. Nos visions de la politique économique et sociale sont fondamentalement différentes d’un pays à l’autre. »
Lidet Tadesse a quant à elle qualifié l’unité de « fardeau ». « Il est très difficile de rassembler 55 pays et d’essayer de les mettre d’accord. L’Union africaine est encore une organisation très jeune. »
[ad_2]
https://www.euractiv.fr/section/commerce-industrie/news/eu-africa-relations-at-the-crossroads/