Les alliances entre les libéraux et l’extrême droite divisent en Europe – EURACTIV.fr

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À quatre mois des élections européennes, la question des alliances de circonstance avec l’extrême droite divise la famille des libéraux. Exemples comparés de la Suède et de l’Espagne.

Après onze mois d’impasse, les socialistes, centristes et libéraux suédois ont trouvé un accord le 11 janvier pour former un gouvernement en Suède, en s’assurant le soutien des Verts.

Les Démocrates de Suède, parti d’extrême droite arrivé troisième aux élections, sont exclus de la coalition.

« Cette fois-ci, et dans ces circonstances, c’est le meilleur chemin à prendre pour les partis libéraux suédois », a déclaré Birgitta Ohlsson, membre du parti libéral suédois, après l’annonce de l’accord.

Ce dernier, qui a mis fin à quatre mois d’impasse politique causée par la montée du parti anti-immigration, les Démocrates de Suède, doit encore être ratifié par les partis et soutenu par le parlement lors d’un vote le 16 janvier.

Il est toutefois fortement probable que Stefan Löfven, chef de file du Parti social-démocrate suédois des travailleurs, garde sa fonction de Premier ministre.

Mais de l’autre côté de l’Europe, le tableau est tout à fait différent.

En décembre de l’année dernière, les citoyens d’Andalousie, la région la plus peuplée d’Espagne, se sont rendus aux urnes. Ces élections ont mis fin à 36 ans de socialisme au gouvernement régional et ont ouvert la porte du parlement régional à l’extrême droite pour la première fois depuis 1978, année de la transition démocratique espagnole.

Loin d’exclure l’extrême droite des discussions, le Parti populaire (PP) a conclu deux accords en parallèle : l’un avec le parti libéral Ciudadanos (Citoyens) pour former un gouvernement régional, et l’autre avec le parti d’extrême droite Vox pour s’assurer le soutien de leurs 12 députés, dont le PP a besoin pour atteindre la majorité au parlement andalou.

Mais certains points des deux accords sont contradictoires. Bien que Ciudadanos a prévenu qu’il ne considérait pas Vox comme un partenaire de gouvernement et qu’il ne se plierait pas à ce que le leader du PP, Teodoro Gracia Egea, a négocié avec eux, le parti libéral n’a pas encore rompu son accord.

Malgré sa représentation limitée, Vox a façonné le programme des négociations, tout en diffusant des fausses informations tous azimuts pour soutenir leur discours.

Entre autres choses, Vox s’est ouvertement opposé à des mesures de lutte contre les violences faites aux femmes, de protection des minorités LGBT et à toute politique migratoire qui ne s’appuie pas sur le travail.

Réactions européennes

Lors de la sortie des résultats des élections en Andalousie, Guy Verhofstadt, chef de file du groupe des libéraux ALDE au Parlement européen, a félicité Ciudadanos. « Néanmoins, le succès de l’extrême droite devrait tous nous préoccuper », a-t-il prévenu.

Désormais, le Belge ne semble plus si inquiet, puisqu’il s’est empressé de saluer l’accord trouvé entre Ciudadanos et le PP pour former un gouvernement régional.

De la même manière que le parti espagnol, il a affirmé que Ciudadanos était arrivé au pouvoir en Andalousie sans « concessions ou accord » avec Vox, malgré la photo de famille partagée par les responsables des trois partis politiques.

« Un occasion historique s’offre pour le renouveau et la modernisation de cette région magnifique », a assuré Guy Verhofstadt.

À Bruxelles, des sources au sein de l’ALDE ont souligné qu’il s’agissait d’une question régionale. Elles estiment que l’alliance ne sera pas nécessairement répétée lors d’élections futures.

Les négociations de formation d’un gouvernement ont cependant été menées depuis Madrid, et un grand nombre des accords négociés concernent des politiques à l’échelle nationale.

Tous les libéraux d’Europe ne semblent d’ailleurs pas voir la coalition du même œil. En France, le gouvernement a mis en garde contre les alliances avec les extrêmes. « Étant ministre d’un gouvernement, et membre d’une formation, La République en Marche, qui s’est battue contre l’extrême droite, pour moi, il ne peut y avoir aucun compromis avec un parti qui porte des valeurs totalement contraires aux nôtres », a ainsi indiqué Nathalie Loiseau, la ministre des Affaires européennes.

«Vox veut revenir sur les droits des femmes, je trouve ça très préoccupant, tout doit être fait pour combattre ce type d’extrémisme », ajoute-t-elle.

Emmanuel Macron, qui a battu Marine Le Pen aux élections présidentielles de 2017, affiche en effet la lutte contre l’extrême droite comme l’une de ses marques de fabrique.

Si Ciudadanos est un allié politique de La République en Marche (LREM) en Europe ces derniers mois, il pourrait donc revenir sur cette alliance après les derniers événements andalous. La question des accords avec l’extrême droite pourrait aussi influencer la décision de son parti de rejoindre, ou non, le groupe de l’ALDE après les élections européennes de mai.

Les membres du groupe de centre droit, le Parti populaire européen (PPE, premier groupe au Parlement) ont quant à eux montré moins de scrupules à former des coalitions avec l’extrême droite. C’est par exemple le cas en Finlande ou en Autriche.

Le candidat de la droite européenne tend la main à Salvini

Les socialistes et libéraux sont des alliés naturels du Parti populaire européen, de centre droit, dans les prochaines élections européennes, assure Manfred Weber. Qui n’exclut pas des alliances sur sa droite en songeant à la Ligue de Salvini.

Les socio-démocrates se sont pour leur part empressés de dénoncer l’alliance du PP et de Ciudadanos avec Vox.

« Ce qui se passe en Andalousie est très inquiétant. Le PP et Ciudadanos semblent capables de tout pour arriver du pouvoir, alors qu’il devrait y avoir certaines limites morales », a estimé Udo Bullmann, président du S&D au Parlement européen, à Euractiv.

« Ils gouverneront grâce au soutien d’un parti d’extrême droite qui nie la violence contre les femmes, qui nie les droits de la communauté LGTB et qui criminalise les minorités », a-t-il dénoncé. « Cela montre que les grands partis de centre droit sont en déclin et qu’une nouvelle droite ultra-conservatrice et antilibérale a le vent en poupe. C’est certainement le cas du PP avec sa nouvelle direction. Et cette tendance est particulièrement dangereuse pour le projet européen. »

Le premier vice-président de la Commission européenne et Spitzenkandidat du S&D, Frans Timmermans, a également critiqué l’accord de coalition.

« Est-ce cela que le PPE réserve à l’Europe ? Une coalition avec l’extrême-droite ? », s’inquiète-t-il. « Soyons clairs : notre parti ne formera jamais une coalition avec l’extrême droite en Europe. Je vous le garantis. »

Tweet de Frans Timmermans : En Andalousie, PP et Ciudadanos gouverneront avec le soutien d’un parti d’extrême droite qui rejette les valeurs européennes fondamentales. Est-ce ce que le PPE a en réserve pour l’Europe ? Une coalition avec l’extrême droite.

Le dilemme de l’extrême droite

Au-delà des partis traditionnels qui décident s’ils doivent s’engager ou non avec des partis d’extrême droite, l’extrême droite est confrontée à son propre dilemme en vue des alliances post-électorales.

L’Italien Matteo Salvini, dont le parti d’extrême droite la Ligue fait partie d’une coalition gouvernementale avec le mouvement anti-establishment Mouvement 5 étoiles, explore des alliances en dehors du groupe politique d’extrême droite au Parlement européen, le groupe Europe des nations et des libertés (EFDD).

À Varsovie, le 9 janvier, Matteo Salvini a indiqué que l’Italie et la Pologne devraient déclencher un « printemps européen » pour remplacer l’influence du centre droit en Allemagne et en France, avant le scrutin.

En Pologne, le parti ultra-conservateur Droit et Justice (PiS) actuellement au pouvoir, fait partie du groupe des Conservateurs et réformistes européens (CRE), formé par les conservateurs britanniques pour contester la position traditionnellement pro-UE du PPE.

« Je considère cette réunion particulière à Varsovie comme un effort pour convaincre Matteo Salvini de ne pas jouer solo, mais plutôt de rejoindre un groupe bien établi, bien positionné et fort au Parlement européen », a déclaré à Euractiv Jan Zahradil, Spitzenkandidat du groupe.

Il est optimiste sur la question de voir le CRE devenir la troisième force principale de l’assemblée, « mais en termes d’organisation post-électorale, nous devons vraiment attendre mai 2019 et voir les résultats des élections ».



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