L’environnement et le climat dans l’Union européenne


Synthèse


04.10.2018

Jules Lastennet

Enjeux mondiaux, la protection de l’environnement et la lutte contre le changement climatique font l’objet d’une action commune des pays européens. Ces derniers ont délégué à l’Union de nombreuses compétences en la matière et s’emploient à parler d’une même voix lors des négociations internationales. Plutôt en pointe, les Européens ont largement contribué à la signature des accords de Paris sur le climat en 2015.

Environnement et climat

Définitions

L’environnement est « ce qui entoure de tous côtés« . Il s’agit d’un « ensemble d’éléments objectifs (qualité de l’air, bruit…) et subjectifs (beauté d’un paysage, qualité d’un site…) constituant le cadre de vie d’un individu« , indique le dictionnaire Larousse.

Concernant le changement climatique, selon le site dictionnaire-environnement.com le terme « désigne de lentes variations des caractéristiques climatiques en un endroit donné, au cours du temps : réchauffement ou refroidissement« . Le changement climatique « peut entraîner des dommages importants : élévation du niveau des mers, accentuation des événements climatiques extrêmes, déstabilisation des forêts, menaces sur les ressources d’eau douce, difficultés agricoles, désertification, réduction de la biodiversité, extension des maladies tropicales« .

La situation dans le monde

Les questions environnementales et climatiques, de par leur nature, sont à la fois locales, nationales et internationales. Devenus progressivement incontournables dans le débat politique et citoyen depuis le début des années 1990, ces enjeux sont aujourd’hui fréquemment discutés au niveau mondial, aux côtés des conflits armés, du terrorisme, ou encore de la pauvreté.

D’après le GIEC (Groupe intergouvernemental d’experts sur le climat), il est certain à plus de 95% que le réchauffement climatique est d’origine humaine. D’ici 2100, quelle que soit l’ampleur de l’action internationale pour le climat, il est assuré que nous allons connaître une accélération de la fonte des glaces et de la montée des eaux, ainsi qu’une augmentation globale des températures.

Pour contenir ce réchauffement global sous les 2°C – au-delà de ce seuil, « l’emballement » des conséquences, comme les événements climatiques extrêmes, a « de fortes chances de devenir irrésistible » – une réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre est nécessaire. D’environ 70% par rapport aux niveaux de 1990 d’ici 2050, avant une quasi-éradication à l’horizon 2100, plaident les experts. A l’inverse, si rien n’est fait, nous devrions assister à une augmentation des températures d’environ 4,8°C d’ici la fin du XXIe siècle.

Au niveau international, la « prise de conscience » du réchauffement climatique et de la nécessaire protection de l’environnement est assez récente. Cette dernière date de la fin des années 1980, avec le rapport Brundtland qui définit pour la première fois la notion de développement durable, et du début des années 1990, avec le sommet de la Terre de Rio. Historiquement plutôt en pointe sur ces questions, l’Europe fait partie des ensembles de pays les plus enclins à s’engager pour la défense de l’environnement et du climat, à la différence d’Etats traditionnellement réticents, comme les Etats-Unis.

En 2015, l’Union européenne et les Vingt-Huit Etats membres ont ainsi fait partie des forces motrices de la COP21 (conférence annuelle des Nations unies sur le climat) qui s’est tenue à Paris. L’engagement commun des Européens a en effet contribué à inciter les autres nations à signer les Accords de Paris sur le climat.

Depuis, les Etats-Unis de Donald Trump s’en sont désengagés unilatéralement, sans que cela n’entraîne d’autre défections majeures, en Europe ou ailleurs dans le monde. Les observateurs sont toutefois nombreux à dénoncer l’absence de nouvelles avancées depuis la COP21, même si, outre les éditions suivantes de la COP, un sommet mondial s’est à nouveau tenu à Paris en décembre 2017, puis à New York en septembre 2018 : le One Planet Summit.

 

La situation en Europe

En Europe, de manière relativement homogène, les Etats membres de l’UE font preuve de volontarisme en matière environnementale et climatique. Dans son ensemble, l’Union représente environ 13% des émissions de gaz à effet de serre mondiales. Une proportion inférieure à celles de la Chine et des Etats-Unis, toutes deux situées à environ 20%.

Plusieurs séries d’engagements chiffrés ont été adoptées par les Vingt-Huit. D’ici 2030, les Européens se sont ainsi engagés à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 40%, augmenter la production d’énergies renouvelables de 27% et améliorer l’efficacité énergétique de 27%. Pour 2050, l’objectif est d’avoir réduit les émissions de gaz à effet de serre d’au moins 80%.

Individuellement, les Vingt-Huit affichent des performances écologiques diverses. Le Luxembourg est le pays européen qui émet le plus de gaz à effet de serre par habitant : 18,7 tonnes. Il est suivi de l’Estonie, 15,1 tonnes, et des Pays-Bas, 10,1 tonnes. A l’inverse, la Lettonie et la Roumanie, avec 3,5 tonnes de gaz à effet de serre par habitant sont les deux Etats membres qui émettent le moins. La France se situe en-deçà de la moyenne européenne (6,7 tonnes) avec 5 tonnes de gaz à effet de serre par habitant (données : Banque mondiale).

De plus en plus présentes dans les débats politiques, les questions environnementales et climatiques suscitent un fort intérêt de la part des citoyens. D’après un Eurobaromètre (sondage organisé à l’échelle européenne par la Commission) de 2017, ce sujet est considéré comme « important » ou « très important » par 94% des Européens. Ces derniers sont par ailleurs 67% à estimer qu’il s’agit d’un enjeu devant être traité à l’échelle de l’UE. La nécessité d’instaurer une législation européenne en la matière se dégage également : 80% des personnes interrogées y sont au minimum « plutôt favorables« .

Politique

Depuis 1992 et le traité de Maastricht, la politique environnementale fait partie des compétences de l’Union européenne. Et en 1993, l’Agence européenne de l’environnement, basée à Copenhague au Danemark, a vu le jour.

Sept domaines d’action sont couverts : l’air, le milieu marin, la prévention et le recyclage des déchets, l’utilisation durable des ressources naturelles, le milieu urbain, les sols et l’utilisation durable des pesticides. Par ailleurs, l’action environnementale de l’UE est régie par les principes de prévention, de précaution, ainsi que par celui du pollueur-payeur.

Au total, pour la période 2014-2020, 3,4 milliards d’euros sont prévus au niveau européen en faveur de l’environnement et du climat, dans le cadre d’un programme spécifique baptisé LIFE. Mais plus généralement, ce sont la quasi-totalité des politiques européennes qui sont assorties d’objectifs écologiques. Au total, l’UE s’est ainsi donné pour objectif de consacrer à la lutte contre le changement climatique au moins 20% de son budget total, qui s’élève à environ 150 milliards d’euros par an.

Naturellement, les Etats membres individuellement ainsi que les collectivités locales viennent compléter l’action européenne. La France par exemple a voté en 2015 une loi de transition énergétique, présentée par le gouvernement comme un texte « d’action et de mobilisation« , et s’inscrivant dans le cadre des engagements européens et internationaux du pays.

Débats, enjeux et perspectives

A l’heure actuelle, en dépit des Accords de Paris sur le climat et de l’implication croissante des sociétés civiles, le principal enjeu, au niveau mondial, en matière environnementale et climatique, est d’agir de manière suffisamment forte et rapide.

A cet égard, en dépit des engagements pris et des premiers résultats obtenus, notamment en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, les Européens sont régulièrement critiqués, particulièrement depuis plusieurs mois. Scientifiques, ONG, ou encore médias sont en effet nombreux à juger que l’action de l’UE et des Etats membres stagne, voire faiblit.

Selon l’Institut du développement durable et des relations internationales (IDDRI), la production d’électricité engendre encore deux fois trop d’émissions de gaz à effet de serre et met ainsi en péril le respect des objectifs à atteindre pour 2030.

La qualité de l’air également apparaît comme un enjeu très prégnant. D’après l’Agence européenne de l’environnement, 500 000 personnes meurent chaque année sur le continent en raison de la pollution de l’air. Et si de nombreuses actions ont été mises en œuvre ces dernières années, le plus souvent à l’échelle des métropoles, une part substantielle de la population demeure exposée à des niveaux de pollution dangereux pour la santé. Le 2 octobre 2018, une action en justice a par exemple été lancée par 60 associations environnementales contre la France, accusée de ne pas respecter les normes européennes de qualité de l’air.

De la même manière, l’action européenne et des Etats membres concernant les perturbateurs endocriniens ou encore certaines substances comme le glyphosate est régulièrement critiquée. Les pouvoirs publics sont accusés de privilégier les intérêts de certaines industries aux enjeux environnementaux et sanitaires.

Sur un ton plus positif, le marché européen du carbone, mis en place en 2005, a été réformé avec succès en février 2018. Jusqu’ici inefficace pour réduire les émissions de gaz à effet de serre des industries les plus polluantes, son nouveau fonctionnement a permis une remontée rapide du prix de la tonne de carbone. 

Dans ce contexte, les prochaines échéances internationales s’annoncent cruciales en vue de maintenir l’élan trouvé lors de la COP21 en 2015, mais fortement mis à mal depuis le retrait unilatéral des Etats-Unis. La deuxième édition du One Planet Summit s’est à cet égard tenue en septembre 2018 à New York, mais sans grand retentissement. Tandis que la COP24, qui se déroulera en décembre 2018 en Pologne, suscite pour l’heure le scepticisme des écologistes dans la mesure où le pays hôte est de loin l’Etat membre de l’UE le plus dépendant du charbon.



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