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Nous ne devrions pas placer le « Sofagate » à l’épicentre d’un débat en plénière au Parlement européen, mais plutôt discuter de la manière de reconstruire les relations avec la Turquie du président Recep Tayyip Erdoğan qui n’a plus d’engagement envers un avenir européen, a déclaré un eurodéputé de premier plan à EURACTIV.
Selon le député européen Sergey Lagodinsky (Verts, Allemagne), qui s’est adressé à EURACTIV, la visite des dirigeants de l’UE à Ankara est devenue le dernier exemple en date des efforts bâclés de la politique étrangère de l’UE.
La Turquie et l’UE se sont mutuellement blâmées jeudi (8 avril) pour la disposition des sièges qui avait laissé la chef de la Commission européenne Ursula von der Leyen sans chaise lors d’une réunion avec le président Recep Tayyip Erdoğan plus tôt cette semaine.
Un jeu de reproches a ensuite eu lien entre Bruxelles et Ankara, mais aussi au sein des institutions européennes, pour savoir qui a gâché le protocole diplomatique et la disposition des sièges.
Le scandale a suscité des plaintes dans toute l’Europe pour ce qui n’est que le dernier exemple en date des efforts bâclés de l’UE en matière de politique étrangère.
Le mois dernier encore, la visite controversée du chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, à Moscou avait fait sourciller les diplomates européens et suscité de vives critiques, tandis que celui-ci avait été humilié par ses hôtes russes.
« Des incidents de ce genre ont une mauvaise image et cela coïncide également avec la mauvaise image de la relation UE-Turquie dans son ensemble », a indiqué M. Lagodinsky, membre de la délégation du Parlement européen à la commission parlementaire mixte UE-Turquie.
Plusieurs groupes du Parlement européen ont demandé une enquête sur les raisons pour lesquelles Mme von der Leyen est restée debout alors que M. Michel s’est assis et ont demandé un débat en plénière avec les deux dirigeants dans le courant du mois.
« À la suite à cet incident, nous ne devrions pas placer le canapé à l’épicentre d’un débat en plénière – je ne pense pas que Mme von der Leyen doive justifier pourquoi on ne lui a pas donné une chaise », a déclaré M. Lagodinsky.
Au lieu de cela, a-t-il ajouté, le débat devrait porter sur les objectifs spécifiques de la visite, s’ils ont été atteints et si ces objectifs et réalisations correspondent aux attentes de l’UE et du Parlement européen.
Interrogé sur la question de savoir si la visite de la Turquie dans son ensemble était une mauvaise idée, M. Lagodinsky a répondu que la discussion devrait se recentrer sur le fait que la Turquie n’a aucune envie d’améliorer ses relations et de résoudre les problèmes mis en évidence par l’UE.
« La question n’est pas le canapé, mais plutôt : Où en sommes-nous dans nos relations mutuelles ? Où est le respect ? Et comment cela joue-t-il sur les droits de l’homme et les droits des femmes, surtout après le désastre de la Convention d’Istanbul auquel nous avons assisté une semaine auparavant. »
« Je n’exagérerais pas la question du protocole, mais, bien sûr, elle symbolise les problèmes sous-jacents que nous avons », a ajouté l’eurodéputé.
La réunion avec M. Erdoğan est intervenue à un moment délicat, car les tensions entre Bruxelles et Ankara se sont exacerbées depuis les agissements turcs en Méditerranée orientale l’année
L’UE cherche à améliorer sa coopération après l’offensive diplomatique menée par M. Erdoğan au cours des derniers mois, dans le but de resserrer les liens entre les voisins.
Le bloc a été encouragé par la reprise des pourparlers entre la Turquie et la Grèce au sujet d’une frontière maritime contestée, ainsi que par les initiatives visant à relancer les efforts de paix concernant Chypre, membre divisé de l’UE.
Bruxelles a mis de côté les sanctions contre Ankara et propose des incitations économiques et diplomatiques, mais insiste sur le fait que M. Erdoğan doit maintenir le calme actuel et s’engager de manière constructive sur les questions clés.
Le récent rapport de M. Borrell, présenté aux dirigeants européens avant le sommet du Conseil européen du mois dernier, avait à nouveau suggéré d’adopter une approche « carotte et bâton » à l’égard d’Ankara, comprenant une modernisation de l’union douanière, une libéralisation des visas et davantage de fonds pour la gestion des migrations ou des sanctions économiques.
« Ce que je critique dans le rapport [Borrell], c’est qu’il n’y a, parmi les conditions, aucune mention de la situation intérieure », a déclaré M. Lagodinsky à EURACTIV. «Vous pouvez offrir autant de carottes que vous voulez, si vous les conditionnez correctement. »
« Nous pouvons parler de la libéralisation des visas ou d’autres questions s’il y a des progrès tangibles et clairs sur le front intérieur – et de la part d’un candidat à l’adhésion, ce n’est pas trop demander », a-t-il ajouté.
L’Allemagne a tenté de jouer le rôle de médiateur dans l’impasse gréco-turque mais a été critiquée pour avoir pris la tête du camp des États membres opposés aux sanctions contre la Turquie.
Les considérations économiques et intérieures allemandes sont-elles le principal obstacle à une position claire de Berlin vis-à-vis d’Ankara ? Pour M. Lagodinsky, « la position de l’Allemagne sur cette question n’est pas claire et nette ».
« Il ne s’agit pas seulement des diasporas que nous avons, il ne s’agit pas seulement des relations économiques mutuelles ou des réfugiés – nous sommes des voisins, et nous sommes liés d’une manière très spécifique et interdépendante ».
Il a souligné qu’une grande partie de la diaspora turque d’Allemagne est d’origine kurde.
« On peut aussi l’interpréter dans l’autre sens, à savoir que le gouvernement allemand néglige le souhait d’une grande partie de la diaspora », a-t-il ajouté.
Les Verts allemands pourraient être catapultés au gouvernement plus tard cette année, car les sondages indiquent qu’ils ont de bonnes chances de battre le bloc conservateur de Mme Merkel.
Interrogé sur ce qu’il pense être réaliste pour les relations futures, l’eurodéputé a déclaré que ce qu’il « ne voit pas, c’est un engagement en faveur d’un avenir européen commun, car un avenir européen commun ne peut exister qu’entre démocraties – et c’est là le problème ».
« Si nous annulons le processus d’adhésion de la Turquie, si nous suspendons tout instrument de convergence entre le modèle européen et le modèle turc, nous n’aurons pratiquement plus de marge de manœuvre pour nous entretenir sur la politique intérieure et ses lacunes », a-t-il remarqué, faisant référence aux perspectives d’adhésion turques actuellement gelées.
« L’avenir de la relation UE-Turquie dépend essentiellement de la manière dont la Turquie continue de se comporter en Méditerranée orientale », a déclaré Niklas Novaky, chargé de recherche sur la politique de sécurité et de défense de l’UE au Centre Wilfried Martens à Bruxelles.
D’après lui, la dynamisation des liens économiques, le dialogue de haut niveau, les contacts entre les peuples et la coopération en matière de migration irrégulière pourraient contribuer à créer une atmosphère plus positive.
« Mais, de manière générale, les relations devraient rester tendues pour le moment – tant que la situation en Méditerranée orientale reste inchangée, les relations entre l’UE et la Turquie ne s’amélioreront pas de manière spectaculaire », a ajouté M. Novaky.
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