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Actualité
07.06.2019
A droite comme à gauche, en France comme dans le reste de l’Union européenne, la vie politique se construit dans le sillage des élections européennes, qui ont ébranlé de nombreux partis traditionnels.
De gauche à droite et haut en bas : Laurent Wauquiez, Alexis Tsipras, Yannick Jadot, Andrea Nahles – Crédits : Alesclar, Présidence russe, Pixabay, Parlement européen
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En France, les municipales succèdent vite aux européennes
Les élections européennes du 26 mai ont accentué une transformation profonde de l’échiquier politique national, aussi bien à gauche qu’à droite. Après le scrutin, vainqueurs et vaincus tentent de tirer les leçons des résultats. Et préparent la prochaine échéance des municipales en 2020.
A droite notamment, Les Républicains (LR) s’interrogent sur leur avenir. Comment, après la débâcle des européennes (8,5 % des voix), trouver leur place dans le jeu politique, occupé à leur gauche par La République en marche (LaREM) et à leur droite par le Rassemblement national (RN), les deux vainqueurs du 26 mai ?
A Paris, c’est LaREM qui a principalement capté le vote LR, dans les arrondissements votant traditionnellement à droite, et notamment le 16ème. Plus surprenant, le parti de Marine Le Pen est parvenu quant à lui à s’imposer en Outre-Mer pour la première fois, avec notamment 45,5 % des suffrages à Mayotte et plus de 30 % à la Réunion. Des résultats inédits et largement supérieurs à la moyenne nationale dans des terres longtemps considérées comme un « rempart » à l’extrême droite.
Dans tous les cas, l’avenir des Républicains se construira sans Laurent Wauquiez, le président du parti depuis 2017. Celui-ci a finalement annoncé, une semaine après sa défaite aux européennes, qu’il quittait ses fonctions pour prendre « du recul« . Une décision saluée par plusieurs ténors du parti, dont plusieurs lui reprochaient d’avoir été sourd à la pluralité de la droite.
Mais la compétition pour devenir son successeur s’annonce rude. Alors que l’idée d’une direction collégiale a d’ores et déjà été écartée, le parti pourrait se retrouver prisonnier de querelles internes. Pour l’instant, le vice-président du parti, Jean Leonetti assure l’intérim et pourrait conserver cette position jusqu’aux municipales. Plusieurs noms circulent, comme ceux de Gérard Larcher et de François Baroin. C’était également le cas de Valérie Pécresse, qui a néanmoins décidé de claquer la porte du parti, qu’elle juge « cadenassé« . Certains y voient le début d’une « hémorragie » pour les Républicains.
Toutefois, en octobre, une « grande convention nationale« , précédée de conventions régionales, sera organisée. Avec les élections municipales de 2020 en ligne de mire, le mot d’ordre affiché par Jean Leonetti est « rassembler sans se renier« . Mais certains élus LR comme Christian Estrosi appellent plutôt à se rapprocher de LaREM. Un message appuyé par d’anciens adhérents des Républicains, aujourd’hui passés dans le camp de la majorité présidentielle tels Gérald Darmanin ou Thierry Solère.
Au Rassemblement national, on se félicite également d’avoir su capter une partie des voix de la droite conservatrice. Selon un sondage Ifop, 15 % des électeurs de François Fillon en 2017 ont en effet choisi la liste de Jordan Bardella le 26 mai dernier. Le parti compte donc sur une « stratégie d’ouverture » pour la prochaine échéance électorale. Marine Le Pen a ainsi déclaré « tend[re] la main à tous les cadres et électeurs LR patriotes » tandis que Marion Maréchal a appelé à la création d’une grande coalition de la « droite populaire« .
LaREM aussi ratisse large, et l’aile sociale-démocrate du parti ambitionne aussi d’être rejointe par de nouvelles figures de centre-gauche alors que la popularité du couple exécutif remonte. Au lendemain des européennes, Jean-Yves le Drian estime que la gauche de la majorité « doit faire plus entendre sa voix« . Un mouvement devrait être ainsi lancé, avec le soutien du président, afin de regrouper les élus de la majorité de centre-gauche et les ex-socialistes qui n’auraient pas rejoint La République en marche pour incarner la « deuxième étape du quinquennat« .
Ces considérations stratégiques agitent aussi la gauche. Europe Ecologie-Les Verts (EELV), dont la liste a remporté 13,5 % des suffrages, s’impose et s’assume ainsi comme une force politique de premier plan avec laquelle il faudra composer. Dans un entretien au Monde, la tête de liste Yannick Jadot estime que « l’écologie (…) doit être au cœur du renouvellement politique » et indique déjà qu’il espère remporter plusieurs mairies de « grandes villes » comme Paris, Nantes, Rennes ou Toulouse.
Il appelle également les plus petites listes Génération Ecologie (1,82 % des voix le 26 mai) ou encore celle du Parti animaliste (2,17 % des voix) à les rejoindre, mais ne court pas après les alliances avec les partis de gauche traditionnelle. « Les écologistes doivent prendre garde au péché d’orgueil et d’isolement » préviennent néanmoins plusieurs personnalités de gauche et écologistes, comme Guillaume Balas et Michèle Rivasi dans une tribune parue Mercredi dans Libération. Candidat EELV à la mairie de Paris, David Belliard rappelle en effet la nécessité de demeurer modeste : « les bons scores des européennes de 2009 [16,28 %, ndlr] n’ont pas été traduits dans la durée« .
Du côté de La France insoumise (LFI), qui n’a remporté que 6,3 % des voix contre près de 20 % lors de la présidentielle de 2017, on s’interroge aussi sur la suite. Et notamment sur la place de Jean-Luc Mélenchon et le caractère populiste du mouvement. C’est notamment le cas de la députée Clémentine Autain qui appelle dans une tribune parue le 4 juin dans Le Monde et soutenue par un millier de signataires, à « un big bang de la gauche« .
« Si on ne change rien, on ira vers de plus grandes défaites« , a-t-elle ainsi prévenu. Au micro de BFMTV, l’élue pointe la « responsabilité » de Jean-Luc Mélenchon et critique la ligne adoptée par LFI depuis 2 ans. Pour l’heure, le chef du parti ne s’est cependant pas exprimé depuis le soir des résultats, qu’il a qualifié de « décevants« , préférant attendre que « la poussière retombe« .
Au Parti socialiste (PS), le faible score de la liste commune Envie d’Europe (6,2 %) ne décourage pas Olivier Faure, premier secrétaire du parti. « La gauche rassemblée est à plus de 30 %, loin devant toutes les autres forces politiques« , analyse-t-il.
Une Europe reconfigurée politiquement
En Allemagne, c’est l’heure de tirer le bilan des européennes. Le pays est depuis 2013 gouverné par une grande coalition, composée du SPD (Parti social-démocrate, centre-gauche) et de la CDU-CSU, parti de droite chrétienne. Mais les deux formations ont plongé « à des plus bas historiques« , fragilisant fortement leur alliance.
Le SPD, désormais la troisième force politique allemande, poursuit en effet une véritable « descente aux enfers » depuis sa défaite lors des élections législatives en 2017 (20,5 % des voix). Son faible score de 15,8 % obtenu aux européennes, ainsi que ses déroutes répétées au niveau régional (le 26 mai, le SPD a perdu son bastion historique de Brême), ont constitué un enchaînement fatal pour Andrea Nahles, présidente du parti, qui a démissionné de ses fonctions le 3 juin. Or aucune personnalité ne s’impose pour incarner la relève.
Quant au score de 29,9 % des voix obtenu par les chrétiens-démocrates, il n’est enviable qu’en apparence, dans la mesure où jamais la CDU/CSU n’était passée sous le seuil des 30 %. Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, les écologistes allemands opèrent une percée spectaculaire en obtenant un score historique de 20,5 %, soit dix points de plus qu’en 2014.
En Grèce, le pays bascule à droite. A en croire Le Monde, c’est en effet une « vague bleue » qui l’a submergé dans la foulée des élections européennes. Le parti Nouvelle démocratie (conservateurs) est arrivé largement en tête des élections locales du 2 juin, juste après avoir remporté les européennes avec 33,1 % des voix, contre 23,8 % pour Syriza, le parti de gauche radicale du Premier ministre Alexis Tsipras. Avec l’obtention de 11 régions sur 13 et certaines mairies emblématiques comme Athènes, la droite devrait également s’imposer loin devant Syriza lors des législatives anticipées, dont Alexis Tsipras a confirmé la tenue le 7 juillet.
En Espagne, pays marqué ces dernières années par la fragilité des gouvernements, le retour en grâce des socialistes (PSOE) se poursuit, ces derniers ayant dominé les européennes avec 32,8 % des voix un mois après avoir largement remporté les législatives avec 28,7 % des suffrages. Au détriment de la droite et du parti de gauche radicale Podemos qui ont subi un revers électoral. Sachant que le 26 mai, le PSOE du Premier ministre Pedro Sanchez a également connu un succès important aux élections régionales ainsi qu’aux municipales.
Dans la région de Catalogne, où le taux de participation était supérieur de 13 points à la moyenne européenne, trois élus indépendantistes sont susceptibles d’être empêchés d’occuper leurs sièges au Parlement européen. En effet, sur décision de son président sortant Antonio Tajani, le Parlement européen a fermé ses portes, mercredi 29 mai, à deux élus catalans indépendantistes en exil, Carles Puigdemont et Toni Comin. Quant à Oriol Junqueras, qui se trouve depuis 19 mois en détention préventive, il est également probable qu’il ne puisse siéger dans l’hémicycle.
Enfin, au Royaume-Uni, les Britanniques ont largement désavoué les partis traditionnels conservateurs et travaillistes, sanctionnés pour leur incapacité à gérer le Brexit au profit du parti pro-Brexit (Brexit Party) qui a raflé la mise avec 29 sièges. Les libéraux-démocrates ainsi que les Verts, aux discours résolument pro-européens ont également tiré profit de l’élection, obtenant des scores largement en hausse par rapport au scrutin de 2014. Ça n’a en revanche pas été le cas du parti anti-Brexit « Change UK« , qui défend l’organisation d’un nouveau référendum. La formation europhile née en février du regroupement de 11 députés démissionnaires des partis traditionnels (conservateur et travailliste), réunis sous l’étiquette d’indépendants, n’a en effet remporté aucun siège au Parlement européen.
Et aussi…
Une semaine après les élections, le décompte des voix n’est toujours pas terminé en Irlande ! Après des rebondissements très commentés sur les réseaux sociaux, un nouveau décompte des voix dans la circonscription « Irlande Sud » pour départager les candidats encore en lice a eu lieu mardi 4 juin. En effet, seules 327 voix séparent les deux candidates qui se disputent la dernière place d’eurodéputée. « Par manque de bras, l’opération pourrait prendre jusqu’à 28 jours« , note RFI.
En Pologne, où le parti ultraconservateur au pouvoir (Droit et justice, PiS) est arrivé en tête du scrutin avec 45,7 % des suffrages, un remaniement ministériel a eu lieu sur décision du Premier ministre Mateusz Morawiecki mardi 4 juin, plusieurs ministres ayant été élus au Parlement européen. Les sept nouveaux ministres nommés ne prennent toutefois leurs fonctions que pour quelques mois, des élections législatives devant être organisées en novembre prochain.