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Actualité
04.07.2019
La semaine aura été chargée pour les décideurs européens. Alors que les Vingt-Huit ont dévoilé leur casting pour les « top-jobs » de l’UE, le nouveau Parlement européen a fait sa rentrée dans l’hémicycle de Strasbourg. Après avoir renouvelé leur président, les eurodéputés se prononceront bientôt sur la nouvelle tête de la Commission.
Charles Michel, Ursula von der Leyen, David Sassoli, Christine Lagarde et Josep Borrell (de gauche à droite) – Crédits : Wikimédia Commons | Arno Mikkor / Commission européenne | Stephen Jaffe / Parlement européen | Nacho Gomez / Flickr
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Les Vingt-Huit trouvent leur casting
Après trois jours d’interminables discussions, le casting des personnalités qui devraient bientôt piloter l’Union européenne est désormais connu. Il s’agit du Belge Charles Michel pour le Conseil européen, de la Française Christine Lagarde pour la Banque centrale européenne, de l’Espagnol Josep Borrell pour la diplomatie européenne et, enfin et surtout, de l’Allemande Ursula von der Leyen pour la Commission européenne. Si les deux premiers sont à peu près certains de prendre leurs fonctions à l’automne, les deux autres doivent encore être validés par le Parlement européen, à la mi-juillet et à la rentrée.
Les Vingt-Huit ont trouvé un « parfait équilibre entre les sexes« , selon les termes du président sortant du Conseil européen, Donald Tusk. Leur compromis respecte également un certain équilibre gauche-droite, rendu nécessaire après que les élections européennes ont fragmenté le paysage politique européen. Ainsi, les principales familles politiques sont représentées : deux femmes situées plutôt à droite, un libéral (Charles Michel) et un socialiste (Josep Borrell). En revanche, la parité Est-Ouest n’est pas d’actualité.
Peu populaire dans son pays, la ministre allemande de la Défense Ursula von der Leyen, proche d’Angela Merkel, pourrait être la première femme et deuxième personnalité allemande à prendre la tête de la Commission, dès le 1er novembre et pour cinq ans. Mme von der Leyen est une fine connaisseuse des rouages de l’UE et défend une vision fédéraliste de l’Europe. Francophone, elle est particulièrement appréciée à Paris car elle a permis de faire avancer la coopération franco-allemande sur les questions de défense.
Son nom pour la présidence de l’exécutif européen n’aurait quasiment jamais été évoqué avant le 2 juillet. Incontestablement, Ursula von der Leyen est un choix de compromis. Le Spitzenkandidat conservateur Manfred Weber (PPE) avait été préalablement écarté, notamment par Emmanuel Macron. A l’inverse, Mme von der Leyen représente « une très bonne candidature » pour le président français. Elle devra néanmoins être formellement élue par le Parlement européen lors de la session plénière du 15 au 19 juillet.
Pour s’assurer les voix du groupe social-démocrate S&D, les eurodéputés conservateurs et libéraux se sont abstenus de présenter un candidat à la présidence du Parlement européen. Mais la candidature d’Ursula von der Leyen risque tout de même de diviser un hémicycle attaché au système des Spitzenkandidaten, car le casting proposé par le Conseil européen est loin de faire l’unanimité. Pour l’eurodéputé socialiste Raphaël Glucksmann notamment, il s’agit d’un compromis « inacceptable« , et pour l’écologiste Yannick Jadot d’un « arrangement pathétique« . La potentielle présidente de l’exécutif européen a déclaré mercredi qu’elle se donnait deux semaines pour présenter « une vision » de l’UE pour les cinq prochaines années.
En échange du soutien du président français à Ursula von der Leyen, l’Allemagne a soutenu la candidature de l’actuelle directrice du FMI Christine Lagarde, qui gouvernera la Banque centrale européenne pour les huit années à venir. Exerçant initialement la profession d’avocate et ministre sous la présidence de Nicolas Sarkozy, Mme Lagarde jouit d’une très bonne réputation au plan international et serait appréciée « depuis longtemps » par la chancelière Angela Merkel.
A 72 ans, le ministre socialiste des Affaires étrangères espagnol, Josep Borrell, ancien président du Parlement européen de 2004 et 2007, deviendrait quant à lui chef de la diplomatie européenne. Réputé pour ses positions fermement anti-indépendantistes, il connaît les rouages de Bruxelles et se veut défenseur d’une plus grande intégration européenne.
Enfin, Charles Michel, à la tête d’un gouvernement démissionnaire depuis six mois en Belgique, prendra la tête du Conseil européen le 1er décembre. Ce libéral francophone de 43 ans a indiqué que son objectif pour les cinq années à venir serait de favoriser la contruction d' »une Europe unie, avec le respect des diversités nationales« .
Le Parlement européen fait sa rentrée
C’est avec fracas que les eurodéputés sont, quant à eux, arrivés dans l’hémicycle pour la première session plénière de la nouvelle mandature. Une rentrée marquée par la manifestation de plusieurs milliers de Catalans aux abords du bâtiment strasbourgeois.
En cause, l’impossibilité de siéger de 3 élus, qui n’ont pu prêter serment à Madrid. Deux d’entre eux, Carles Puidgemont et Toni Comin, risquaient en effet d’être interpellés dès leur arrivée sur le sol espagnol, alors que le troisième, déjà en détention provisoire, n’a pas eu l’autorisation d’en sortir pour accomplir cette formalité espagnole.
Le Brexit a, lui aussi, agité cette première session : les Britanniques pro-européens du parti libéral ont enfilé leurs t-shirts jaunes estampillés « Stop Brexit« , tandis que les membres du Brexit Party de Nigel Farage ont tourné le dos aux musiciens qui ont entonné l’Ode à la joie, l’hymne européen. Les 73 députés Britanniques occupent en effet leurs sièges provisoirement jusqu’à ce que la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne soit effective, au plus tard le 31 octobre prochain.
A 82 ans, Silvio Berlusconi a quant à lui aussi été remarqué. Désormais doyen de l’hémicycle, il fait son retour à Strasbourg après presque 20 ans d’absence. Néanmoins, sa présence n’est pas vraiment représentative du nouveau visage du Parlement : 61 % des eurodéputés sont de nouveaux élus. L’assemblée compte en outre 40 % de femmes, un record pour l’institution qui n’en comptait que 16,6 % en 1979.
La séance d’ouverture officielle de la 9e législature, présidée par Antonio Tajani, n’aura toutefois duré qu’une quinzaine de minutes. Elle a ensuite laissé la place aux discussions entre les 7 groupes politiques que compte désormais le Parlement européen, afin de préparer l’élection du nouveau président de l’institution.
Mercredi, l’Italien David Sassoli s’est ainsi imposé, en deux tours, face aux trois autres candidats. Le Florentin de 63 ans a battu l’Allemande Ska Keller, candidate des Verts (119 voix au second tour), l’Espagnole Sira Rego du groupe d’extrême gauche GUE/NGL (43 voix) et le Tchèque Jan Zahradil (du groupe des conservateurs et réformistes, CRE, 160 voix).
Journaliste de métier et ancien présentateur vedette de la Rai, David Sassoli a été élu sous les couleurs du Parti démocrate (PD) lors des élections européennes de 2009. Il a notamment été vice-président du Parlement européen. Il sera normalement remplacé par un membre du PPE pour la seconde partie de la législature, en janvier 2022.
Ensuite débutera le travail en commission jusqu’au 25 juillet, avant la session plénière suivante, du 16 au 19 septembre 2019. C’est cette troisième session qui lancera véritablement le travail parlementaire de la neuvième mandature dont « la crise climatique sera le thème clé« , à en croire Pascal Canfin, eurodéputé LaREM, et nombre de ses collègues.
Et aussi…
En France et ailleurs, les partis continuent à tirer les leçons du dernier scrutin européen.
Du côté de La France insoumise (LFI), l’échec aux européennes rebat les cartes pour la prochaine présidentielle française. Le député insoumis François Ruffin confie par exemple qu' »en 2022, il n’est pas évident que notre famille politique doive absolument présenter un candidat. Les choses ont changé : LFI n’est plus hégémonique à gauche« . De son côté, la députée LFI Clémentine Autain, critique sur la ligne du mouvement depuis la campagne des européennes, a appelé à l’émergence d' »une gauche écologiste populaire« .
Au Parti socialiste français (PS), plusieurs « éléphants » dont François Hollande et Bernard Cazeneuve se réunissent au Sénat le 17 juillet. Objectif : réfléchir à un plan de « sauvetage » après les échecs successifs aux scrutins depuis la présidentielle de 2017.
A droite, Les Républicains se cherchent un nouveau chef après leur faible score aux européennes. Depuis le départ de Laurent Wauquiez, plusieurs candidats se sont déclarés face à Christian Jacob pour la présidence du parti. Outre Guillaume Larrivé et Julien Aubert, Guillaume Peltier pourrait également les rejoindre. « Ben au moins, comme ça, il y aura un semblant de débat », a ironisé un membre du bureau politique.
En Grèce enfin, à quelques jours des législatives du 7 juillet, le parti conservateur Nouvelle démocratie devance dans les sondages le parti de gauche radicale Syriza du Premier ministre Alexis Tsipras. Il était arrivé largement en tête des élections locales du 2 juin, juste après avoir remporté les européennes avec 33,1 % des voix.