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Actualité
25.01.2019
Des Gilets jaunes ont finalement annoncé la formation d’une liste pour les élections européennes de 2019. Celle-ci sera menée par l’une des figures médiatiques du mouvement, Ingrid Levavasseur. Une participation qui suscite cependant des critiques parmi ses membres. Et qui, en captant des voix aux deux extrêmes, pourrait profiter à La République en marche.
Emmanuel Macron, Ingrid Levavasseur, Olivier Faure – Crédits : Mutualité française / Flickr | L’Emission politique / capture d’écran | Parti socialiste / Flickr
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Cap sur les européennes
Après une tentative du chanteur Francis Lalanne, c’est finalement l’une des figures médiatiques du mouvement Ingrid Levavasseur qui va mener une liste estampillée « Gilets jaunes » pour les européennes. Annoncée le mercredi 23 janvier, celle-ci prendra le nom de « Ralliement d’initiative citoyenne », en référence au fameux Référendum d’initiative citoyenne (RIC) revendiqué par le mouvement.
Les dix premiers noms de la liste ont été dévoilés – pour certains loin d’être novices en politique – ainsi que son directeur de campagne. Les 69 autres noms seront présentés avant mi-février, sur la base d’un appel à candidatures. Une sélection sera effectuée par un vote en interne. L’annonce d’une liste Gilets jaunes n’a cependant pas été bien reçue par certains membres du mouvement, qui se revendiquent apolitiques et refusent de participer au système représentatif actuel.
Ingrid Levavasseur, qui avait renoncé à tenir une chronique sur BFMTV après avoir reçu insultes et menaces de la part de certains Gilets jaunes, a ainsi de nouveau subi des réactions de ces derniers, au premier rang desquels Maxime Nicolle, alias Fly Rider. Dans une vidéo visionnée près de 150 000 fois et publiée sur son groupe Facebook, cette figure du mouvement a déclaré que « les européennes c’est rester dans le système, […] c’est vouloir rentrer dans un jeu où c’est pas nous qui faisons les règles« .
Une critique soutenue par le porte-parole des Gilets jaunes rouennais François Boulo, qui ajoute que « le Parlement européen n’a aucun pouvoir pour améliorer la vie des gens. Or, les Gilets jaunes entendent obtenir des avancées concrètes et immédiates« . Jeudi soir, Ingrid Levavasseur a répliqué dans l’Emission politique : « nous avons franchi le cap pour saisir l’opportunité de s’implanter dans la démocratie« .
Grand débat national : en creux, un questionnement sur l’Europe ?
Du pain bénit pour LaREM ?
A en croire les réactions politiques, l’entrée en jeu de cette liste suscite un enthousiasme général… Le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure salue ainsi « des Gilets jaunes qui se confrontent au suffrage universel plutôt que ceux qui appellent à des nuits jaunes et qui sont dans une démarche dangereuse« . Pour Manon Aubry, tête de liste de La France insoumise (LFI), « c’est toujours une bonne nouvelle quand des personnes s’engagent en politique, et portent des thèmes de justice fiscale, de partage du pouvoir et des richesses« .
Le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux se dit également « content » que certains « posent le gilet pour porter une liste avec […] des choses tangibles sur lesquelles les Français vont pouvoir se prononcer » et participent au jeu démocratique. Côté Rassemblement national en revanche, on accueille ce nouveau concurrent avec fébrilité… Le porte-parole du parti, Sébastien Chenu, dénonce par exemple une initiative « liée à une manipulation politique« . Et pour cause : selon le sondage mensuel mené par l’institut Ifop avant la création de la liste RIC, une hypothétique liste Gilets jaunes était créditée de 7,5% des intentions de vote, faisant perdre 2,5 points au RN ainsi qu’à LFI, et 1,5 à Debout la France. Un second sondage Elabe pour BFMTV donne la liste en troisième position avec 13% des intentions de vote… faisant chuter le RN, principal adversaire de LaREM, de trois points.
Mais une telle liste pourrait aussi ramener « aux urnes beaucoup de personnes qui ne votent plus« , selon Emmanuel Rivière, directeur général de Kantar Public France, interrogé par Le Monde. Difficile donc de prévoir à l’heure actuelle les conséquences de l’arrivée de cette liste dans le paysage politique français.
Elections européennes 2019 : quels candidats ? quelles stratégies ?
LaREM cherche toujours sa tête de liste
Dans ce contexte, le parti de la majorité, qui doit annoncer sa liste fin février, n’a toujours pas trouvé qui en prendra la tête et hésite sur la stratégie à tenir : proposer un candidat expérimenté (et crédible pour avoir de l’influence à Bruxelles) ou un profil plus jeune issu de la société civile, misant ainsi de nouveau sur le renouvellement politique, tout comme le RN (Jordan Bardella, 23 ans), LFI (Manon Aubry, 29 ans) et LR (François-Xavier Bellamy, 33 ans). « C’est surtout que, pour l’instant, on n’a personne« , corrige un cadre du mouvement cité par Le Figaro.
Côté programme, les hésitations sont aussi patentes. La stratégie misant sur le clivage « nationalistes contre progressistes » pourrait ainsi être abandonnée au profit de thématiques plus sociales. « La déclaration de guerre aux nationalistes est un thème jugé trop diviseur, alors que la France traverse déjà une crise sociale qui a mis en relief des fractures béantes« , analyse ainsi le journaliste Pierre Haski. Les questions environnementales pourraient également être centrales afin d’éviter que les « marcheurs » les plus écolos dérivent vers Yannick Jadot.
Le gouvernement français a d’ailleurs évité de surenchérir aux provocations des membres du gouvernement populiste italien cette semaine. Le vice-président du Conseil Luigi Di Maio a accusé la France d’aggraver la crise migratoire en maintenant les pays africains qui utilisent le franc CFA dans la pauvreté, provoquant des départs vers l’Italie. Tandis que le ministre de l’Intérieur Matteo Salvini a qualifié Emmanuel Macron de « très mauvais président« .
En Europe, la droite souverainiste et anti-migrants se nourrit en effet de ce clivage, et n’hésite pas à l’entretenir par tous les moyens. Une avalanche de fausses informations issues de l’extrême droite, reprises par les cadres du RN et de Debout la France, ont circulé en amont de la signature du traité franco-allemand d’Aix-la-Chapelle, quelques semaines seulement après l’épisode similaire du Pacte de Marrakech.
[Revue de presse] Traité d’Aix-la-Chapelle : une impulsion à concrétiser
Et aussi :
En République tchèque, le Parti pirate a le vent en poupe. Fondé il y a moins de dix ans, le parti anti-corruption et antisystème est devenu la troisième force politique au Parlement tchèque lors des dernières législatives de 2017 et est à la tête de la coalition qui dirige la ville de Prague. Défendant une démocratie plus directe, plus transparente, la liberté de l’information et des politiques sociales, le parti a attiré de jeunes électeurs ainsi que les conservateurs eurosceptiques de l’ODS.
Le parti pourrait obtenir 4 sièges (sur les 21 sièges tchèques) au Parlement européen. Actuellement, seule l’eurodéputée allemande Julia Reda y est estampillée Parti pirate. Elle y a mené un travail influent, notamment sur la directive droit d’auteur. Selon elle, le Parti pirate pourrait aussi obtenir un siège en Allemagne et quelques autres pays.
Le PS et Génération.s peinent à sortir des querelles socialistes. Interrogé sur sa campagne, mercredi 23 janvier sur France 2, Benoît Hamon a déploré l’absence de l’écologie dans le traité d’Aix-la-Chapelle pour relancer le couple franco-allemand et a proposé la création d’un impôt sur la fortune européen. Après son refus la semaine dernière de s’allier avec les socialistes – accusés d’être trop libéraux et proche de la droite au Parlement européen, il a finalement appelé la gauche à se rassembler derrière la candidature à la présidence de la Commission de Yanis Varoufakis, à l’origine de l’alliance transnationale de gauche « Printemps européen ». Celle-ci adoptera son programme ce vendredi à Berlin.
« Où est la logique ?« , s’est sèchement interrogé le commissaire français à l’Economie Pierre Moscovici, opposé à l’ancien ministre grec de l’Economie lors du débat sur la gestion de la dette. Pour ce dernier, M. Varoufakis n’est « pas la figure la plus rassembleuse dont on puisse rêver. Aucun social-démocrate conséquent ne peut s’y rallier« . « Arrêtons de chercher des raisons de ne pas nous retrouver« , a réagi de son côté Olivier Faure, qui propose plutôt de « monter un intergroupe pour porter les combats communs au Parlement européen […] et faire en sorte […] de reconstituer une gauche européenne digne de ce nom« . Sans oublier de rappeler que jusqu’alors, les députés estampillés Génération.s, les Verts et les socialistes français ont voté ensemble sur de nombreux points.
De son côté, Yannick Jadot lance la campagne d’EELV. Lui veut s’extraire de ces querelles et ne prend même plus la peine de répondre aux appels du pied de Génération.s et du PS. Sans regrets, EELV a lancé sa campagne pour les européennes lors de ses vœux à la presse depuis la ville de Grande-Synthe (Nord) dont le maire Damien Carême, engagé en faveur de l’accueil des migrants, est présent sur la liste. Un déplacement à l’occasion duquel il a défendu plusieurs propositions dont une « Europe des terroirs, ruraux et urbains (…), des lieux de relocalisation, de transition écologique par le bas« .
Le Parti fédéraliste européen (PFE) présentera une liste dans 7 Etats membres. Selon l’Agence Europe, le parti transnational espère présenter des candidats en France, en Belgique, en Allemagne, aux Pays-Bas, au Portugal, en Italie et au Luxembourg. En France, la liste sera menée par le président du PFE, Yves Gernigon.
Michel Barnier, en campagne pour la présidence de la Commission ? Le Parti populaire européen a élu en novembre 2018 l’allemand Manfred Weber en qualité de Spitzenkandidat, mais Michel Barnier n’a pas dit son dernier mot. Pour le moment chargé des négociations sur le Brexit, celles-ci ont cependant permis à l’ancien commissaire de confirmer ses qualités de négociateur et sa capacité à faire consensus au-delà de sa famille politique. Ce dernier a ainsi, estime Le Point, présenté un « programme » pour l’UE, lundi 21 janvier à la Sorbonne. Et fait part de sa vision de la diplomatie européenne, du rôle du marché unique, de la souveraineté économique européenne, du financement des technologies vertes, etc.