Actualité
24.08.2018
Au cœur de l’actualité européenne de la semaine : la fin très attendue du programme d’aide financière à la Grèce. Un soulagement pour le pays, mais qui ne signe pas pour autant la fin de ses tourments économiques. Dans le même temps, les négociations – toujours aussi difficiles – entre l’UE et le Royaume-Uni sur le Brexit ont repris. Face à la pression des États-Unis quant aux sanctions contre l’Iran, l’UE affiche sa volonté de ne pas se laisser faire.
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La Grèce retrouve son autonomie, mais à quel prix ?
C’est officiellement la fin d’un très long calvaire pour le pays. Voilà le message que le gouvernement grec voulait faire passer. « Alexis Tsipras a choisi l’île d’Ithaque pour saluer, mardi 21 août, la ‘libération’ de la Grèce du douloureux programme d’assistance financière dont elle dépendait depuis huit ans« , indique Le Monde. Dans ce lieu fort de symbolique, « le Premier ministre grec a tenté de donner une tonalité victorieuse à cette ‘odyssée des temps modernes’. ‘Aujourd’hui, la Grèce reprend son destin en main’, a poursuivi M. Tsipras : ‘une nouvelle ère’ s’est ouverte« .
Les dirigeants européens affichent en chœur leur satisfaction, à l’image de Donald Tusk le président du Conseil européen, cité par l’Humanité : « félicitations à la Grèce et à son peuple pour en finir avec le programme d’assistance financière. Grâce à vos gros efforts et à la solidarité européenne, vous avez saisi l’occasion« .
Mais derrière les messages de louange, personne en réalité n’est dupe : « le prix payé par les Grecs durant ces années noires est connu : les ménages ont perdu un tiers de leurs revenus disponibles, le pays un quart de sa richesse » rappellent Les Echos. « Le prix économique et social a été très élevé et il lui faudra une autre décennie pour rattraper ces années noires« . Cité par Capital, le journal grec libéral Kathimerini a titré « la Grèce a encore beaucoup de fleuves à franchir« , craignant que l’économie du pays ne soit encore « trop vulnérable et affaiblie face aux turbulences des marchés« .
Brexit : l’échéance approche, toujours incertaine
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Les négociateurs de l’Union européenne et du Royaume-Uni sur le Brexit, Michel Barnier et Dominic Raab, se sont voulus rassurants lors d’une conférence de presse commune qui s’est tenue le 21 août. A cette occasion, ils ont indiqué que les négociations entraient « maintenant dans leur phase finale » [Le Monde].
Mais dans le même temps, « le ministre des Affaires étrangères Liam Fox, a estimé au cœur de l’été la probabilité d’un no deal à 60 % » [Courrier International] et Londres commence à sérieusement se préparer au pire. Une rupture brutale pourrait en effet provoquer des problèmes d’approvisionnement et des pénuries. Le Royaume-Uni disposerait déjà « de trois mois de stocks de sécurité pour plus de 200 médicaments » selon la RTBF, et l’exécutif « travaille avec l’industrie pharmaceutique pour bâtir six semaines de stocks supplémentaires afin de parer au scénario le plus défavorable« . Les Echos ajoutent que « le gouvernement britannique a publié les 24 premières fiches sectorielles visant à informer les opérateurs économiques des implications d’un éventuel Brexit sans accord« .
Les doutes vont au-delà des négociations avec l’Europe : « même en cas de compromis, rien ne dit que la Chambre des communes approuvera ce que Theresa May rapportera de Bruxelles« , indique Le Monde. « La Première ministre ne dispose que d’une majorité relative, dépendant du bon vouloir d’une cinquantaine de ses propres députés, qui sont les plus ardents Brexiters« .
L’Europe défie les États-Unis sur l’affaire iranienne
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Washington a rétabli le 6 août dernier « une première série de sanctions contre Téhéran et lancé un avertissement aux pays qui persisteraient à commercer avec l’Iran » [Libération].
Le néoconservateur John Bolton, conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump, a déclaré le 22 août : « les gouvernements européens [doivent] réaliser, comme le font déjà les entreprises européennes, que le choix entre faire des affaires avec l’Iran et faire des affaires avec les Etats-Unis est très simple« , rapportent Les Echos. Les intimidations américaines continuent alors que les Européens – et notamment l’Allemagne – veulent renforcer « l’autonomie européenne en créant des canaux de paiement qui soient indépendants des Etats-Unis« .
Faisant fi des menaces, la Commission européenne a annoncé dans un communiqué avoir adopté « un premier paquet de 18 millions d’euros pour des projets en faveur du développement économique et social durable en Iran« . Il s’inscrit « dans un ensemble plus vaste de 50 millions d’euros pour l’Iran, visant à aider le pays à relever les principaux défis économiques et sociaux« .
Bien décidé à maintenir le cap fixé à Vienne en juillet 2015, la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini a rappelé que « depuis le renouvellement des relations UE-Iran à la suite de l’accord sur le nucléaire iranien, la coopération s’est développée dans de nombreux secteurs« . Dès lors, la Commission européenne s’engage à « la maintenir et ce nouveau paquet élargira les relations économiques et sectorielles dans des domaines qui profitent directement au peuple iranien« .