La viande ukrainienne menace le marché européen – EURACTIV.fr

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Certains ministres européens s’inquiètent de l’impact des importations ukrainiennes et du Brexit sur le marché de la viande.

La défense du marché européen de la viande a été ajoutée au programme du Conseil agriculture et pêche du 18 mars, sous l’impulsion de la Pologne, inquiète des déséquilibres engendrés par l’importation de volaille ukrainienne. D’autres États, comme l’Irlande, en ont profité pour parler de l’impact du Brexit sur le secteur de la viande. Londres vient de publier son plan pour un Brexit sans accord : le gouvernement May propose de ne pas taxer 87 % des importations pendant 12 mois.

Lors d’une conférence de presse, Phil Hogan, le commissaire à l’agriculture, a fait remarquer que l’UE pouvait mettre en place un grand éventail de mesures en cas de perturbation grave des marchés. « Nous avons beaucoup d’expérience dans la gestion de perturbations des marchés », a-t-il assuré, citant les exemples de la crise de la vache folle et de l’embargo russe.

Le commissaire a à nouveau indiqué qu’il pensait que la proposition de supprimer la plupart des droits de douane était contraire aux règles de l’OMC, et que c’est d’ailleurs la raison pour laquelle le gouvernement britannique a présenté la mesure comme temporaire. « Il y a encore beaucoup de travail sur le type et le calendrier des droits de douane qui pourront être négociés dans le cadre de l’OMC. »

Brexit

Une source diplomatique a confirmé que le Brexit avait été mentionné comme cause possible de perturbation des marchés affectant directement l’Irlande et certains autres pays membres, mais n’affectant l’UE qu’indirectement.

L’Allemagne, la Belgique, le Danemark, la France, l’Irlande et les Pays-Bas sont les pays les plus exposés à l’impact des décisions britanniques, a indiqué Phil Hogan. Les produits laitiers et le bœuf irlandais  sont en première ligne, puisque plus de 50 % de la viande bovine irlandaise est vendue au Royaume-Uni. Selon l’association des agriculteurs irlandais, l’introduction de droits de douane créerait un manque direct de près de 800 millions d’euros pour ce secteur.

Le commissaire a encouragé les ministres à se préparer à toutes les éventualités, étant donné l’incertitude qui plane toujours sur le Brexit et la forme qu’il prendra. Une source européenne indique cependant qu’il n’est pas entré dans les détails des plans d’urgence.

Le représentant du gouvernement britannique a également pris la parole, expliquant les précautions contenues dans le plan pour un Brexit dur, tout en insistant sur le fait que son exécutif voulait une sortie ordonnée de l’UE, avec un accord. Il aurait également tempéré la proposition de suppression des droits de douane, soulignant que Londres ne serait pas à même d’offrir cela à tous les membres de l’OMC, et que la mesure semble donc inapplicable.

Importations d’Ukraine

En ce qui concerne les perturbations provenant d’Ukraine, la conversation s’est conclue sur le constat qu’il ne s’agissait pas encore d’une vraie crise, mais plutôt d’un problème de surproduction dans le pays de l’Est, surtout à cette saison.

L’Ukraine est devenue un fournisseur de volaille important pour l’UE, avec 123 000 tonnes exportées vers les États membres l’an dernier. Environ 15 % du poulet importé par l’UE cette année devrait provenir de l’Ukraine.

Phil Hogan a expliqué que l’UE était en train de préparer un amendement à l’accord de libre-échange approfondi et complet avec l’Ukraine, afin de limiter l’importation de certains produits. Cet amendement devrait faire cesser les importations frauduleuses. À ce jour, des producteurs ukrainiens font en effet entrer un grand nombre de blancs de poulet dans l’UE en l’étiquetant comme «  autres découpes de poulet non désossées ».

L’UE et l’Ukraine appliquent provisoirement l’accord de libre-échange depuis le 1e janvier 2016, dans le cadre d’un accord d’association plus large remontant à novembre 2014. Après l’entrée en vigueur de l’accord de libre-échange, les exportations agricoles et alimentaires ukrainiennes vers l’UE ont augmenté de 32 %. Entre 2017 et 2018, les échanges agroalimentaires bilatéraux ont augmenté de 7 %. En 2017, l’Europe a enregistré un excédent commercial global de 3,5 milliards d’euros avec l’Ukraine.

Une série d’États, Danemark en tête, estime cependant que même s’il y a un problème dans le secteur de la viande, l’UE doit respecter ses engagements en termes de libre-échange.

D’autres pays, en particulier l’Espagne et le Portugal, ont par ailleurs été invités à faire preuve de vigilance, notamment en ce qui concerne la viande porcine, suite à l’apparition de la peste porcine.

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https://www.euractiv.fr/section/agriculture-alimentation/news/commission-reassures-member-states-about-meat-market-crisis-risks/