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Des raisons d’avoir peur ne manquaient pas avant le scrutin européen. Elles ont poussé à la mobilisation, analyse Jean-François Bouthor. Une tribune de notre partenaire, Ouest-France.
Jean-François Bouthor est éditeur et écrivain.
« L’Europe ne progresse jamais tant que lorsqu’elle se fait peur. En temps ordinaires, les Européens se perdent en atermoiements. Des raisons d’avoir peur ne manquaient pas avant le scrutin européen. Elles ont poussé à la mobilisation. Les résultats ne font pas disparaître les dangers d’un coup de baguette magique, mais montrent que l’Europe n’a pas dit son dernier mot, alors que beaucoup en disaient pis que pendre.
En France, Les Républicains sombrent dans la crise après avoir cru trouver leur salut du côté d’une droite catholique intransigeante, la France insoumise est frappée d’apoplexie, et le Parti socialiste, sans âme, se cherche en vain des alliés. Trois forces pèsent. La République en marche s’installe durablement dans le paysage politique.
Le Rassemblement national est contenu et l’on ne voit pas de quelles marges de progression il dispose (les Gilets jaunes ne l’ont pas fait spectaculairement progresser). Les Verts semblent promis à une progression s’ils parviennent à dominer en eux leur vieux syndrome gauchiste. Les questions qu’ils portent sont incontournables, et Yannick Jadot a montré sa capacité à les mettre en scène. L’avenir français et européen va se jouer en partie de ce côté-là. La jeunesse y est très sensible, et pour cause : elle est directement concernée. Quelque chose de nouveau commence.
Les équilibres chamboulés
Chez les Britanniques, la première place du parti du Brexit de Nigel Farage, pourrait bien être une victoire à la Pyrrhus : avec un peu plus de 30 % des voix, il montre que les pro-Brexit sont minoritaires et ouvre la possibilité d’une recomposition radicale du paysage politique britannique, dans laquelle il est loin d’être sûr de sortir gagnant. Et la perspective d’un nouveau référendum sur l’indépendance écossaise devrait rafraîchir les idées d’une partie des partisans du « no deal »… Comme celle de Orbán en Hongrie ou du PiS en Pologne, la victoire de Salvini en Italie n’est pas une surprise.
Si un pays s’en sort mal, c’est la Belgique : il n’y a plus en Flandres de force politique capable de s’opposer aux ultras. Les nationalistes « modérés » ont fait depuis des années la courte échelle aux durs de la NVA et aux ultras du Vlaams Belang… et l’on ne voit pas quel gouvernement fédéral va pouvoir se constituer.
Au Parlement européen, les équilibres d’hier sont chamboulés. Pour la première fois depuis longtemps, le jeu politique européen devient intéressant ! Les listes transnationales souhaitées par Emmanuel Macron n’ont pas existé, mais c’est bien à une lecture transnationale des résultats que les électeurs se prêtent maintenant. Plus que jamais. Oui, quelque chose bouge.
Les citoyens européens avaient besoin de cela pour sentir que l’Europe existe, qu’elle peut changer, face aux défis du monde, et que les choses ne se font pas sans eux. Les menaces leur ont fait prendre conscience de leur sort commun. Ils restent divisés – mais c’est le jeu de la démocratie -, mais s’intéressent désormais à eux-mêmes comme Européens. Si cela se confirme, c’est un changement majeur.
Au total, les urnes n’ont pas donné raison à ceux qui rêvent d’une Europe réduite à quia. Le populisme n’est pas loin d’avoir atteint le haut de sa courbe et les dirigeants nationaux sont mis au défi de se montrer à la hauteur du vote européen des électeurs.
D’ailleurs, en réclamant un poste à la Commission – qu’il n’aura pas -, Matteo Salvini semble avoir compris où l’avenir se décidera demain. Il n’a pas son pareil pour sentir comment tourne le vent du pouvoir ! »
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https://www.euractiv.fr/section/politique/opinion/la-peur-bonne-conseillere-en-europe/