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La France a promis de sortir du glyphosate plus rapidement que l’UE. Mais les plans Ecophyto sucessifs n’ont aucun résultat : l’utilisation des phytosanitaires continue de croître.
Volontaire sur la sortie anticipée du glyphosate, la France ne parvient toujours pas à entamer son sevrage des pesticides.
À l’occasion du colloque annuel du réseau Dephy, qui accompagne les agriculteurs dans la réduction de l’utilisation des phytosanitaires, le constat dressé par le ministre de l’Agriculture, Didier Guillaume, n’a guère laissé de place au doute. Malgré de nombreux plans nationaux visant à réduire les volumes d’utilisation des phytosanitaires dans le monde agricole, le bilan reste maigre.
« On en est bientôt au troisième plan Ecophyto et la consommation de pesticides n’a toujours pas baissé en France. C’est bien qu’il y a un sujet et qu’il faut passer à un niveau supérieur » a martelé le ministre de l’Agriculture lors du colloque qui se tient à Paris les 13 et 14 novembre.
« On ne peut pas continuer comme ça, faire des plans Ecophyto et à s’en laver les mains. Les résultats ne se sont pas retrouvés dans les ventes de produits » a-t-il souligné. De fait, malgré un premier plan Ecophyto lancé en 2008, la consommation de produits phytosanitaires a globalement augmenté de 12 % entre 2014 et 2016 en France.
En 2017 et malgré un nouveau plan Ecophyto adopté en 2015, l’utilisation des pesticides a continué à progresser avec une hausse de 0,3 %. Une tendance à contre-courant de l’objectif d’une baisse de 25% des quantités de pesticides utilisées dans l’agriculture française d’ici 2020 par rapport à 2008, et de moins 50% d’ici 2025.
L’opération de sevrage devrait pourtant reprendre avec la consultation publique organisée sur le plan Ecophyto II +. Présentée en avril, la nouvelle mouture du plan de réduction des pesticides va également intégrer l’objectif de sortie en trois ans du glyphosate. Une promesse portée par Emmanuel Macron qui anticipe sur le programme européen de sortie du glyphosate, prévu pour 2022.
Succession de plans
« On va sortir du glyphosate en 2020. Ce n’est même pas par obligation, mais si on veut que l’agriculture ne soit pas complètement déconnectée des préoccupations de la société et des consommateurs », a affirmé le ministre. « Nous avons tout le même objectif : produire mieux. Et cela veut dire produire avec moins de produits phytopharmaceutiques. Si nous ratons le tournant avec la demande des consommateurs européens et français, nous raterons un tournant historique »
Parmi les outils, le gouvernement va opérer un « fléchage important » du plan d’investissement de 5 milliards d’euros consacré à l’agriculture sur le volet des phytosanitaires.
Autre levier, celui de la future politique agricole commune (PAC), qui est actuellement en négociation à Bruxelles.
Mission de la PAC
« J’étais samedi avec le commissaire Hogan. La France et 19 partenaires européens n’accepteront pas une baisse du budget de la PAC. Mais ce n’est pas le seul maintien du budget qui sera important. Quelle PAC voulons-nous pour le futur ? » a rappelé le ministre.
« La PAC a un rôle à jouer, notamment avec le verdissement » « La PAC est à un tournant. La prochaine PAC devra accompagner cette transition [ ], cela fait partie des engagements de la France » a-t-il expliqué.
Efficacité des solutions de terrain
Si la tendance française d’utilisation des pesticides demeure loin des objectifs de réduction affichés, certains tests montrent toutefois que les solutions concrètes existent pour diminuer les volumes de phytosanitaires dans la production agricole.
Le réseau Dephy, qui accompagne 30 000 fermes de l’agriculture biologique et conventionnelle dans leur démarche pour réduire leur recours aux pesticides affiche des résultats encourageants.
Ainsi, le réseau a constaté une baisse moyenne de l’indice de fréquence de traitement (IFT) entre dans toutes les filières accompagnées. Même celle dont la dépendance à la chimie est particulièrement élevée. « Les consommateurs veulent des fruits, parfaits, sans piqure d’insecte, ce qui rend la filière arboriculture très dépendante des phytosanitaires », explique Baptiste Labeyrie, le spécialiste de Dephy pour la filière.
La filière qui compte notamment quelques 160 000 hectares de vergers, a toutefois vu l’utilisation de pesticides baisser dans toutes les espèces, parfois de manière importante comme dans la culture de clémentine ou les agriculteurs partenaires de Dephy utilise 40% de pesticides en moins par rapport à 2008. Sur d’autres cultures comme les pommes, le recul est plus modeste avec une baisse de 10 à 15%.