La COP 24 s’annonce comme une course contre la montre – EURACTIV.fr


Le sommet climat qui se tient en Pologne en décembre doit clarifier les règles permettant de transposer l’accord de Paris en actions climatiques concrètes. Il y a urgence.

Entre le 3 et le 14 décembre, une nuée de diplomates de tous les pays s’abattra sur l’ancienne ville minière de Katowice, dans le sud de la Pologne, pour la conférence annuelle de l’ONU sur le climat (COP). Cette année, elle est considérée comme la dernière chance de concrétiser les engagements de l’accord de Paris.

Les 1 400 représentants devront transformer une centaines de pages en un document de synthèse cohérent, et surtout acceptable pour les près de 200 pays qui ont ratifié l’accord de Paris depuis 2015.

La plupart de ces textes sont de nature technique, et se penchent par exemple sur la manière dont les pays pourraient comptabiliser et communiquer leurs émissions de gaz à effet de serre, ou leurs autres efforts de réduction du changement climatique. Ils cherchent tous à décrire des mesures que les gouvernements doivent prendre pour atteindre l’objectif de l’accord de Paris : limiter le réchauffement à « bien en deçà de 2°C », et si possible 1,5°C.

Les négociateurs n’ont pas beaucoup de temps : les sommets organisés à Marrakech et Bonn se sont centrés sur l’adoption d’un calendrier pour l’application de l’accord de Paris et sur les conséquences de la décision de Donald Trump de se retirer de l’accord.

Pour préparer la COP 24, les négociateurs se sont déjà rencontrés à Bangkok, afin d’essayer d’alléger le volume de documents et textes déjà examinés, afin que les représentants présents à Katowice n’aient plus qu’à choisir entre quelques options toutes prêtes.

Cette rencontre, qui a été décidée parce que les progrès étaient trop lents, n’a pas été déterminante, selon Patricia Espinosa, responsable du changement climatique à l’ONU. Une journée de négociation supplémentaire a donc été ajoutée au sommet de Katowice.

L’un de principaux sujets de discorde est une initiative chinoise de créer un ensemble de règles à deux vitesses, qui ferait une distinction entre pays développés et pays en développement sur une série de sujets. Une idée à laquelle se sont déjà opposés les États-Unis et l’UE.

Autre point épineux : la manière dont les pays ambitieux devraient définir leurs engagements, via leurs contributions déterminées au niveau national, ou NDC.

Les acteurs non étatiques sont aussi impliqués. Au sommet de Bonn, en 2017, deux délégations américaines ont mis en avant des attitudes diamétralement opposées sur le changement climatique. Le mois dernier, au sommet pour l’action climatique mondiale, plus de 4 000 responsables d’organisations ont appelé les gouvernements à mettre la main à la pâte à la COP 24.

Lors de l’assemblée générale des Nations unies à New York, la semaine dernière, le secrétaire général de l’organisation, António Guterres, a qualifié la lutte contre le changement climatique de « priorité absolue ».

« Les engagements pris [au sommet de Paris] sont universels, mais nous sommes loin de faire ce qu’il faut pour atteindre nos objectifs minimum », a-t-il regretté.

Emmanuel Macron a de son côté assuré qu’il ne signerait pas de grands accords commerciaux avec des pays qui ne « respectent pas » l’accord de Paris. Une allusion directe aux États-Unis de Donald Trump, mais aussi un avertissement pour les pays comme le Brésil ou l’Australie, qui envisagent de limiter sérieusement, voire totalement, leurs engagements.

Cette déclaration sera difficile à mettre en pratique, étant donné que la France ne signe pas d’accord commercial de manière indépendante, puisque c’est l’UE qui négocie ces traités.

Bruxelles voudrait cependant intégrer l’accord de Paris à sa politique commerciale et les accords de libre-échange en cours de négociation avec le Japon et le Canada incluent des mesures pour le climat.



https://www.euractiv.fr/section/climat/news/montowards-katowice-well-always-have-paris/