PAC « journée noire » pour les uns, avancée majeure pour les autres – EURACTIV.fr

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La réforme de la Politique agricole commune (PAC), qui a été adoptée par le Parlement européen ce mardi (23 novembre) et qui doit entrer en vigueur le 1er janvier 2023, aura divisé les esprits jusqu’à la dernière minute.

Il s’agirait d’un « jour important pour l’Europe », a déclaré l’eurodéputé allemand Manfred Weber, devant ses collègues réunis en séance plénière à Strasbourg ce mardi. « Nous ne pouvons pas être dépendants d’autres pour nous nourrir », a souligné le président du groupe conservateur (PPE), dont les membres auront voté en faveur de la nouvelle PAC « avec pleine conviction ».

Pour les Verts, au contraire, ce vote marque « une journée noire pour l’agriculture européenne », selon l’eurodéputé allemand Martin Häusling. « On change le titre et l’emballage, mais pas l’essentiel », a-t-il fustigé avant le vote, déplorant une « mauvaise » réforme qui « ruine l’agriculture en Europe ».

Tout ce que vous devez savoir avant le vote final sur la PAC

La politique agricole commune (PAC) de l’Union européenne (UE) est sur le point de connaître un tournant décisif. Mardi 23 novembre, le Parlement européen devraient donner leur feu vert à la réforme de la PAC. Alors, que faut-il savoir avant le vote ?

Côté français aussi, avocats et détracteurs de la future PAC auront défendus leurs positions jusqu’au bout.

« La PAC ne change pas fondamentalement », a déploré Benoît Biteau, eurodéputé français (Verts/ALE) et membre de la Commission de l’agriculture et du développement rural (AGRI) au Parlement européen, interrogé par EURACTIV France.

« On remet les mêmes mécanismes que jusqu’alors en selle pour sept ans de plus, alors que la science alerte qu’il faut agir dans les dix prochaines années » pour lutter contre le changement climatique, selon M. Biteau qui, avec plusieurs membres du groupe des Verts, avait appelé ses collègues à voter contre la réforme de la PAC.

« Oui, tout n’est pas parfait », a pour sa part reconnu l’eurodéputée française et membre de la Commission AGRI Anne Sander (PPE). Toutefois, la nouvelle PAC serait « l’antithèse du projet de décroissance promu par certains groupes politiques ». Les eurodéputés n’auraient « pas à rougir » d’une réforme qui offrirait, entre autres, un « soutien essentiel au revenu des agriculteurs ».

Même son de cloche au sein du groupe Renew Europe. « On peut toujours aller plus loin », a déclaré l’eurodéputée Irène Tolleret à EURACTIV France. « Mais cette PAC, qui est issue d’un long processus, est une bonne chose », a-t-elle poursuivie, soulignant l’importance de continuer à accompagner les agriculteurs européens.

« Les incertitudes administratives font partie du stress » qui pousserait de nombreux exploitants dans la détresse et, comme l’illustrent les chiffres en France, parfois jusqu’au suicide. Dans ce contexte, « nous devons de la sérénité aux agriculteurs », selon Mme Tolleret.

Si les détracteurs de la nouvelle PAC fustigent que celle-ci ne soit pas suffisamment alignée sur le Pacte Vert et qu’elle soit en contradiction avec la nouvelle stratégie alimentaire phare de l’UE, la stratégie De la ferme à la fourchette (Farm to Fork), « je ne vois aucune incohérence », a insisté l’eurodéputée. « La stratégie De la ferme à la fourchette donne une orientation globale, et la PAC est la boîte à outils pour la mettre en œuvre », selon Mme Tolleret, pour laquelle « cette PAC est la meilleure chance que nous avons de réaliser le Pacte Vert ».

« Le Parlement a été responsable et choisi la voie de la raison », s’est aussi réjoui Jérémy Decerle (Renew Europe, membre de la Commission AGRI). S’il restait évidemment des choses à améliorer – notamment en termes d’aide à l’installation des jeunes et de structuration des filières agricoles – la nouvelle PAC « sera mieux que celle que nous avons maintenant », a-t-il déclaré à EURACTIV.

Aux yeux de l’eurodéputé français Éric Andrieu (S&D), l’un des trois rapporteurs sur la réforme de la PAC, responsable du volet de l’organisation commune du marché, la réforme « comporte de réelles avancées pour les agriculteurs et les consommateurs ». Sa renationalisation via l’introduction de plans stratégiques nationaux (à travers lesquels les 27 Etats membres déclineront individuellement les objectifs de la nouvelle PAC) s’apparenterait en revanche à un « non-sens historique ».

« Tout repose maintenant sur le contenu des plans stratégiques nationaux », a-t-il rappelé devant ses collègues à Strasbourg ce mardi. « Or, au moment où nous votons cette PAC aujourd’hui, nous ne connaissons toujours pas le contenu de ces plans et nous ne savons donc pas s’ils seront alignés sur le Pacte vert et sur la stratégie De la ferme à la fourchette » – une situation qui reviendrait à un « déni démocratique », selon M. Andrieu.

Pour rappel, les 27 Etats membres de l’UE ont jusqu’au 31 décembre de cette année pour soumettre leurs plans stratégiques nationaux à la Commission européenne. L’institution sera ensuite chargée d’en évaluer le niveau d’ambition et l’alignement avec les objectifs de la nouvelle PAC, puis d’exiger des ajustements si nécessaire.

­Un processus auquel le Parlement européen ne pourra pas participer – et « quand la Commission européenne nous dit que nous serions associés, c’est uniquement des rêves », a indiqué Éric Andrieu à EURACTIV France. « On a clairement donné les clés du camion aux Etats membres. »

Or, « rien ne nous empêche de nous engager sur ce qui se passe dans nos pays respectifs », selon Irène Tolleret.

« Il sera à nous de regarder ce qui se passe dans les plans stratégiques nationaux et de mettre la pression sur la Commission européenne pour qu’il y ait une véritable ambition en lien avec le Pacte Vert dans ces plans », a aussi déclaré Benoît Biteau. Toutefois, ce « combat que nous devons maintenant mener sera beaucoup plus diffus », selon l’eurodéputé. Il alerte qu’il n’y aura plus que des « ajustements à la marge ».

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