Il ne faut pas oublier les acquis européens – EURACTIV.fr

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Les causes du rejet de l’Europe sont diverses et très variées. Elles ne devraient cependant pas nous faire oublier les acquis de l’UE, souligne Christian Lequesne. Une opinion de notre partenaire, Ouest-France.

Christian Lequesne a été directeur du Centre d’études et de recherches internationales (CERI) et est actuellement professeur de science politique à Sciences Po Paris.

Un député de La France insoumise, Adrien Quatennens, expliquait récemment à la radio que le Brexit était d’abord et avant tout une réaction au manque d’harmonisation sociale et fiscale. Voici une explication qui a du faire sourire tous les auditeurs qui connaissent un tant soit peu le Royaume-Uni. Les Brexiters durs au sein du Parti conservateur rejettent, en effet, l’Europe pour une raison qui est exactement inverse : ils l’estiment trop régulatrice et pas assez néolibérale.

Les motifs de rejet de l’Europe sont non seulement variés, mais parfaitement contradictoires d’un pays à l’autre. À quelques semaines des élections européennes, les eurosceptiques partagent cependant un point commun : leur amnésie des acquis. Ils oublient totalement de mentionner ce que l’Europe a apporté à notre continent depuis soixante ans. Il est tellement plus facile de dénigrer et de passer sous silence. Il est temps de renverser la tendance en offrant au débat politique national une lecture des réalisations objectives de l’Europe.

Oui, la construction européenne a apporté beaucoup d’acquis positifs aux peuples du continent que ces derniers ont intégrés au point de parfois les oublier. Cinq de ces acquis sont fondamentaux. Premièrement, l’Europe a garanti la paix du continent, non seulement entre la France et l’Allemagne après la Seconde Guerre mondiale, mais aussi entre l’Irlande et la Grande-Bretagne plus récemment.

Ce n’est pas pour rien que l’un des points les plus sensibles du Brexit est de savoir si la sortie de la Grande-Bretagne de l’Europe privera les deux Irlande de la garantie européenne de paix en imposant une nouvelle frontière.

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Verrou démocratique

Deuxièmement, l’Europe a permis la libre circulation des personnes, lesquelles ne sont pas d’abord des voleurs et des immigrés illégaux, mais des citoyens ordinaires. Il faut vivre les contrôles à la frontière entre le Canada et les États-Unis pour mesurer le formidable acquis dont nous disposons en Europe avec l’espace commun de circulation.

Un troisième acquis est l’intégration commerciale de l’Union européenne, due à un travail quotidien de rapprochement des normes. L’Europe est la première puissance commerciale du monde et, une fois de plus, il n’est pas fortuit qu’en sortir est ce qui inquiète les entreprises britanniques opposées au Brexit.

En quatrième lieu, l’Europe possède une politique redistributive en faveur des territoires les moins développés. On s’interroge à juste titre, en France, sur la périphérisation de certains territoires, notamment ruraux. On dit moins que de nombreuses routes, aménagements portuaires, mais aussi projets de réinsertion ont été et sont financés en partie par le budget de l’Europe.

Enfin, l’Europe repose sur un ensemble de valeurs qui sont celles de la démocratie et de l’État de droit. Le Premier ministre hongrois ne respecte pas l’indépendance de la justice ou se lance dans une campagne aux relents nauséabonds contre George Soros, il est immédiatement prié par l’Europe de s’expliquer et son parti est menacé d’exclusion du groupe dans lequel il siège au Parlement européen. Il y a là un verrou démocratique qui existe grâce à l’Europe.

Qui peut récuser objectivement ces cinq acquis ? Personne, car ce sont des réalités étayées par des faits. Elles méritent cependant d’être expliquées de façon claire, afin de ne pas laisser la place dans le débat public à la seule litanie des contre-vérités faciles à propos de l’Europe. En politique, l’oubli est rarement neutre.

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