GIEC : une urgence pour l’Europe – EURACTIV.fr

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« Les demi-mesures ne sont plus une option » a indiqué, dans un communiqué de presse le GIEC, qui a publié, lundi 28 février, le deuxième volet de son 6ème rapport d’évaluation, intitulé « Changement climatique 2022 : Impacts, Adaptation et Vulnérabilité ».

Ce rapport du groupe de travail II fait un état des lieux, par région du monde, de l’impact du changement climatique sur l’environnement, les individus, mais aussi les activités humaines, les infrastructures, l’économie… et il invite à davantage de mesures d’adaptation pour y faire face.

« Ce rapport reconnaît l’interdépendance du climat, de la biodiversité et des populations et intègre les sciences naturelles, sociales et économiques plus fortement que les évaluations précédentes du GIEC », a commenté Hoesung Lee, le président du GIEC.

Si les efforts pour réduire les émissions de gaz à effet de serre doivent se poursuivre – il s’agit ici d’atténuer le réchauffement climatique -, le rapport recommande de renforcer les démarches d’adaptation face au réchauffement. « Notre capacité à prospérer face à l’évolution du climat exige que nous fassions plus que réduire les émissions, a ainsi souligné John Kerry, l’envoyé spécial du président des États-Unis pour le climat, en réaction à la publication du GIEC. Nous devons également redoubler d’efforts pour nous adapter et construire des maisons, des ponts, des routes, des systèmes de santé et des systèmes alimentaires résistants au climat, dont nous dépendons. » 

Selon les auteurs du rapport, les actions doivent être immédiates et plus ambitieuses pour s’adapter au changement climatique. « Les mesures que nous prenons aujourd’hui détermineront la manière dont les populations s’adapteront et dont la nature réagira aux risques climatiques croissants » a poursuivi Hoesung Lee. 

Quatre principaux risques

Chargé d’évaluer les données scientifiques sur le climat, le GIEC propose ses travaux aux gouvernements afin de les aider à élaborer leurs politiques climatiques. Avant le groupe de travail II, qui a publié ce 28 février son rapport sur les impacts, l’adaptation et la vulnérabilité, le groupe de travail I, qui traite des fondements scientifiques physiques du changement climatique, avait publié sa contribution en août 2021. Le groupe de travail III, qui traite de l’atténuation du changement climatique, devrait publier son rapport en avril prochain.

La contribution du groupe de travail II fournit des informations régionales détaillées, notamment sur l’Europe. Dans cette région du monde, quatre principaux risques ont été identifiés face au changement climatique : les vagues de chaleur – avec leur corollaire de décès et de risque incendie -, les sécheresses – et leurs conséquences notamment sur la production agricole -, les inondations et l’élévation du niveau de la mer, et enfin la pénurie d’eau.

Sur ce dernier sujet, la synthèse du rapport indique, par exemple, qu’« en Europe méridionale, plus d’un tiers de la population sera exposée à une pénurie d’eau à un niveau de réchauffement planétaire de 2°C ; à un niveau de réchauffement planétaire de 3°C, ce risque doublera et des pertes économiques importantes pourraient survenir dans les secteurs dépendant de l’eau et de l’énergie ». 

D’une manière plus générale, dans de nombreuses régions d’Europe, « les mesures d’adaptation existantes et prévues ne sont pas suffisantes pour éviter le risque résiduel », en particulier au-delà de 1,5°C, poursuit le document. « Le risque résiduel peut entraîner des pertes d’habitats et de services écosystémiques, des décès liés à la chaleur, des mauvaises récoltes, le rationnement de l’eau pendant les sécheresses en Europe du Sud et la perte de terres. »

« L’adaptation progresse en Europe, mais demeure insuffisante face à la rapidité des changements » a commenté Gonéri Le Cozannet, chercheur au Bureau de Recherches Géologiques et Minières et co-auteur du rapport du GIEC, lors d’une conférence de presse dimanche 27 février. Les auteurs du GIEC préconisent, par conséquent, de nouvelles mesures d’adaptation, rapides et de longs termes. 

Leadership politique

Pour les mettre en pratique, il faudra toutefois dépasser les points bloquants actuels listés par le rapport du GIEC, tels que les ressources limitées, le manque d’engagement du secteur privé et des citoyens, la mobilisation insuffisante des financements, le manque de leadership politique et le faible sentiment d’urgence. « Il y a un effet de verrouillage dû aux choix passés, qu’ils soient industriels, économiques ou sociaux » et « au poids des habitudes » a souligné Gonéri Le Cozannet. « Ce sont les obstacles à l’adaptation en Europe. »

« Notre évaluation montre clairement que pour relever tous ces différents défis, il faut que tout le monde – gouvernements, secteur privé, société civile – travaille ensemble pour donner la priorité à la réduction des risques, ainsi qu’à l’équité et à la justice, dans la prise de décisions et les investissements », a plaidé Debra Roberts, la coprésidente du groupe de travail II du GIEC.

Les think tanks I4CE, IDDRI et La Fabrique Ecologique, qui ont organisé une conférence de presse jeudi 24 février en amont de la publication du rapport du GIEC, appellent également à davantage d’engagement politique en France et « que le sujet de l’adaptation soit mis en haut de l’agenda politique pour le prochain quinquennat ». 

Le risque climatique « n’est pas qu’une affaire de facteurs climatiques, c’est aussi un fait, une affaire de facteurs humains et finalement, de modes de développement » a insisté Alexandre Magnan, chercheur à l’Iddri et co-auteur du rapport du GIEC. 

L’IDDRI, I4CE et La Fabrique Écologique souhaitent notamment que les travaux du GIEC inspirent la future Stratégie française sur l’énergie et le climat, qui comprendra un Plan national d’adaptation au changement climatique révisé et dont les travaux de concertation sont en cours en vue jusqu’à juin prochain. « Toute la question, c’est de savoir à quel point ce volet [adaptation] sera ambitieux » a questionné Vivian Depouès, chef de projet Adaptation au changement climatique à l’I4CE. Réponse en juin. 

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