Français, Allemands… et Européens !

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Actualité


01.10.2018

Marie Guitton

Une centaine de lycéens et étudiants se sont retrouvés à l’hôtel de la région Grand Est, à Metz, le 27 septembre. Venus de Metz, Toul, Nancy, Homburg, Kaiserslautern ou encore Sarrebruck, ils ont échangé leurs points de vue sur l’Union européenne. Ces jeunes Français et Allemands prônent une intégration maximale et la multiplication des échanges citoyens en Europe, avec trois priorités : « l’écologie, l’éducation et la citoyenneté européenne ».

Des ateliers franco-allemands ont été organisés avant la consultation citoyenne - Crédits : Marie Guitton / Toute l'Europe

Des ateliers franco-allemands ont été organisés avant la consultation citoyenne – Crédits : Marie Guitton / Toute l’Europe

Ils sont venus des côtés français et allemand de la Grande Région, cette zone de coopération au cœur de l’Europe qui réunit 11,5 millions d’habitants de Lorraine, de Sarre, de Rhénanie Palatinat, mais aussi du Luxembourg, de Wallonie et des Communautés germanophone et française de Belgique.

Ils ne le remarquent même plus, mais pour eux, les échanges transfrontaliers sont une réalité quasi quotidienne. Et pourtant, au-delà d’Erasmus dont ils entendent souvent parler, l’Union européenne les laisse perplexes. Qui sont ses dirigeants ? Quel est le rôle des institutions ? Quels sont les pouvoirs de l’UE ?

Jeudi 27 septembre, à l’appel des centres d’information Europe Direct, une centaine de jeunes âgés de 15 à 22 ans ont participé à des ateliers organisés à Metz, dans l’hôtel de la région Grand Est, suivis d’une consultation citoyenne sur l’UE. « L’Europe est à vous ! Es ist dein/ihr Europa ! », proclamait le titre de cette rencontre transfrontalière.

« Nous sommes un peu, ici, sur la terre des bâtisseurs de l’UE. La maison natale de Robert Schuman se trouve à quelques kilomètres », a rappelé Danièle Noël, conseillère municipale en charge de l’Europe à Nancy. « Mais je vous ai entendu le dire : on n’est plus au temps du charbon et de l’acier. Aujourd’hui, il faut rebondir avec un autre projet. Alors soyez fous, utopistes, et proposez-nous un idéal comme les pères fondateurs en leur temps… »

Des échanges commerciaux « plus durables »

Lentement, au cours de la matinée, les lycéens de Seconde, 1ère et Terminale, et quelques élèves en BTS se sont emparés du livre blanc publié en mars 2017 par la Commission européenne sur les scénarios d’avenir pour l’Europe. Un échange en petits groupes franco-allemands, et l’occasion d’enfin comprendre le fonctionnement de l’UE, expliqué simplement par les animateurs. « Il faudrait plus d’informations, on ne sait pas tout ça… », ont conclu les élèves. Les institutions ont bien leurs sites web et comptes Twitter, Facebook ou Instagram. Mais les contenus auxquels ils renvoient découragent les jeunes. « Pour nous, internet, c’est du son, de l’image, des podcasts, quelque chose qui bouge… On n’a pas envie de passer très longtemps à lire des blocs de textes longs et complexes », ont-ils lancé plus tard.

Par paresse ? Dès lors qu’elle s’empare des problématiques européennes, la relève ne manque en tout cas pas de doléances : renforcer l’équivalence des diplômes, multiplier les échanges au-delà du franco-allemand, informer les élèves plus tôt des possibilités de mobilité et de bourses qu’offrent l’Europe et les organismes de coopération multilatéraux, faciliter la recherche d’un travail à l’étranger, assurer la sécurité des Européens tout en protégeant leur « sphère privée »… Et surtout : « Pour nous, les priorités, c’est l’écologie, l’éducation, et la citoyenneté européenne », a résumé une porte-parole à la tribune de l’hôtel de région, en citant l’économie circulaire, le recyclage et la promotion d’échanges commerciaux « plus durables ».

« Créer une culture européenne »

Liée à la citoyenneté et au sentiment d’appartenance à l’UE, une lycéenne a aussi appelé à « créer une culture européenne ». Mais comment faire ? « Une culture, ça se crée un peu tout seul, reconnaît-elle. En partageant avec l’autre, en voyant le mode de vie des autres, en s’en inspirant… ça se fait avec le temps, mais pour moi c’est important. » Au sein de la Grande Région, les Allemands mangent du pain noir et les Français du pain au chocolat. Goûter, voir… cela attise la curiosité, ça « donne envie » d’Europe, acquiesce Danièle Noël.

Sans surprise, à l’issue des ateliers de travail, l’immense majorité de ces jeunes frontaliers a donc voté pour le scénario numéro 5 proposé par la Commission. Plutôt que le statut quo, plutôt qu’une Europe à plusieurs vitesses ou recentrée autour de quelques prérogatives, ils prônent l’intégration maximale à l’horizon 2025 : « Les États membres décident de mettre en commun davantage de pouvoirs et de ressources ; l’Union européenne décide de faire beaucoup plus dans tous les domaines d’action ».

Plus facile à dire qu’à faire, quand on connaît les divergences actuelles des 27. Pour les citoyens, l’effort d’imagination n’est pas évident non plus. Deux « idées folles » ont tout de même été proposées au cours de la consultation. Donner mille euros à chaque jeune, par tranches versées tout au long de sa scolarité, pour qu’il réalise un projet en lien avec l’Europe à la fin du lycée : « ça créerait des discussions à l’école… Qu’est-ce que tu vas faire, toi, avec cet argent ? », imagine un professeur de Kaiserslautern. Une Française de 22 ans, en service civique à Sarrebruck, en Allemagne, suggère quant à elle que « chaque enfant qui entre en 6e ou en seconde par exemple se voie attribuer, par le jeu du hasard, un correspondant d’un autre pays de l’UE ». Ces « co-citoyens » partageraient leurs connaissances de l’Europe, en parallèle d’un programme sur l’UE instauré en cours dans tous les établissements scolaires du continent.

Sixtine Bouygues, directrice générale adjointe de la communication à la Commission européenne, a noté ces propositions : « Votre opinion sera prise en compte puisque cette consultation fera l’objet d’un rapport qui sera remis aux chefs de l’Etat et de gouvernement en décembre. Donc vous voyez, votre voix compte. »

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