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Actualité
12.09.2018
A huit mois des élections européennes de mai 2019, Jean-Claude Juncker a prononcé, mercredi 12 septembre, son dernier discours sur l’état de l’Union. Pour le président de la Commission européenne, l’heure est aujourd’hui celle de la « souveraineté européenne« , en opposition au « poison » du nationalisme et en vue de faire de l’Europe un véritable « acteur global« .
Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, lors de son discours sur l’état de l’Union. Crédits : Matthieu Cugnot / Parlement européen / Union européenne 2018.
C’est devant un hémicycle pas toujours plein et dans une atmosphère feutrée que Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, a prononcé mercredi 12 septembre le traditionnel discours sur l’état de l’Union. Evénement existant depuis 2010, il s’agit d’un moment politique et symbolique fort pour l’Union européenne, malgré un retentissement médiatique toujours très modeste, du moins en France.
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« Pas de torses bombés »
Il s’agissait donc du dernier exercice de ce type pour le chef de l’exécutif européen, non candidat à sa succession, alors que les prochaines élections européennes auront lieu en mai 2019. Mais si certains attendaient de Jean-Claude Juncker un premier bilan de son action à la tête de la Commission, cette option a été balayée dès les premières secondes d’allocution. « Le travail continue« , a d’emblée prévenu M. Juncker, comme pour prévenir que la campagne électorale n’avait pas encore débuté. « Pas d’autosatisfaction. Pas de torses bombés. Modestie et travail, voilà l’attitude que la Commission fera sienne« , a-t-il déclaré.
Pendant un peu plus de 50 minutes, s’exprimant très majoritairement en français, le président de la Commission a ainsi décliné les grands axes de son action pour les derniers mois de la mandature. Au cœur de son message, la « nécessité de partager nos souverainetés« . « L’heure de la souveraineté européenne a définitivement sonné« , a-t-il clamé, faisant notamment écho à Emmanuel Macron qui a également insisté sur ce thème lors de ses discours de la Sorbonne en septembre 2017 ou au Parlement européen en avril 2018.
« Parler d’une seule voix »
Car à en croire Jean-Claude Juncker, il s’agit d’une double nécessité pour faire face à la fois aux défis internes et externes qui se dressent face à l’Europe. Au sein de l’Union européenne se multiplient en effet les foyers de nationalisme. « Un poison pernicieux« , pour le chef de l’exécutif européen. Il convient d’y répondre par la « souveraineté européenne« , qui « provient des souverainetés nationales » et « ne sera jamais dirigée contre les autres« . M. Juncker n’a nommément cité ni la Pologne ni la Hongrie, cette dernière ayant fait quelques heures après l’objet d’un vote en faveur de sanctions pour ses atteintes à l’Etat de droit, mais cette mise en garde leur était destinée.
Vis-à-vis du reste du monde également, Jean-Claude Juncker a énuméré les raisons qui, selon lui, devraient convaincre les Européens de « parler d’une seule voix« . Pour défendre les intérêts commerciaux européens, notamment face aux Etats-Unis de Donald Trump. Pour condamner publiquement les atteintes aux droits de l’homme, commis par exemple par la Chine. Pour renforcer « le rôle international de l’euro« . Pour « construire un nouveau partenariat avec l’Afrique (…) entre égaux » et prolonger l’action du plan d’investissement extérieur de l’UE qui a mobilisé à ce jour 24 milliards d’euros sur ce continent. Pour, in fine, faire de l’Europe un véritable « acteur global » sur la scène internationale. C’est pourquoi Jean-Claude Juncker a plaidé devant les eurodéputés pour le passage au vote à la majorité qualifiée et l’abandon de l’unanimité pour les questions de politique étrangère.
Agenda chargé
Au cours des semaines à venir, jusqu’au sommet de Sibiu (Roumanie) du 9 mai 2019 qui sera le coup de sifflet final officieux du travail de la Commission européenne, M. Juncker entend donc œuvrer pour faire progresser cette « souveraineté européenne« . En parallèle, a-t-il annoncé, plusieurs chantiers législatifs entamés devront avoir été conclus.
Parmi ces derniers figure le vote du prochain cadre financier pluriannuel, qui désigne le budget européen pour la période 2021-2027. La Commission européenne a présenté ses propositions en mai dernier et plaide pour qu’un accord soit trouvé au sein des Etats membres puis approuvé par le Parlement européen avant les élections européennes. Une gageure à ce stade, tant les demandes nationales paraissent divergentes et alors que de nombreuses voix s’élèvent pour faire du budget un sujet de campagne.
Jean-Claude Juncker espère également que sa proposition d’abolir le changement d’heure semestriel, qui semble recueillir un vaste soutien populaire, aboutisse au cours des prochaines semaines. Tout comme l’interdiction des plastiques à usage unique, ainsi que l’établissement d’une législation qui permette la taxation des géants du numérique « là où ils réalisent leurs bénéfices« . Un élément opportunément évoqué en allemand alors que Berlin rechigne à s’attaquer frontalement à l’activité des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft).
« Isolement »
A l’approche de l’échéance électorale, où la poursuite de la poussée populiste et europhobe est annoncée, M. Juncker a donc tenu à rappeler l’ensemble des domaines pour lesquels les institutions européennes sont encore en mesure d’agir, même si le temps est compté et que les stratégies partisanes se mettent en place.
Impossible toutefois d’évaluer la portée de ce discours sur les dirigeants et parlementaires européens. Les derniers mots de M. Juncker, au lyrisme assumé, ont certes été accueillis par des applaudissements nourris et une standing-ovation, mais l’aura politique du président de la Commission demeure néanmoins limitée.
Certains clivages semblent de surcroît difficilement dépassables à court terme. Le sujet des migrations divise profondément les Etats membres. « Nos propositions sont connues« , a-t-il rappelé, indiquant refuser que son institution ou le Parlement européen servent de « boucs-émissaires » pour les divergences des gouvernements. De la même manière, Jean-Claude Juncker a tenu à dénoncer « l’isolement » dans lequel s’est retrouvé son vice-président Frans Timmermans au moment d’affronter la Pologne pour les infractions répétées à l’Etat de droit.
« Plantons aujourd’hui les arbres à l’ombre desquels nos arrière-petits enfants (…) puissent grandir et respirer en paix« , a-t-il déclaré en conclusion, laissant aux dirigeants et citoyens européens de quoi méditer.
Au cours de son discours sur l’état de l’Union, Jean-Claude Juncker a également consacré quelques minutes au Brexit. Dans ce seul passage prononcé en anglais, le président de la Commission a brièvement rappelé les trois « principes » qui doivent guider les négociations du côté européen : on ne peut quitter l’UE et rester dans le marché unique, encore moins « à la carte » ; il faut préserver l’absence de frontière entre les deux Irlande ; le Royaume-Uni « ne sera jamais, à nos yeux, un pays tiers comme les autres« .
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