Union européenne, Chine, Etats-Unis… qui émet le plus de gaz à effet de serre ?

Malgré l’accord de Paris visant à limiter le réchauffement climatique, les émissions de gaz à effet de serre continuent d’augmenter dans le monde. Une tendance à laquelle les grandes puissances contribuent à des degrés divers.

L'Union européenne, la Chine et les Etats-Unis comptent parmi les plus gros émetteurs de gaz à effet de serre au monde
L’Union européenne, la Chine et les Etats-Unis comptent parmi les plus gros émetteurs de gaz à effet de serre au monde – Crédits : Schroptschop / iStock

Après une légère baisse en 2020 due à l’impact de la pandémie, en 2021, les émissions de gaz à effet de serre (GES) sont reparties à la hausse. Elles ont ainsi atteint 52,8 gigatonnes en équivalent CO2 (GtCO2e), contre 52,6 en 2019 selon le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE).

Depuis 2010, les émissions mondiales de GES augmentent de 1,1 % par an en moyenne. Seul motif de satisfaction : le rythme de croissance de ces émissions semble cependant ralentir, puisqu’il était de l’ordre de 2,6 % par an entre 2000 et 2009.

Les gaz à effet de serre : les gaz à effet de serre (GES) absorbent une partie des rayons solaires en les redistribuant au sein de l’atmosphère. Les principaux GES émis par l’activité humaine sont la vapeur d’eau (H2O), le dioxyde de carbone (CO2), l’ozone (O3), le méthane (CH4) et le protoxyde d’azote (N2O).

Sans ces gaz, la température moyenne sur Terre serait de -18°C et la vie impossible. Mais l’augmentation de leur concentration dans l’atmosphère, liée aux activités industrielles humaines depuis le XIXe siècle, entraîne un important réchauffement climatique.

Le dioxyde de carbone (CO2) est le gaz le plus abondant émis par les activités humaines. A lui seul, il est responsable des deux tiers de l’effet de serre. C’est pourquoi on mesure traditionnellement l’effet des autres gaz à effet de serre en “équivalent CO2” .

Le CO2 a la particularité de rester longtemps dans l’atmosphère. Les émissions actuelles auront donc un impact sur la température du globe pendant des dizaines d’années.

La Chine et les Etats-Unis sont les plus grands émetteurs

Au-delà de la tendance globale, l’émission de gaz à effet de serre relève principalement de la responsabilité des grandes puissances économiques et industrielles. Les quatre principaux émetteurs (Chine, Etats-Unis, UE27 et Inde) contribuent en effet à plus de 55 % des émissions totales au cours de la dernière décennie. Par ailleurs, en 2020, l’ensemble des pays du G20 représente 75 % des émissions mondiales.https://e.infogram.com/45f9a56d-590d-49e9-b468-6fb28c38d12e?src=embed

Parmi ces puissances, certaines ont déjà entamé une décrue de leurs émissions, tandis que d’autres continuent de rejeter de plus en plus de gaz à effet de serre. Le graphique suivant, issu du rapport du Programme des Nations unies pour l’environnement, illustre ces tendances pour les six principaux émetteurs depuis 1990 (en GtCO2e). La courbe en noir représente les émissions dues au transport international de marchandises.

émissions de GES en gigatonnes CO2 depuis 1990 pour les 6 principaux émetteurs
Emissions de GES en gigatonnes équivalent CO2 depuis 1990 pour les principaux émetteurs
Source : Rapport PNUE 2022

En valeur absolue, la Chine reste ainsi de loin le plus important émetteur de gaz à effet de serre. A lui seul, le pays émet plus d’un quart des émissions mondiales de GES. Dans les années 2000, le pays a connu une forte augmentation de ces émissions, entraînée par une croissance économique soutenue. L’essor chinois repose en effet principalement sur la consommation de charbon, l’énergie la plus polluante. La réduction de son usage du charbon a toutefois entrainé un ralentissement de ses émissions de GES, qui ont plafonné entre 2014 et 2016, avant d’augmenter de nouveau. Entre 2019 et 2021, la Chine a vu une augmentation de 5,9 % de ses émissions, en grande partie liée à la reprise post-Covid.

Les Etats-Unis sont le deuxième plus gros émetteur, avec près de 6 % des émissions mondiales de GES. Depuis 2010, les émissions connaissent une légère baisse (0,4 % par an), grâce à l’abandon du charbon au profit d’énergies renouvelables et du gaz. Malgré le revirement de la politique climatique sous la présidence Trump, le charbon devenu moins rentable a continué à perdre du terrain. Suite à la pandémie de Covid-19, les émissions ont exceptionnellement baissé de 6,7 % entre 2019 et 2021.

Bien que son taux d’émissions de GES par habitant soit l’un des plus faibles, l’Inde se place à la 3e place des plus grands émetteurs, avec plus de 3 % des émissions mondiales de GES. En 2019, les émissions du pays ont augmenté de 1,4 %, soit moins que la moyenne de 3,3 % d’augmentation par an dans la dernière décennie. A l’instar de la Chine, la croissance économique rapide du pays a entrainé une forte progression de ses émissions de GES. Néanmoins, l’Inde s’est engagée à se tourner vers les énergies renouvelables. Elle a connu une augmentation de ses émissions de 3,2 % entre 2019 et 2021.

L’Union européenne émet un peu plus de 3 % des émissions mondiales de GES, suivant l’Inde de près. Les émissions des 27 Etats membres et du Royaume-Uni ont diminué de 1,5 % par an dans la dernière décennie, avec un recul de 3 % en 2019. Cette baisse est notamment due à la diminution des émissions du secteur de l’électricité (près de 15 %, grâce au remplacement progressif de l’électricité produite à partir du charbon). Comme les Etats-Unis, l’UE a vu une baisse de ses émissions entre 2019 et 2021 (- 4 %).

À LIRE AUSSI

Pétrole, charbon, nucléaire : quel est le mix énergétique des pays de l’UE ?

A la 5e place des émissions mondiales, la Russie émet un peu moins de 3 % des émissions mondiales. Les difficultés économiques et la récession qui ont suivi l’effondrement de l’URSS ont fait chuter ses émissions de GES. En 2003, son niveau d’émission était inférieur de 30 % à celui de 1990. Cependant, ce pays doté de terres rares s’appuie largement sur l’exploitation de ses ressources en gaz et pétrole, provoquant le rejet d’une grande quantité de CO2. Ces dernières années, la Russie a constaté directement les effets du changement climatique, notamment la fonte du permafrost et de nombreux feux de forêt. Elle a par ailleurs rejoint l’accord de Paris en 2019. Avec la reprise post-Covid, la Fédération de Russie a connu une augmentation de ses GES de 3,9 % entre 2019 et 2021.

À LIRE AUSSI

Environnement et climat : la politique européenne en 3 minutes

Le classement des pays change lorsqu’on prend en compte les émissions par habitant. Les Etats-Unis dépassent alors les autres émetteurs avec 14 tonnes équivalent CO2 (tCO2e) par tête, suivis de près de la Russie avec 13 tCO2e. La Chine est 3e du classement, avec 9,7 tCO2e par personne, suivie par le Brésil et l’Indonésie avec 7,5 tCO2e. L’UE27 est 6e du classement avec 7,2 tCO2e. En Inde, les émissions par habitant atteignent 2,4 tCO2e.

Emissions de GES par habitant en 2020
Emissions de GES par habitant en 2020
Source : Rapport PNUE 2022

À LIRE AUSSI

Emissions de CO2, marché carbone, transports… comment l’Union européenne lutte contre le changement climatique

Les engagements de réduction des émissions

Les plus gros émetteurs de gaz à effet de serre ont un rôle important dans la réalisation des objectifs climatiques internationaux, car ils déterminent en grande partie les tendances mondiales en matière d’émissions. Tous signataires de l’accord de Paris de 2015, les pays du G20 devraient être en deçà de leurs engagements nouveaux ou actualisés d’après les dernières estimations. En d’autres termes, il existe actuellement un déficit de mise en œuvre des mesures visant à réduire les émissions de GES, explique le rapport du PNUE. Néanmoins, pour la plupart des membres du G20, l’estimation du niveau d’émissions pour 2030 dans le cadre des politiques actuelles est plus faible que dans le précédent rapport du PNUE de 2021.

Adopté par les 195 délégations présentes lors de la Conférence des parties de 2015 (COP 21) sur les changements climatiques, l’accord de Paris vise à éviter un changement climatique trop dangereux en limitant le réchauffement de la planète à 2 °C maximum par rapport aux niveaux préindustriels. Pour atteindre cet objectif, les pays signataires doivent dans un premier temps “parvenir au plafonnement mondial des émissions de gaz à effet de serre dans les meilleurs délais”.

L’Union européenne s’était fixé, dans le cadre du Paquet 2020, un objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 20 % par rapport aux niveaux de 1990. Or cette réduction avait déjà atteint 33,3 % en 2020 selon Eurostat, permettant à l’UE de respecter ses engagements.

L’Union européenne a par ailleurs récemment inscrit, dans sa contribution pour l’accord de Paris, un objectif de réduction de ses émissions d’au moins 55 % d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 1990, au-delà de l’objectif précédent de 40 %.

Mais ce nouveau seuil semble pour le moment difficile à atteindre. En raison des politiques adoptées dans les domaines du climat, de l’énergie et du transport, les émissions de l’UE 27 peuvent diminuer d’environ 45 % d’ici 2030. Mais les efforts exigés dans le cadre du Pacte vert et du plan de relance européen pourraient lui permettre d’aller plus loin.

Le retour des Etats-Unis dans l’accord de Paris sous la présidence de Joe Biden a été saluée en vue des objectifs climatiques à long terme. D’après les dernières projections, la loi sur la réduction de l’inflation (IRA) devrait réduire les émissions d’environ 1 GtCO2, ce qui rapprocherait les Etats-Unis de l’objectif de CDN pour 2030, souligne le PNUE.

Désormais, 166 pays représentant environ 91 % des émissions mondiales de GES en 2019 (Climate Watch 2022) ont soumis de nouvelles CDN ou mis à jour leurs objectifs, contre 152 au moment de la COP 26. Rappelant l’importance des ambitions climatiques, le rapport montre toutefois que “la mise en œuvre des engagements actuels ne permettra de réduire [la hausse des températures] qu’à 2,4-2,6°C d’augmentation d’ici la fin du siècle”.

Union européenne, Chine, Etats-Unis… qui émet le plus de gaz à effet de serre ? – Touteleurope.eu