Élections européennes, un combat binaire? – EURACTIV.fr


Les élections se réduisent-elles à un combat « progressistes », partisans d’une Europe forte, à relancer, contre « populistes », des « marchands de peur » qui veulent fermer les frontières et mettre l’Union en panne. Un article de notre partenaire, Ouest-France.

Cette approche voudrait que seules comptent trois grandes listes aux prochaines élections européennes : une conduite par La République en marche et ses alliés, progressistes autoproclamés, contre deux emmenées par les extrêmes, à droite avec le Rassemblement national, à gauche avec la France insoumise. Jean-Luc Mélenchon s’est d’ailleurs inscrit dans cette logique à sa manière, en proposant de faire du scrutin « un référendum anti-Macron ».

Ce jeu à trois, que David Cormand, secrétaire national d’Europe Écologie les Verts, appelle « le triangle des Bermudes », n’est pas du goût des autres. Et tous, ou presque, chantent la même chanson : il existe « une autre voie », quelque part entre LREM, RN et FI, une alternative que chacun prétend pouvoir incarner. Au lieu d’une bipolarisation du scrutin, c’est à une multiplication des propositions qu’il faut s’attendre.

À gauche, d’abord, quatre partis sont entrés en campagne en ordre dispersé. Les communistes ont été les tout premiers à se déclarer et à nommer leur tête de liste, Ian Brossat. La France insoumise fera cavalier seul, tout comme les Verts et le Parti socialiste, qui doit impérativement faire un bon score pour se prouver qu’il n’est pas mort.

LREM part en campagne contre les « ennemis de l’Europe »

Le parti présidentiel a lancé sa campagne pour les élections européennes en rendant compte d’un consultation sur l’Europe effectuée au printemps dernier auprès de 71.000 Français. LREM veut se poser en seul parti véritablement pro-européen.

 

« Recomposition » en cours

À droite, ensuite, depuis que Nicolas Dupont-Aignan s’est lancé, dimanche. Son appel public à l’union des droites, tout en ironie, ne fait que confirmer qu’il ne peut y en avoir. Debout la France aura sa liste, conduite par ses soins. Qui sera différente de celle des Républicains et de celle du Rassemblement national.

Au centre, enfin, où l’on se positionne autour de LREM en cette rentrée. Le mouvement a présenté, hier, les résultats de sa « Grande marche pour l’Europe »,et continue à rechercher des alliances à l’échelle de l’Union. Guy Verhofstadt, patron des démocrates et libéraux (ADLE) au Parlement, a dit oui, d’autres suivront…

Ce qui agace les « alliés naturels » français de la majorité présidentielle, qui se sentent oubliés. Le MoDem l’a manifesté lors de l’élection du président de l’Assemblée nationale. Il fera pourtant bien campagne avec elle, après négociation… mais pas forcément l’UDI et Agir. Les « constructifs »vis-à-vis du gouvernement à l’Assemblée nationale voudraient monter leur propre liste.

Régionalisée, l’élection de 2014 permettait la prolifération de listes locales (dont 25 dans l’Ouest, et jusqu’à 31 en Ile-de-France). Mais six groupes seulement avaient franchi la barre des 5 %. Devenu national, le scrutin du 26 mai 2019 sera automatiquement moins couru. Huit listes au moins en seront. Neuf si l’UDI et Agir font cavalier seul. Plus de dix si certains concurrents isolés (Benoît Hamon, Guy Asselineau, Florian Philippot…) trouvaient les fonds nécessaires.

Moralité ? Le paysage politique français, toujours en « recomposition », n’est pas prêt pour une « polarisation » des débats. C’est synonyme de bonne santé démocratique… et d’une inquiétante faiblesse à l’heure où les menaces qui pèsent sur la construction européenne devraient plutôt convaincre ses partisans de faire front commun.



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