Egalité entre les femmes et les hommes : où en est-on dans l’Union européenne ?

Dans l’UE, les femmes sont encore en moyenne payées 12,7 % de moins que les hommes – Crédits : Bulat Silvia / iStock

Que ce soit au travail ou à la maison, l’égalité femmes-hommes est encore à atteindre. Si les écarts sont plus ou moins importants selon les Etats membres, les réduire constitue de manière générale un long processus. En 2022, les Etats membres de l’UE ont obtenu une note moyenne de 68,6 sur 100 en termes d’indice d’égalité de genre, outil de mesure conçu par l’Institut européen pour l’égalité entre les hommes et les femmes. Une note qui n’a progressé que de 5,5 points depuis 2013, année de mesure la plus ancienne sur le site de l’institut.

Stratégie en faveur de l’égalité hommes-femmes 2020-2025

Cette stratégie de la Commission européenne, présentée en mars 2020, vise à servir de fil conducteur aux actions de l’UE en matière de lutte pour l’égalité entre les sexes. Parmi les objectifs poursuivis figurent : la fin des violences et des préjugés sexistes, une égalité de participation et de chances sur le marché du travail ou encore l’équilibre entre hommes et femmes en matière de prise de décision et dans le domaine politique. En mars 2021, l’exécutif européen a lancé un portail de suivi (en anglais) de la stratégie.

Les écarts de salaire

Les inégalités hommes-femmes se reflètent notamment à l’endroit des salaires. En 2021, les femmes gagnaient en moyenne 12,7 % de moins que les hommes dans l’UE, d’après Eurostat.

L’écart grimpe jusqu’à 20,5 % en Estonie. Le Luxembourg est en revanche le premier pays de l’UE, et ce pour la première année, où les femmes sont légèrement mieux payées que les hommes, avec des salaires 0,2 % plus élevés. Quant à la France, elle se situe au-dessus de la moyenne européenne en matière d’inégalités salariales, les hommes y gagnant 15,4 % de plus que les femmes.

Le taux d’emploi des femmes et des hommes en Europe

Selon Eurostat, 66,1 % des femmes de 20 à 64 ans occupaient un emploi en 2020 dans l’UE. Un taux en augmentation depuis près de dix ans (60,9 % en 2011). Mais il reste inférieur de plus de 10 points à celui des hommes : en moyenne, 77,2 % d’entre eux avaient un emploi dans l’UE en 2020.

L’écart entre les taux d’emploi des femmes et des hommes est donc toujours considérable dans de nombreux pays. C’est à Malte que les inégalités entre les sexes sont les plus marquées en la matière, avec une différence de près de 20 points : seuls 67,8 % des femmes de 20 à 64 ans avaient un emploi en 2020 contre 85,6 % des hommes. A l’inverse, c’est en Lituanie, où 75,8 % des femmes travaillaient à cette période contre 77,5 % des hommes, que l’écart est le plus faible.

Même lorsqu’elles ont la possibilité de travailler, les femmes le font bien plus souvent que les hommes à temps partiel, notamment pour s’occuper de leurs enfants. Les politiques publiques visant à ce que la parentalité n’éloigne pas durablement du marché du travail sont ainsi déterminantes, comme celles relatives au congé parental. Un lien peut ainsi être observé entre le montant de ce dernier et le nombre d’hommes qui le prennent, lesquels contribuent à un taux d’emploi plus important des femmes. Une directive européenne a été adoptée en juin 2019 sur “l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée des parents et des aidants”. Mais contrairement à ce que souhaitait la Commission européenne, à savoir une rémunération minimale du congé parental à hauteur d’un arrêt maladie, l’opposition de la moitié des Etats membres a conduit le texte final à ne pas comporter de seuil minimal, seul un “niveau adéquat” étant requis.

L’accès aux postes clés de l’UE

En moyenne, les hommes occupent davantage de postes à responsabilité que les femmes.

Dans les parlements nationaux de l’UE, seuls 31,5 % des élus étaient des femmes en mars 2023, selon la Fondation Robert Schuman. Le Parlement européen compte quant à lui 37,8 % d’élues parmi ses députés. 

L’égalité hommes-femmes constitue une priorité d’Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne depuis 2019 et première femme à diriger l’institution. Actuellement, 13 commissaires sur 27 sont des femmes, contre neuf sous la présidence de Jean-Claude Juncker (2014-2019). Une sensible amélioration, qui place le collège des commissaires proche de la parité que souhaitait réaliser Mme von der Leyen à sa nomination. 

En termes de postes d’encadrement à la Commission, la part des femmes était de 41 % en mars 2020, conformément à l’engagement de M. Juncker d’atteindre 40 % au 31 octobre 2020. Cependant, les femmes demeurent sous-représentées dans les postes liés à la prise de décision économique, domaine traditionnellement considéré “masculin”, fait savoir la Fondation Robert Schuman. De manière générale, des progrès importants ont été réalisés, mais ceux-ci doivent être poursuivis. En mars 2020, la Commission européenne a annoncé l’objectif d’atteindre la parité à tous ses niveaux hiérarchiques d’ici la fin de l’année 2024, à savoir la fin du mandat de sa présidente.

Dans les Etats membres de l’UE, les cheffes d’Etat et de gouvernement (hors têtes couronnées) ne sont actuellement que 10 sur 27.

Au sein des grandes entreprises, la situation est appelée à sensiblement s’améliorer en matière de parité femmes-hommes dans les postes de direction. Car depuis novembre 2022, une directive européenne fixe des quotas de femmes à mettre en place, d’ici à juillet 2026, dans les conseils d’administration des grandes sociétés cotées en bourse dans l’UE. Concrètement, 40 % des postes d’administrateurs non exécutifs devront être occupés par le genre sous-représenté, le plus souvent les femmes, ou bien 33 % de tous les postes d’administrateur. 

Les violences

Les femmes sont bien plus souvent victimes de violences physiques et sexuelles que les hommes. Concernant ces dernières, une étude publiée en 2017 estimait ainsi que 45 à 55 % des femmes de l’UE avaient été victimes de harcèlement sexuel depuis l’âge de 15 ans, soit un nombre très inquiétant représentant 83 à 102 millions d’Européennes.

Quant aux violences physiques, le nombre de femmes succombant sous les coups de leur conjoint est nettement supérieur à celui des hommes victimes de leur conjointe. Le gouvernement français indique, par exemple, que 122 femmes sont mortes en 2021 à la suite de violences subies de la part de leur partenaire ou ex-partenaire, soit 82 % des morts au sein du couple.

Pour y faire face, la Commission européenne a notamment présenté une proposition de directive contre les violences faites aux femmes en mars 2022. Celle-ci vise à introduire des règles minimales pour criminaliser certaines formes de violences à l’échelle de l’UE, à améliorer la protection des victimes et leur accès à la justice ou encore à accroître la coopération entre Etats membres. La proposition de la Commission a aussi pour but de rendre la collecte de données obligatoire au niveau européen, de quoi permettre une meilleure évaluation de la situation dans l’ensemble de l’Union. 

Par ailleurs, la Convention d’Istanbul, traité international émanant du Conseil de l’Europe, fixe à ses Etats signataires un cadre contraignant de lutte contre les violences faites aux femmes. Signée par l’UE et ses Etats membres, celle-ci n’a toutefois pas encore été ratifiée par six d’entre eux – la Bulgarie, la Hongrie, la Lettonie, la Lituanie, la République tchèque et la Slovaquie – ni par l’Union elle-même. Dans une résolution adoptée le 15 février 2023, les eurodéputés appellent l’UE et ces pays à ratifier le texte. Et selon eux, l’Union ne devrait pas attendre les six Etats concernés, la Cour de justice de l’UE ayant confirmé en octobre 2021 que la ratification du traité ne nécessitait pas l’unanimité des Vingt-Sept.