Donald Tusk propose aux Britanniques de rester dans l’UE – EURACTIV.fr


Le président du Conseil européen a laissé entendre que le Royaume-Uni devrait revoir sa décision de quitter l’UE, après un rejet très net de l’accord de retrait au parlement britannique.

« Si un accord est impossible et que personne ne veut d’un retrait sans accord, qui aura enfin le courage de dire quelle est la seule solution positive ? », demandait sur Twitter Donald Tusk, président du Conseil européen, après le vote contre l’accord de Brexit au parlement britannique.

Les élus ont rejeté l’accord négocié entre Londres et Bruxelles avec une différence astronomique de 230 le soir du 15 janvier. Une défaite historique pour un parti au pouvoir. 432 députés, dont 118 conservateurs, ont rejeté l’accord, alors qu’ils n’ont été que 202 à le soutenir.

Theresa May a elle-même été surprise de l’ampleur de sa défaite. « Chaque jour qui passe sans que cette question soit résolue signifie plus d’incertitude, plus d’amertume et plus de rancœur », a-t-elle prévenu.

« Le gouvernement a entendu la Chambre des communes, mais je demanderais à ses membres de tous bords d’écouter le peuple britannique, qui veut résoudre cette question et de coopérer avec le gouvernement à cette fin », a-t-elle insisté.

Michel Barnier, négociateur en chef de l’UE pour l’accord de Brexit, est resté prudent après le vote britannique. « Il appartient maintenant au gouvernement britannique de dire quelle est la prochaine étape. L’UE va rester unie et déterminée à trouver un accord », a-t-il indiqué.

Le lendemain du vote, il a participé à un débat au Parlement européen. De nombreux eurodéputés ont appelé Londres à clarifier sa position.

Guy Verhofstadt, le président du groupe politique libéral CRE dominé par les conservateurs britanniques, a estimé qu’il était grand temps que les députés de Westminster décident de la suite des événements, soulignant que « les droits des citoyens doivent être protégés ».

Pour Theresa May, la priorité a d’abord été de surpasser la motion de défiance déposée contre elle par l’opposition. Juste après une mince victoire, elle a immédiatement appelé à des négociations avec tous les partis parlementaires, afin de trouver un nouvel accord.

Deuxième référendum

La position du parti travailliste est de tenter de forcer un deuxième référendum, une option également soutenue par le Parti national écossais.

Nicola Sturgeon, la Première ministre écossaise, s’est rendue à Westminster pour annoncer la position de son parti, qui n’a jamais dévié de son message : l’Écosse veut rester dans l’UE.

Pour elle, l’organisation d’un nouveau vote populaire est à présent « la seule option crédible ». Une option dangereuse toutefois, parce qu’elle risque de mener à la même impasse que celle dans laquelle se trouve aujourd’hui le Royaume-Uni, avec la population divisée en deux parts plus ou moins égales ayant des visions très différentes de leur avenir.

Brexit dur

Sans référendum, il reste deux options : rester dans l’UE, ce qui semble impensable, ou avoir un Brexit sans accord. Dans ce dernier scénario, les relations entre le Royaume-Uni et le continent changeraient radicalement du jour au lendemain, le 29 mars, pour se calquer sur les règles minimums de l’OMC.

C’est l’option que défendent de nombreux Brexiteers, dont Jacob Rees-Mog, le député qui dirige le Groupe de recherche européenne, un groupe de réflexion résolument anti-UE.

« L’accord du gouvernement a été rejeté. La loi qui nous permet de quitter [l’UE] et de la remplacer par les conditions de l’OMC est en place. Le gouvernement devrait retourner à Bruxelles et dire : ‘Si nous ne pouvons pas nous mettre d’accord sur autre chose d’ici là, nous sortirons sans accord’ », a déclaré Jacob Rees-Mogg après le vote sur l’accord.

Un Brexit dur n’est toutefois pas souhaité par la majorité du parlement et les autres forces en présence feront tout pour l’éviter.

Pour leur part, les dirigeants européens sont peu disposés à poireauter pendant que Londres règle ses problèmes internes. « J’invite le Royaume-Uni à clarifier ses intentions dès que possible », a déclaré le président de la Commission, Jean-Claude Juncker. « Le temps est compté. »



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