L’UE divisée sur l’interdiction du pétrole et du gaz russes – EURACTIV.fr

L’Allemagne et la Hongrie sont les plus farouches opposants à l’interdiction des importations d’énergie russe dans l’Union européenne. La Pologne soutient fermement cette mesure, tandis que la France et d’autres États membres du bloc sont indécis sur la question.

L’invasion de l’Ukraine par la Russie, qui a débuté le 24 février, a incité la Commission européenne à dévoiler cette semaine des projets prévoyant de s’affranchir de tous les combustibles fossiles provenant de Russie « bien avant 2030 » et de réduire de deux tiers la dépendance du bloc à l’égard du gaz russe avant la fin de l’année.

Le même jour, les États-Unis ont annoncé qu’ils allaient imposer une interdiction immédiate de toutes les importations de pétrole et d’autres produits énergétiques russes en représailles à l’escalade dans le conflit en Ukraine.

Toutefois, l’Europe est largement dépendante du pétrole et du gaz russes, ce qui rend une interdiction dans l’UE beaucoup plus complexe à mettre en œuvre pour l’Union européenne.

Ces préoccupations sont reflétées ci-dessous dans un tour d’horizon du réseau EURACTIV :

EN FAVEUR : Pologne, Slovaquie

Le plus fervent partisan des sanctions généralisées contre la Russie est la Pologne, et cela, même si une telle décision devait nuire à l’économie européenne.

« Des milliards affluent vers la Russie via le Nord Stream 1 », a indiqué un diplomate polonais, faisant référence au gazoduc reliant la Russie à l’Allemagne. « Ce sont des milliards à cause desquels les Ukrainiens paient aujourd’hui de leur propre sang. »

Le pays souffrirait effectivement d’une interruption de l’approvisionnement en gaz en provenance de Russie, mais ses dirigeants estiment être bien préparés grâce à l’augmentation des importations de gaz naturel liquéfié (GNL) américain et à la construction du Baltic Pipe amenant du gaz de Norvège. En 2019, le gouvernement a annoncé qu’il mettrait fin à l’importation permanente de gaz russe lorsque le contrat actuel avec Gazprom expirera à la fin de cette année.

  • En 2021, la Pologne a importé 8,3 millions de tonnes de charbon de Russie, pour une valeur de plus de 3 milliards de zlotys (625 millions d’euros), dont la majeure partie est utilisée pour le chauffage des maisons de particuliers.
  • En 2019, 61,5 % de tout le pétrole en Pologne avait été importé de Russie.
  • 55 % des importations de gaz de la Pologne proviennent de la Russie.

[Reportage de Bartosz Sieniawski]

La Slovaquie s’est également prononcée en faveur d’une interdiction par l’UE de toutes les matières premières en provenance de Russie, y compris le pétrole et le gaz naturel, a déclaré le Premier ministre slovaque Eduard Heger, membre du parti OL’aNO, qui lutte contre la corruption, jeudi (10 mars).

« Nous ne pouvons pas nous permettre de faire preuve de retenue car cela signifie faire des concessions à Vladimir Poutine. C’est ce que veut le président russe. Nous devons envoyer un signal à M. Poutine que nous avons l’intention de nous couper de toute énergie provenant de la Russie », a-t-il déclaré.

Toutefois, le ministre slovaque de l’Économie, Richard Sulík, membre du parti néolibéral de droite SaS, a mis en garde contre les conséquences pour l’industrie slovaque et européenne, affirmant qu’une interdiction ferait plus de mal à l’UE qu’à la Russie à court terme.

  • 87 % du gaz consommé en Slovaquie provient de Russie.

[Reportage de Michal Hudec]

OUVERTS : France, Espagne

La France a elle aussi déclaré qu’elle était prête à imposer des sanctions énergétiques à la Russie, mais elle semble également désireuse de maintenir le dialogue ouvert avec Moscou.

Interrogé pour savoir si Paris soutiendrait un boycott du pétrole et du gaz russes, le, ministre délégué au Commerce extérieur Franck Riester a déclaré : « la France est prête à prendre des décisions supplémentaires pour mettre la pression à la Russie si nécessaire ».

« Nous ne fermons aucune porte simplement, il faut regarder ce qui est efficace pour mettre la pression à la Russie et en tenant compte aussi des conséquences que ça peut avoir sur l’UE et ses différents membres », a-t-il ajouté.

La France a fait l’objet d’une surveillance internationale concernant les activités en cours des entreprises énergétiques françaises en Russie. « Il y a désormais un problème de principe à travailler avec toute personnalité politique ou économique proche du pouvoir russe », a déclaré le ministre de l’Économie Bruno Le Maire le 1er mars.

La ministre du Travail, Elisabeth Borne, est allée plus loin le 8 mars, en estimant sur LCI que Total Energies et Engie devraient envisager de se retirer de la Russie.

« Je ne suis pas là pour dicter à Engie et Total ce qu’ils doivent faire. Ce qui est clair c’est que l’on souhaite avoir des sanctions économiques décidées de façon très solidaire avec tous les pays de l’Union européenne et d’autres pays — les États-Unis, le Canada. Je pense que c’est important que la Russie perçoive qu’elle n’a rien à gagner dans cette guerre, en tout cas que ses dirigeants le perçoivent, et c’est tout le sens des sanctions économiques qu’on prend », a-t-elle déclaré.

  • 17 % des importations françaises de gaz naturel proviennent de Russie.
  • 7 % du pétrole du pays est également importé de Russie.
  • Le charbon représente une part non significative du bouquet énergétique français, mais 30,2 % des importations françaises de charbon proviennent de Russie.

[Reportage de Nelly Moussu]

L’Espagne est un autre partisan des sanctions énergétiques contre la Russie, même si elle n’en fait pas une priorité politique absolue. Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a déclaré que Madrid soutiendrait toute mesure prise en coordination avec l’Union européenne, y compris une interdiction des exportations de pétrole et de gaz en provenance de Russie, si nécessaire.

Cela peut s’expliquer par le fait que l’Espagne est relativement peu tributaire du pétrole et du gaz russes.

  • L’Espagne a acheté 2,56 millions de tonnes de pétrole russe en 2021, ce qui ne représente que 4,5 % des importations de pétrole du pays.
  • En ce qui concerne le gaz, la péninsule ibérique est une plaque tournante pour les terminaux d’importation de GNL. Selon le think tank Bruegel, la région peut importer 40 TWh par mois mais ne peut en consommer que 30. Le défi consiste à exporter ce gaz vers le reste de l’Europe, étant donné que les gazoducs existants permettent un transfert maximal de 5 TWh par mois, a indiqué le groupe Bruegel.

[Reportage de Fernando Heller]

OPPOSÉS : Allemagne, Hongrie, Bulgarie, Finlande

L’Allemagne, le plus grand consommateur de pétrole russe en Europe, s’oppose catégoriquement à toute sanction sur l’énergie russe. Le vice-chancelier Robert Habeck a prévenu que cela mettrait en danger la « paix sociale » dans le pays et poserait un « réel danger de sous-approvisionnement énergétique dans certains secteurs ».

Des personnalités de l’opposition, telles que l’homme politique chrétien-démocrate Norbert Röttgen, se sont prononcées en faveur d’une interdiction.

  • Au total, 55 % du gaz consommé en Allemagne provient de Russie, soit environ 140 milliards de mètres cubes (mmc) en 2021.
  • Elle importe également 35 % de son pétrole brut et 50 % de son charbon de Russie.

[Reportage de Nikolaus J. Kurmayer]

En Hongrie, le Premier ministre Viktor Orbán a déclaré qu’il s’opposerait aux sanctions énergétiques au niveau de l’UE. « Bien que nous condamnions l’offensive armée de la Russie et que nous condamnions également la guerre, nous ne permettrons pas que les familles hongroises en paient le prix », a déclaré M. Orbán mardi 8 mars. La Hongrie importe la majeure partie de son pétrole et de son gaz de Russie.

L’année dernière, la Hongrie a signé un nouveau contrat d’approvisionnement en gaz pour une durée de 15 ans avec Gazprom, le géant russe de l’énergie contrôlé par l’État, une décision que l’Ukraine a vivement critiquée à l’époque.

Si la Russie domine l’approvisionnement en gaz de la Hongrie, Budapest a également diversifié ses importations et a accès à des approvisionnements en GNL depuis un terminal GNL en Croatie.

[Reportage de Frédéric Simon]

En Bulgarie, le Premier ministre Kiril Petkov a déclaré que son gouvernement soutenait les sanctions contre la Russie, mais qu’il demanderait une exception à une éventuelle interdiction d’importation d’énergie.

« La Bulgarie soutiendrait toutes sortes de mesures parce que nous sommes réellement opposés à la guerre, mais pour ces deux-là [le pétrole et le gaz], nous demanderions peut-être une exception… Nous n’avons pas d’alternatives à l’heure actuelle. Nous sommes trop dépendants », a indiqué M. Petkov dans une interview accordée à Reuters.

  • La Bulgarie dépend à 70 % des approvisionnements en gaz de la société russe Gazprom. Les 30 % restants proviennent d’Azerbaïdjan.
  • Sa seule raffinerie de pétrole, détenue par la société russe LUKOIL, fournit plus de 60 % du carburant utilisé dans le pays.
  • La Bulgarie dépend également à 100 % de la Russie pour son approvisionnement en combustibles nucléaires.

[Reportage de Georgi Gotev et Krasen Nikolov]

En ce qui concerne la Finlande, le gouvernement n’est pas favorable à des sanctions en matière d’énergie, qui auraient un impact négatif sur la sécurité de l’approvisionnement du pays.

Cela dit, la plupart des entreprises finlandaises ont annoncé leur intention de quitter la Russie. De grandes marques finlandaises telles que Fazer, Nokia, Wärtsilä et StoraEnso ont d’ores et déjà quitté la Russie. Fortum est une entreprise publique détenue à 56 %, est établie en Russie depuis des décennies, où elle possède et exploite des centrales thermiques et électriques en Sibérie. Cette entreprise a également investi dans l’éolien et le solaire en Russie. La semaine dernière, elle a déclaré qu’elle avait décidé de cesser tout nouvel investissement dans ce pays.

La Finlande a décidé d’éliminer progressivement le charbon dans la production d’énergie en 2029, mais de nombreuses entreprises du secteur de l’énergie ont déjà décidé de se débarrasser du charbon plus tôt. Helen, l’une des plus grandes entreprises finlandaises du secteur de l’énergie détenue par la ville d’Helsinki, a annoncé qu’elle cesserait d’utiliser du charbon russe.

  • Environ 50 % du charbon finlandais provient de Russie, mais la Finlande cessera de toutes façons d’utiliser du charbon dans les années à venir.
  • Les deux tiers du gaz finlandais sont importés de Russie. La quasi-totalité de ce gaz est utilisée par l’industrie, et non pour le chauffage des ménages.
  • Les deux tiers du pétrole du pays sont importés de Russie.

[Reportage de Pekka Vanttinen]

INDÉCIS : Italie, Portugal, République tchèque, Grèce, Slovénie, Roumanie

En Italie, le Premier ministre Mario Draghi n’a pas exprimé son soutien ou son opposition aux sanctions énergétiques, insistant sur la nécessité de l’unité de l’UE pour faire face aux conséquences de la guerre en Ukraine. Toutefois, si l’UE propose une interdiction du pétrole russe, l’Italie y souscrira probablement. C’est en tout cas ce qu’estime une source citée par l’agence de presse Bloomberg.

« L’Italie s’est engagée à réduire rapidement sa dépendance au gaz russe », a déclaré M. Draghi en début de semaine, ajoutant qu’il était actuellement en pourparlers avec le Qatar pour diversifier l’approvisionnement en gaz de l’Italie.

À Rome, le gouvernement remplacerait environ 16 milliards de mètres cubes de gaz auprès de fournisseurs alternatifs d’ici le printemps. Ceux-ci pourraient provenir du Qatar ou des pays arabes ainsi que des États-Unis ou de l’Azerbaïdjan.

Selon les dernières nouvelles du cabinet de M. Draghi, l’Italie prévoit de faire baisser le prix du gaz et de le découpler du coût de l’électricité en se concentrant sur d’autres sources d’approvisionnement.

  • 3 % du gaz italien est importé de Russie, une part importante si l’on considère que le gaz représente près de 42 % de la demande énergétique totale du pays.
  • 13 % du pétrole italien est importé de Russie (47 % de l’énergie totale).
  • La part du charbon dans le bouquet énergétique du pays est faible, représentant seulement 3,43 %. Toutefois, 78 % de cette énergie est importée de Russie.

[Reportage de Simona Zecchi et Fabio Masini]

Au Portugal, le Premier ministre António Costa a exprimé des doutes quant à une éventuelle interdiction de l’importation d’énergie russe, mais n’a pas non plus exclu complètement cette possibilité.

Selon M. Costa, des sanctions énergétiques à l’encontre de Moscou auraient « une double dimension » et nuiraient également à l’économie européenne. « Nous devons mesurer ce qui est le plus efficace dans la pression exercée sur la Russie, mais aussi mesurer les effets de rebond que chacune de ces mesures a également sur nos économies et sur la vie de nos sociétés », a-t-il averti.

M. Costa a déclaré que la décision des États-Unis d’interdire le pétrole russe « n’est pas quelque chose qui affecte directement le Portugal », puisque le pays ibérique n’importe pas de produits pétroliers depuis la Russie. Néanmoins, il a déclaré « l’effet immédiat [de cette décision américaine] a été une hausse de 7 % du prix du pétrole. Par conséquent, nous devons tenir compte du fait que chaque mesure que nous adoptons est une mesure qui a des conséquences qui ne se limitent pas à la Russie », a-t-il averti.

En 2021, le GNL russe représentait 10 % des importations de gaz du Portugal, selon les chiffres du ministère de l’Environnement et du Climat du pays.
Les importations de pétrole en provenance de Russie sont passées de 25 % du total en 2017 à pratiquement zéro en 2020, indique la direction de la géologie et de l’énergie du Portugal.

[Reportage de Shrikesh Laxmidas]

En République tchèque, le gouvernement n’a pas adopté de position claire sur une éventuelle interdiction par l’UE des importations d’énergie en provenance de Russie.

Le Premier ministre Petr Fiala a déclaré à plusieurs reprises que l’UE devait réduire sa dépendance vis-à-vis des importations de combustibles fossiles russes, mais n’a pas soutenu une interdiction des importations. Cependant, un vice-président du parti ODS — parti actuellement au pouvoir dans le pays — l’eurodéputé tchèque Alexandr Vondra, soutient une interdiction des importations de gaz.

Les économistes tchèques affirment qu’une interdiction du gaz russe serait dangereuse pour l’économie tchèque. Dans le même temps, ils affirment que le pays pourrait faire face plus facilement à une interdiction du pétrole. Les compagnies d’énergie assurent aux citoyens qu’elles disposent de réserves suffisantes de combustibles fossiles pour les semaines et les mois à venir.

La République tchèque importe environ 90 % de son gaz naturel de Russie.
50 % de la consommation tchèque de pétrole provient de Russie.
Le pays possède ses propres mines de charbon et importe du charbon supplémentaire, principalement depuis la Pologne.

[Reportage d’Aneta Zachová]

En Grèce, le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis a déclaré qu’il n’était pas réaliste d’interdire les importations d’énergie en provenance de Russie, mais a ajouté que l’Europe devait se préparer si Moscou prenait les devants et décidait de fermer le robinet.

M. Mitsotakis a déclaré que la Grèce avait accéléré ses efforts pour dissocier son économie du gaz russe. « Nous renforçons la diversification de nos sources [d’approvisionnement]. En janvier, par exemple, notre pays a satisfait 47 % de la demande intérieure avec du GNL provenant de la région de Revithusa, soit 20 %, par le biais du gazoduc TAP. Le gaz russe, qui a constitué au fil du temps la part la plus importante dans le bouquet d’importation de gaz du pays, est tombé à 33 % pour la première fois. »

Le secteur gazier du pays ne connaîtra pas de pénurie jusqu’au 15 mars. À partir du 16 mars et jusqu’à la fin du mois cependant, il y aura un déficit de gaz d’environ un demi-térawattheure.

  • La Russie représente 26 % des importations de pétrole de la Grèce.
  • 39 % du gaz grec est importé de Russie.
  • Grande consommatrice de charbon, la Grèce n’importe toutefois pas de charbon russe, selon le secrétariat aux ressources énergétiques et minérales du pays.

[Reportage de Georgia-Evangelia Karagianni]

En Slovénie, le gouvernement n’a fait aucune déclaration publique sur l’interdiction des importations d’énergie en provenance de Russie. Les discussions ont jusqu’à présent porté sur la nécessité de diversifier les sources d’approvisionnement, en se concentrant principalement sur le gaz naturel, mais aucune annonce majeure n’a été faite.

Toutes les grandes entreprises énergétiques sont entièrement ou partiellement détenues par l’État et attendent que le gouvernement prenne position. Selon les déclarations publiques, aucune d’entre elles n’a de projet pétrolier ou gazier en Russie.

  • 91 % du gaz slovène est acheté au centre gazier de Baumgarten en Autriche, où le gaz russe est dominant. Parmi les autres fournisseurs de Baumgarten figurent la Norvège et d’autres pays, tandis que la part restante est achetée directement à la Russie.

[Reportage de Sebastijan R. Maček]

En Roumanie, ni le gouvernement ni le président Klaus Iohannis n’ont parlé d’une interdiction d’énergie en provenance de Russie. Ils appellent néanmoins l’UE à mettre fin à sa dépendance au gaz russe.

Ces dernières années, la Roumanie est devenue de plus en plus dépendante vis-à-vis de Moscou pour ses besoins énergétiques.

  • En 2021, la Roumanie dépendait des importations pour 30 % de son gaz, dont plus de 80 % provenaient de Russie.
  • Environ deux tiers du pétrole raffiné en Roumanie est importé, dont la moitié provient de Russie.

Actualisation le 24 mai :

Le sujet ne cesse de faire débat au sein de l’Union européenne. Depuis plusieurs semaines, les Vingt-Sept tentent de se mettre d’accord sur l’instauration d’un embargo sur le pétrole russe. Mais pour certains Etats, une telle sanction semble inenvisageable tant ils sont dépendants à l’or noir venu de Russie. C’est le cas notamment de la Hongrie, pays enclavé, sans accès à la mer, qui freine des quatre fers à l’idée d’une interdiction d’importation. Début mai, Viktor Orban s’était emporté contre l’Union européenne jugeant que Bruxelles avait franchi « une ligne rouge »« J’ai dit oui aux cinq premiers paquets de sanctions, mais nous avons clairement signifié dès le début qu’il y avait une ligne rouge: l’embargo sur l’énergie. Ils ont franchi cette ligne (…), il y a un moment où il faut dire stop », avait-il déclaré dans une interview à la radio. Le président hongrois craint qu’un tel embargo, même progressif, « détruise complètement la sécurité énergétique » du pays.

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Le 4 mai, l’UE avait proposé aux Etats membres un arrêt des importations de brut très rapide, dans les six mois, d’ici à la fin 2022. Cette solution prenait en compte les problèmes de la Hongrie et de la Slovaquie, en leur accordant une dérogation jusqu’à la fin 2023. Une date repoussée à 2024 dans une nouvelle mouture du projet proposé aux Vingt-Sept. Mais cette durée a été jugée insuffisante par les deux pays, rejoints par la République Tchèque qui demande, elle aussi, à bénéficier de cette dérogation.

La Hongrie, dont le pétrole est acheminé depuis la Russie par l’oléoduc Droujba, demande une exemption pour l’approvisionnement par cette voie, représentant, avec 0,7 de 2,8 millions de barils par jour, une faible partie des achats européens. De plus, le pays, réclame au moins quatre années d’exemption, au lieu des deux proposées par l’UE, et près de 800 millions d’euros en financements européens pour adapter ses raffineries et augmenter la capacité de l’oléoduc Adria qui vient de Croatie.

« Une percée d’ici quelques jours »

Les négociations semblent donc s’enliser au sein de l’UE. D’autant que les sanctions prises à l’égard de la Russie depuis son invasion de l’Ukraine le 24 février dernier, doivent être décidées à l’unanimité. Ce qui n’empêche pas l’Allemagne de se montrer positive quant à une solution rapide. « Il n’y a plus que quelques États, surtout la Hongrie, qui ont signalé des problèmes », a assuré le ministre allemand de l’Économie Robert Habeck lundi soir à la télévision publique ZDF. Mais « les discussions se poursuivent » et « je pense que nous allons réussir une percée d’ici quelques jours », a-t-il estimé. « Un embargo est à portée de main », a-t-il encore affirmé.

Une prise de position qui n’a pas manqué de faire réagir côté hongrois. Viktor Orban a ainsi estimé « très improbable » un accord dans les prochains jours, dans une lettre au président du Conseil européen Charles Michel consultée mardi par l’AFP. Dans ce courrier daté de lundi, le dirigeant hongrois ajoute qu’il serait « contre-productif » de discuter de ce sixième paquet de sanctions lors du sommet des chefs d’Etat et de gouvernement des 27 prévu les 30 et 31 mai « en l’absence de consensus ».

https://www.euractiv.fr/section/energie/news/tour-dhorizon-du-reseau-euractiv-lue-est-divisee-sur-linterdiction-du-petrole-et-du-gaz-russes/

Embargo sur le pétrole russe : l’Europe toujours plus divisée, l’Allemagne l’espère « d’ici quelques jours » (latribune.fr)