BCE : le plan en vue de la présidence de Donald Trump

Mercredi 4 décembre, la présidente de la Banque centrale européenne (BCE), Christine Lagarde, a fermement défendu sa proposition d’acheter plus de gaz et d’équipements militaires américains pour traiter avec Donald Trump, arguant que son appel est cohérent avec la stimulation de la production nationale d’énergie et de l’industrie de la défense de l’Union européenne (UE).

Dans l’interview accordée au Financial Times — sa première depuis la réélection de Donald Trump le 5 novembre dernier — Christine Lagarde a appelé à une « stratégie du chéquier » avec la nouvelle administration américaine afin d’éviter « un processus de ripostes et de représailles où personne n’est vraiment gagnant ». [EP PHOTO]

    By  Thomas Moller-Nielsen |  EURACTIV.com | translated by  Sarah Chaumot×

Thomas Moller-Nielsen 

Journaliste, Économie

 5 déc. 2024

Mercredi 4 décembre, la présidente de la Banque centrale européenne (BCE), Christine Lagarde, a fermement défendu sa proposition d’acheter plus de gaz et d’équipements militaires américains pour traiter avec Donald Trump, arguant que son appel est cohérent avec la stimulation de la production nationale d’énergie et de l’industrie de la défense de l’Union européenne (UE).

S’adressant à la commission des Affaires économiques et monétaires du Parlement européen (ECON), la dirigeante de la BCE a également nié que son plan, exposé dans une interview accordée la semaine dernière au Financial Times, équivaut à agiter un « drapeau blanc » devant le futur président américain, partisan du protectionnisme.

« Vous pouvez très bien décider de développer votre [industrie énergétique, et] vous pouvez parfaitement décider de développer votre industrie de la défense et d’être capable de fabriquer à grande échelle, tout en sachant que, dans une relation commerciale, il y a un élément important de négociation qui peut se faire selon le principe de pleine concurrence, ou à partir d’une position d’infériorité », a déclaré Christine Lagarde.

« Nous devons être forts, stratégiques et nous asseoir à la table […] En fin de compte, il faut s’asseoir à la table parce qu’il faut reconnaître ce qu’il y a de l’autre côté de la table. Ce n’est pas un drapeau blanc », a-t-elle ajouté.

Dans l’interview accordée au Financial Times — sa première depuis la réélection de Donald Trump le 5 novembre dernier — Christine Lagarde a appelé à une « stratégie du carnet de chèques » avec la nouvelle administration américaine afin d’éviter « un processus de représailles où personne n’est vraiment gagnant ».

« L’Europe pourrait envisager d’acheter davantage de gaz naturel liquéfié [GNL] aux États-Unis », a-t-elle déclaré. « Et il y a évidemment toute la catégorie des biens de défense, dont certains nous ne sommes pas capables de les fabriquer ici en Europe, et qui pourraient être achetés par les États membres dans le cadre d’une approche cohérente de l’UE. »

Les commentaires de la présidente de la BCE interviennent dans un contexte de craintes accrues quant à l’impact qu’un second mandat de Donald Trump pourrait avoir sur l’économie de l’UE, qui souffre déjà de faibles niveaux d’investissement, d’une croissance lente et d’une faible demande intérieure et extérieure.

Le milliardaire, qui s’est autoproclamé « l’homme des droits de douane », s’est engagé à imposer des droits de douane de 60 % sur les produits chinois ainsi qu’un prélèvement « universel » de 10 à 20 % sur tous les autres produits importés par les États-Unis.

Lors de sa campagne électorale, Donald Trump a dénoncé à plusieurs reprises l’important excédent commercial de l’UE avec les États-Unis, qui a augmenté de 37,2 milliards d’euros depuis sa première arrivée à la Maison-Blanche en 2017.

En amont des commentaires de Christine Lagarde, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, avait indiqué le mois dernier que l’UE devrait envisager d’acheter davantage de GNL aux États-Unis pour remplacer les importations en provenance de Russie.

Cette proposition a été vivement condamnée par le ministre hongrois des Affaires étrangères, Péter Szijjártó, dont la pays a conservé des liens politiques et économiques étroits avec la Russie malgré la guerre qui sévit en Ukraine.

« La question du bouquet énergétique relève de la compétence nationale et nous voulons qu’il en soit ainsi », a-t-il expliqué à la suite d’une réunion des ministres du Commerce de l’UE en novembre.

BCE : « toutes les raisons réunies » pour une réduction des taux en décembre, selon le gouverneur de la Banque de France

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« La bataille contre l’inflation touche à sa fin »

Le conseil des gouverneurs de la BCE se réunit jeudi 12 décembre prochain, et le principal organe de décision de la banque devrait réduire ses taux pour la quatrième fois cette année.

Mercredi, la responsable politique a réitéré l’engagement de la BCE en faveur d’une politique monétaire « dépendante des données », tout en soulignant que la « bataille contre l’inflation touche à sa fin ».

« Nous avons encore un peu de travail à faire, mais les objectifs se dessinent à l’horizon », a-t-elle déclaré.

L’inflation globale dans la zone euro a atteint 2,3 % en novembre, bien en deçà du pic de 10,6 % atteint en octobre 2022 et seulement légèrement au-dessus du taux cible de 2 % de la Banque centrale européenne.

La BCE s’attend à ce que l’inflation globale tombe à 2,2 % l’année prochaine, avant de chuter à 1,9 % en 2026. Les investisseurs s’attendent à ce que le taux d’intérêt directeur de la banque passe de 3,25 % à 1,75 % d’ici la fin de 2025.

Mercredi, Christine Lagarde a également averti qu’une guerre commerciale avec Washington pourrait entraver davantage la croissance et déclencher une résurgence des pressions sur les prix dans la zone euro.

« Mais le point clé de mon point de vue, en termes d’impact sur la croissance, sur l’inflation et sur le développement de notre potentiel, c’est que le pire qui puisse arriver est une guerre commerciale et une approche de représailles », a-t-elle déclaré.

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