Climat – 2,3 milliards d’euros par an nécessaires – EURACTIV.fr

[ad_1]

Dans son nouveau rapport publié vendredi 24 juin 2022, l’Institut pour l’économie du climat (I4CE)* préconise la mobilisation d’ « au moins » 2,3 milliards d’euros supplémentaires chaque année, en plus des mesures déjà prises, pour adapter les infrastructures au réchauffement climatique. Ce chiffrage est une première en France. 

En mai 2019, la délégation sénatoriale à la prospective publiait son rapport (dont voici la synthèse) « Adapter la France aux dérèglements climatiques à l’horizon 2050 : urgence déclarée ». En préambule, les sénateurs dévoilent que « aucun acteur n’est aujourd’hui en mesure de présenter une vision globale du financement des politiques d’adaptation » au réchauffement climatique. 

« Le chiffrage est […] ardu » avoue l’I4CE, qui propose 18 mesures d’anticipation des effets négatifs du réchauffement climatique sur les infrastructures existantes à mettre en œuvre au plus vite. 

Dans son nouveau rapport, l’I4CE propose lui aussi 18 mesures d’adaptation, tout en apportant, pour la première fois en France, un chiffrage des besoins. Ceux-ci s’élèveraient ainsi à « au moins 2,3 milliards d’euros par an additionnels » à inscrire dès la prochaine loi de finance définissant le budget de l’État pour l’année à venir qui sera votée en septembre 2022.

Anticiper les effets négatifs

D’emblée, les auteurs du rapport préviennent : « le terme “adaptation” ne renvoie […] ni aux coûts des dommages liés au changement climatique, ni aux besoins liés aux changements économiques et sociaux requis par la politique de lutte contre les émissions de gaz à effet de serre ».

Le terme renvoie plutôt à « ce qui peut être mis en œuvre pour anticiper les effets négatifs du changement climatique […] et prévenir ou minimiser les dommages que ces effets peuvent causer ».

Les 18 mesures, si elles sont retenues, ont donc pour objectif de « préparer, renforcer ou opérationnaliser des actions d’adaptation déjà prêtes », et requièrent des mesures complémentaires, qui puissent constituer une « réelle politique d’adaptation ».

Des exemples en Europe

Les auteurs se sont en partie inspirés de mesures mises en place dans d’autres pays européens. Le Royaume-Uni par exemple, dont la méthodologie d’analyse est structurante.

Au sein de l’Union Européenne (UE), les Pays-Bas ont beaucoup travaillé sur la question de l’augmentation du niveau de la mer et le risque inondation. « Ils ont une programmation de leurs investissements avec un type de mécanisme dont on peut s’inspirer », déclare Vivian Dépoues, chef de projet Adaptation aux changements climatiques et co-auteur du rapport.

Enfin, l’UE elle-même propose un cadre d’action à travers la mission Adaptation. Mais si un « certain nombre de chiffrages » ont été faits, Vivian Dépoues confesse qu’il n’y a « pas de chiffrage des besoins totaux au niveau européens ».

3 budgets distincts

Les 2,3 milliards d’euros supplémentaires se découpent en 3 budgets distincts pour lesquels le rapport précise les acteurs institutionnels concernés et identifiés pour le moment.

Ainsi, 240 millions d’euros par an devront être engagés pour développer les moyens humains et de l’ingénierie.

10 des 18 mesures détaillées dans le rapport sont attachées à cette somme. Parmi celles-ci figure la nécessité de doter les collectivités des moyens d’objectiver leurs vulnérabilités. La directrice du programme territoire et co-autrice du rapport, Morgane Nicol, rappelant que l’adaptation est une affaire de « responsabilité conjointe de l’État et des collectivités ».

540 millions d’euros supplémentaires par an serviraient au rehaussement des moyens des politiques qui contribuent déjà à l’adaptation et dont l’application est maîtrisée.

3 mesures sur les 18 proposées relèvent de ce budget : prévention du dérèglement des cycles de l’eau et de la biodiversité, lutte contre les risques de feux de forêt et d’inondations.

Enfin, 1,5 milliard d’euros directement dédiés à l’extension des bonnes pratiques à et l’opérationnalisation des stratégies existantes. 5 mesures sont concernées par ce budget, dont la pérennisation et l’extension des bonnes pratiques d’adaptation en ville, dotée, à elle seule, de 500 millions d’euros par an.

11 chantiers thématiques

En outre, cette enveloppe globale est minimale, avance Vivian Dépoues. Cette somme permet seulement de « poser les premières pierres », d’autant que les politiques « courent [déjà] après les risques », précise-t-il.

En ce sens, « le rapport propose des chantiers sur lesquels réfléchir » déclare Guillaume Dolques, chargé de recherche et co-auteur du rapport. 11 thématiques qui seront détaillées dans une publication transversale prévue pour l’automne 2022.

Parmi ces thématiques figures celle de la rénovation énergétique des logements privés, estimée à 24 milliards d’euros par l’I4CE.

Lors d’un entretien avec EURACTIV, la directrice générale d’Oxfam France Cécile Duflot avait aussi alerté sur la nécessité d’y procéder : « une politique de rénovation thermique, ça nécessite juste des moyens car techniquement, on sait le faire ».

Par ailleurs, la rénovation de 700 000 logements par an était l’un des engagements du président de la République pendant sa campagne électorale

Ce type de chantier devrait permettre de rehausser le degré d’acceptation sociale des mesures contre le réchauffement climatique. « Il s’agit donc d’ouvrir la discussion démocratique sur des sujets aussi fondamentaux que le niveau de risque que l’on est collectivement prêt à accepter » relève le rapport.

[*L’Institut pour l’économie du climat est une association à but non lucratif fondée par la Caisse des dépôts et l’Agence française de développement]

[Davide Basso a contribué à la rédaction de cet article]

[ad_2]

https://www.euractiv.fr/section/climat/news/adaptation-au-changement-climatique-en-france-au-moins-23-milliards-deuros-par-an-necessaires/