Agriculture : ambitions écologiques et impact sur la productivité ? – EURACTIV.fr

Grain de sel VDB :   séquestration du carbone

Cette question pour  le secteur agricole est  essentielle pour atteindre l’objectif de neutralité carbone d’ici 2050, objectif que l’UE fixé avec le Green Deal. La décarbonation et le stockage du carbone dans les sols agricoles a posé question lors de la la réunion  des ministres de l’Agriculture de l’UE, organise dans le cadre de la PFUE, Si certains États  ont déjà mis en place des mesures de soutien à l’agriculture décarbonée (Espagne), à échelle de l’UE, la Commission européenne  présentera une proposition fin 2022. La question essentielle comme souvent est : comment les mesures de soutien seront elles financées? La France préconise un système basé sur les marchés du carbone, sur le modèle déjà mis en place mais  le ministre allemand s’est inquiété du fait qu’une approche basée sur le marché pourrait conduire à un « double comptage ». Le Bureau européen de l’environnement confirme :.« Si nous créons des crédits carbone , nous ne devrions pas permettre à ceux qui achètent les crédits de prétendre à la “neutralité carbone” …

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Farm to Fork Strategy ou F2F)

Alors que le débat sur les pertes de productivité potentielles de l’agriculture liées à la stratégie « de la ferme à la table » de l’Union européenne se poursuit, les législateurs restent divisés quant aux conséquences des études réalisées sur le sujet. Selon plusieurs études, la production agricole de l’UE pourrait diminuer si le bloc va jusqu’au bout de sa politique alimentaire et agricole phare, la stratégie « de la ferme à la table » (Farm to Fork Strategy ou F2F), qui définit des mesures et des objectifs représentant la vision à long terme de l’UE pour le secteur agricole et alimentaire.

Un certain nombre des ambitions écologiques qu’elle présente, telles que la réduction de l’utilisation des pesticides et des engrais, ont suscité des inquiétudes concernant un déclin de la productivité dans le bloc.

« Je pense qu’il devient de plus en plus clair que la stratégie “de la ferme à la table” se concentre sur la durabilité, mais elle présente le gros défaut de ne pas avoir une vue d’ensemble », a déclaré l’eurodéputé conservateur Herbert Dorfmann lors d’un évnement d’EURACTIV.

Il a ajouté qu’il était absolument nécessaire, dans l’UE et au-delà, de concilier durabilité et sécurité alimentaire.

Une étude publiée par l’université néerlandaise de Wageningen a révélé que l’objectif de réduction des pesticides que prévoit la stratégie entraînerait une baisse de 9 % de la production végétale et une hausse des prix de 8 %.

Les acteurs du secteur agricole ont eux aussi tiré la sonnette d’alarme à plusieurs reprises concernant les baisses projetées, mettant en garde contre les répercussions sur les revenus des agriculteurs, le commerce et les prix à la consommation.

Selon Diana Lenzi, présidente du Conseil européen des jeunes agriculteurs (CEJA), la transition écologique ne pose pas seulement un problème au niveau de la production mais également un problème sociétal, car il est important d’informer les consommateurs de ce qui change dans le système de production.

« Nous devons expliquer aux consommateurs […] pourquoi, par exemple, le coût sera probablement plus élevé, pourquoi nous ne pouvons pas nous permettre, nous, agriculteurs, d’être toujours l’élément écrasé de la chaîne de valeur lorsqu’il s’agit de profit », a-t-elle déclaré lors de l’événement.

Dans une déclaration commune publiée fin janvier, 19 associations du secteur agroalimentaire de l’UE ont appelé à la mise en place d’un cadre réglementaire approprié et équilibré pour le secteur agroalimentaire européen, l’innovation étant un élément clé de la stratégie F2F. Dans leur déclaration, les organisations reconnaissent que l’innovation pourrait apporter une contribution essentielle à la réalisation des objectifs de la transition écologique sans pour autant affecter la production. Cependant, « l’innovation ne peut se faire sans le soutien législatif et financier nécessaire », peut-on également lire dans la déclaration.

Le coût de l’inaction

Certains législateurs européens sont restés divisés sur les implications des recherches publiées jusqu’à présent concernant l’impact de la stratégie F2F sur la production, certains mettant en doute l’indépendance des études.

Lors d’une audition commune avec les commissions de l’agriculture (AGRI) et de l’environnement (ENVI) du Parlement européen le 25 janvier, les chercheurs qui ont participé à ces études ont eu l’occasion de présenter leurs conclusions aux eurodéputés.

L’eurodéputée écologiste luxembourgeoise Tilly Metz a déclaré qu’elle trouvait les études commandées par des groupes de pression ou des gouvernements de pays pour lesquels le secteur agricole est important « difficiles à prendre au sérieux », ajoutant que « des centaines d’études indépendantes » étaient quant à elles arrivées à des conclusions différentes.

La socialiste croate Biljana Borzan a remis en question certaines des hypothèses de modèle utilisé par les études.

« Si nous devions nous en tenir à nos systèmes alimentaires actuels pour les décennies à venir, les résultats seraient certainement catastrophiques », a-t-elle déclaré.

Le coût de l’inaction en matière de changement climatique, de perte de biodiversité et d’empoisonnement par les pesticides éclipserait les pertes qui pourraient découler de la stratégie « de la ferme à la table », a-t-elle ajouté.

Son avis a été repris par la directrice générale adjointe de la santé et de la sécurité alimentaire de la Commission européenne, Claire Bury, qui a souligné lors de l’événement organisé par EURACTIV que le coût de l’inaction est « très élevé » et que « nous devons en tenir compte dans l’équation ».

De même, l’eurodéputé écologiste autrichien Thomas Waitz a déclaré que c’est avant tout le changement climatique qui a un impact énorme sur les communautés agricoles européennes.

« Pour garantir notre productivité à long terme ainsi que la sécurité de la production, nous devons investir dans des mesures environnementales en ce qui concerne le changement climatique, le réchauffement de la planète », a-t-il souligné lors de l’événement.

Une évaluation d’impact complète

Tassos Haniotis, de la direction générale de l’agriculture de la Commission européenne (DG AGRI), a déclaré que les modèles utilisés par la plupart des études présentaient « une certaine incertitude » quant à l’environnement au niveau mondial et au comportement des consommateurs. Il a toutefois souligné qu’il était inévitable de faire « des suppositions sur certaines choses ».

Contacté par EURACTIV, le président récemment réélu de la commission AGRI du Parlement européen, Norbert Lins, a souligné qu’il prenait ces études au sérieux et a assuré qu’il y aurait des pertes de revenus pour les agriculteurs.

« Nous avons besoin d’idées sur la manière d’y remédier », a-t-il ajouté, poursuivant que même s’il s’agit de discuter des détails, nous ne pouvons pas balayer le débat d’un revers de main.

L’eurodéputé chrétien-démocrate allemand Norbert Lins a également réitéré la demande de la commission AGRI pour que la Commission européenne réalise une évaluation d’impact complète de la stratégie « de la ferme à la table », ajoutant que l’audition avait « renforcé » les arguments en faveur d’évaluations détaillées de chaque acte législatif.

Alors que le Parlement européen avait déjà voté en faveur d’une version modifiée de la stratégie à l’automne dernier, le vote n’a fait qu’exprimer l’opinion de l’organe et n’a pas permis la modification de la stratégie.

Cependant, les législateurs européens auront l’occasion de se prononcer sur les propositions législatives individuelles que la Commission européenne présentera dans le cadre de cette stratégie phare de l’UE.

Manger sain devient plus cher en France

Dans son Observatoire annuel des prix de grande distribution, l’association Familles Rurales alerte sur la hausse des prix des fruits et légumes et appelle le gouvernement à agir.

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