A quoi ressemblera le futur Parlement européen ?

Un article publié par notre partenaire Toute l’Europe


Les résultats provisoires des élections européennes 2019 continuent d’être actualisés dans plusieurs pays. Au niveau européen, les conservateurs du PPE et les sociaux-démocrates du groupe S&D perdent la majorité qu’ils détenaient à eux deux depuis plus de vingt ans. A quoi ressemblera le prochain hémicycle ?


Les élections européennes 2019 se sont achevées en Italie dimanche 26 mai, à 23 heures. 

Tant que le Brexit n’a pas lieu, ce sont toujours 751 parlementaires européens qui siègeront à Strasbourg à partir de juillet.

Quel sera le nouveau rapport de force dans l’hémicycle ?

Au 27 mai, en milieu de matinée, les résultats provisoires publiés par le Parlement européen donnent les chrétiens-démocrates du PPE en tête de la future assemblée (182 sièges), devant les sociaux-démocrates du S&D (147 sièges), les libéraux de l’ADLE (environ 109 sièges), le groupe Verts/ALE (69 sièges), les souverainistes du groupe CRE (59 sièges), la droite eurosceptique voire europhobe (54 sièges pour l’ELDD et 58 sièges pour l’ENL), et la gauche radicale (environ 38 sièges).

S’ils constituent toujours les principales forces de l’hémicycle, le Parti populaire européen (PPE) et l’Alliance progressiste des socialistes et démocrates (S&D) ne disposent donc plus de la majorité à eux deux. Une première depuis plus de 20 ans.

En troisième et quatrième positions, les libéraux de l’ADLE (qui devraient constituer un nouveau groupe avec les élus français de la liste Renaissance), et le groupe des Verts/ALE seront donc appelés à jouer un rôle crucial pour constituer de nouvelles alliances.

Les conservateurs en perte de vitesse

L’écrasante victoire du Fidesz de Viktor Orbán en Hongrie (52% des suffrages, soit 13 sièges), ainsi que les très bons résultats des conservateurs grecs (Nouvelle Démocratie a remporté le scrutin avec 33% des suffrages ; 7 sièges) n’ont pas empêché le recul du Parti populaire européen (PPE) dont ils sont membres.

Au cours de la prochaine législature, ce groupe représentera moins d’un quart du futur hémicycle (182 sièges, soit 24% des sièges), contre 29% lors de la mandature 2014-2019. Une perte de vitesse liée au recul des partis traditionnels, comme en France où Les Républicains n’obtiennent que 8,5% des voix (8 sièges), selon les résultats provisoires diffusés par le Parlement européen.

En Allemagne, Angela Merkel a lâché les rênes de la CDU après plusieurs revers électoraux en 2018. Son parti remporte 28,9% des voix (29 sièges), contre plus de 35% en 2014.

Les eurosceptiques progressent toujours

Le Parti conservateur britannique de Theresa May s’effondrant à 8,7% des suffrages (4 sièges), la part des Conservateurs et réformistes européens (CRE) dans l’hémicycle strasbourgeois est elle aussi en recul. Malgré le bond du parti Droit et Justice (PiS) au pouvoir en Pologne (45,6% des suffrages, soit 23 sièges), ces élus souverainistes n’occuperont plus que 7,9% des sièges (59 sièges), contre plus de 10% aujourd’hui.

A l’inverse, porté par l’envolée du Brexit Party de Nigel Farage (31,7% des suffrages britanniques, soit 29 sièges) et malgré le léger recul du Mouvement 5 étoiles italien (17,1% des voix, 14 sièges), l’actuel groupe Europe de la liberté et de la démocratie directe (ELDD) passe de 42 à 54 sièges, soit 7,2 % de l’hémicycle, selon le Parlement européen.

A l’extrême droite, les 36 sièges du groupe Europe des Nations et des Libertés (ENL) pourraient quant à eux disparaître au profit d’une nouvelle alliance lancée en avril par Matteo Salvini, le chef de la Ligue italienne. Le nouveau groupe (toujours appelé ENL pour l’instant) obtient 58 sièges (7,7 % des sièges). Il est porté par la victoire du Rassemblement national en France (23,3% des voix, 22 sièges) et de celle de la Ligue en Italie (34,3% des suffrages, 28 sièges).

Au total, les partis souverainistes, eurosceptiques voire europhobes obtiennent ainsi 171 élus sur 751, soit 22,8% de l’hémicycle. A Bruxelles dimanche soir, le vice-président du CRE a néanmoins formellement exclu toute alliance avec « les extrémistes de droite« .

Les libéraux renforcés par les marcheurs

Si elle se reformait au profit d’un nouveau groupe incluant les élus français de la liste Renaissance (LaREM, Modem et partenaires), l’Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe (ADLE), devrait elle aussi connaître une belle progression (109 sièges au total, soit 14,5% de l’hémicycle).

En France, la liste de la majorité présidentielle obtient 22,4% des suffrages exprimés (21 sièges). En Allemagne, les libéraux-démocrates du FDP gagnent 2 points (5,40% des voix, 5 sièges) selon les résultats publiés par le Parlement européen.

Les écologistes progressent

Dans la lignée des bons résultats des partis écologistes lors d’élections locales en 2018, le groupe des Verts/Alliance libre européenne (Verts/ALE) occupera désormais 9,2% des sièges au Parlement européen (69 sièges, contre 52 sièges jusqu’à présent).

En France, la liste Europe-Ecologie atteint plus de 13,5% des suffrages exprimés (12 sièges). En Allemagne, les Verts terminent à la seconde place, derrière la CDU, avec près de 20,5% des suffrages (20 sièges).

Les socialistes en chute

L’Alliance progressiste des socialistes et démocrates (S&D), elle, chute avec un score d’environ 19,6% des sièges (environ 147 sièges), contre 25% aujourd’hui.

Les beaux scores des partis socialistes espagnol (32,8% des voix, 20 sièges) et portugais (33,5%, 9 sièges) n’ont pas suffi à combler le recul d’autres formations nationales.

Après l’échec à la présidentielle de 2017 et la désertion d’une partie de ses membres, la crise du Parti socialiste français (allié à Place Publique et Nouvelle Donne pour le scrutin) se poursuit puisqu’il n’obtient que 6,2% des voix (4 sièges)… contre 14% en 2014 (avec le Parti radical de gauche).

L’extrême gauche régresse

Ne profitant pas de la situation délétère des socialistes, le groupe de la Gauche unitaire européenne / Gauche verte nordique (GUE/NGL) est le grand perdant de cette élection. Il n’en ressort qu’avec 38 sièges (à peine 5% des sièges du futur Parlement européen, contre 52 sièges actuellement).

La France Insoumise obtient un score décevant en France, avec 6 sièges, soit 6,3 % des voix (contre 6% pour le Front de Gauche en 2014, qui réunissait notamment le Parti communiste et le Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon).

Si le Royaume-Uni quittait vraiment l’UE pendant la prochaine législature (la date limite du Brexit est actuellement fixée au 31 octobre 2019), le nombre d’eurodéputés passerait à 705 au lieu de 751.