Nucléaire et taxonomie européenne – EURACTIV.fr

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A l’occasion de l’ouverture du salon mondial du nucléaire en France, le 30 novembre, la commissaire européenne Kadri Simson s’est exprimée sur le nucléaire, appelant à un « changement de braquet » sur les investissements afin de maintenir le niveau de production d’ici 2050.

Le ciel semble s’éclaircir pour le nucléaire, qui pourrait, dans des conditions encore à déterminer, intégrer la taxonomie européenne sur la finance verte. 

Cette décision, attendue de longue date et qui crée des tensions à Bruxelles, devrait être entérinée aux alentours du 15 décembre d’après nos informations. 

A noter que, le 1er décembre, la commission sénatoriale française des affaires économiques s’est alignée avec la commission des affaires européennes pour adopter une proposition de résolution sur l’inclusion de l’énergie nucléaire dans la taxonomie.

Selon Kadri Simson, « les termes de la discussion » autour du nucléaire sont « en train de changer » en raison de trois facteurs : l’urgence climatique, l’innovation technologique et la compétitivité, notamment des « petits réacteurs modulaires ».

La taxonomie déterminera « si la production d’énergie nucléaire, l’élimination des déchets ou la fourniture de combustible peuvent ou non être classées comme des activités durables pour les investisseurs » a notamment souligné la commissaire européenne lors de son allocution.

Un distinguo qui pourrait s’avérer utile pour inciter les investisseurs à s’engager dans les projets nucléaires, soit pour prolonger la durée de vie des centrales existantes, soit pour développer de nouveaux réacteurs permettant de maintenir une certaine capacité de production jusqu’en 2050. 

Un effet d’aubaine 

La commissaire européenne a invité les acteurs à accélérer les investissements, car « sans investissements immédiats, environ 90 % des réacteurs existants fermeront à peu près au moment où l’on en aura le plus besoin, en 2030. » 

« Pour éviter une future crise énergétique, l’Europe doit réduire sa dépendance aux importations de produits fossiles, » a-t-elle prévenu.

« Il faut également veiller à ne pas devenir trop dépendant des énergies renouvelables variables, en raison de leur dépendance aux conditions météorologiques. C’est pourquoi un nombre croissant de citoyens et d’États membres reconnaissent qu’il est essentiel de soutenir les sources d’énergie fiables, à faible émission de carbone, principalement le nucléaire » analyse-t-on chez Foratom, l’association professionnelle pour l’industrie de l’énergie nucléaire en Europe. 

Dans son discours, Kadri Simson précise que, pour prolonger la durée de vie des réacteurs existants, il faudrait « entre 45 et 50 milliards d’euros ».

« Et pour conserver à peu près la même capacité de production nucléaire qu’aujourd’hui, plus de dix États membres prévoient environ 400 milliards d’euros d’investissements pour de nouvelles capacités installées d’ici 2050 » a-t-elle ajouté.

Afin d’inciter à de tels investissements, il est vraisemblable que le nucléaire sera inclus, d’une façon ou d’une autre, dans la taxonomie. 

Le nucléaire français post 2035 dans l’incertitude 

Lors de son déplacement, la commissaire européenne s’est par ailleurs entretenu avec Jean-Bernard Levy, p-dg d’EDF, pour aborder, notamment, le rôle du nucléaire dans le système énergétique européen. 

Concours de circonstance ou pas, c’est le 30 novembre, le même jour que l’intervention de Kadri Simson, que l’Agence Internationale de l’Energie (AIE) a publié un rapport sur la politique énergétique de la France.

L’AIE – qui devrait par ailleurs publier en mai 2022 un rapport sur le rôle du nucléaire pour atteindre l’objectif de zéro émission nette – recommande notamment au gouvernement français de « revoir les conditions de l’obligation législative de limiter la contribution de l’énergie nucléaire à 50 % de la production d’électricité jusqu’en 2035, à la lumière des objectifs d’urgence climatique, de neutralité climatique, d’accessibilité financière et de déploiement des énergies renouvelables. »

La loi Energie-Climat prévoit en effet la fermeture de 14 réacteurs nucléaires afin d’atteindre 50 % de nucléaire dans le mix électrique d’ici 2035. 

« Si le déploiement des énergies renouvelables et les besoins de flexibilité associés ne s’accélèrent pas assez rapidement en donnant la priorité à l’exécution et à la mise en œuvre, l’objectif de fermer 14 réacteurs nucléaires pourrait être difficile à atteindre tout en préservant les marges de capacité » prévient encore le document de l’AIE, qui invite par ailleurs à « prendre une décision en temps utile sur le rôle du nucléaire au-delà de 2035 ».

Tirer partie du besoin de sécurité énergétique

« En investissant beaucoup plus dans l’efficacité énergétique, les énergies renouvelables et l’énergie nucléaire, la France peut accélérer pour atteindre ses objectifs clés en matière d’énergie et de climat » a commenté Fatih Birol, le directeur exécutif de l’agence. 

Suite à la remise du rapport de l’AIE, la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, a estimé que le document « confirm[ait] les orientations retenues par la France », à savoir « le renforcement de l’efficacité énergétique, le développement des énergies renouvelables et le maintien d’un socle électrique nucléaire ». 

Elle a souligné que « la sécurité énergétique sera d’une importance fondamentale pendant la transition vers une énergie propre » de la France. Sécurité que pourrait apporter le nucléaire ; et si cela vaut pour la France, cela pourrait valoir, aussi, pour toute l’Europe. 

(Edité par Frédéric Simon)

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