- « Du lobbying au E-lobbying », paru fin décembre 2019 chez Larcier, des étudiants du MS Droit des Affaires International et Management – ESSEC proposent leur lecture sur quelques passages: 1er Post : Du E-lobbying ou de l’influence de l’opinion by Patil KECHICHIAN
- Et pour le reste lisez le livre 🙂
Le lobbying est une activité encore souvent diabolisée car incomprise et, jusqu’il y a peu, non régulée. Le livre Du Lobbying au E-Lobbying, paru chez Larcier dans la collection Droit Management & Stratégie du Centre Européen de Droit et Economie – ESSEC, fin décembre 2019, choisit de traiter comme point de départ cette incompréhension et le rejet du lobbying.
Cet ouvrage s’applique ainsi, dans un premier temps, à définir l’activité de lobbying et à déconstruire la plupart des critiques qui sont formulées à son égard. Le lobbying consiste en la promotion d’intérêts privés auprès d’instances décisionnelles dans le but d’influencer la prise de décision publique. Comme tel, le lobbying n’est pas l’ennemi de la démocratie car il permet l’expression d’intérêts particuliers dont la somme, après arbitrage de la puissance publique, peut constituer ce qu’on appelle l’intérêt général censé inspirer toute décision publique ou législation.
Depuis quelques années le terme « lobbying » s’est vu apposer le préfixe e- formant ainsi le néologisme « e-lobbying ». Sans même nous en rendre compte nous pratiquons tous quelque part du e-lobbying, dès que nous participons à une pétition, un post Facebook de nature politique ou sur un sujet de société ou d’économie, un Pulse linked in, etc.
Le sujet du e-lobbying est encore bien peu traité et ainsi incompris. A cet égard, ce livre et un des premiers ouvrages à offrir des clefs pour comprendre ce qu’est le e-lobbying, à partir d’exemples concrets et un focus sur les enjeux qui en découlent.
Le e-lobbying a pour principal point commun avec le lobbying classique l’objectif qu’il poursuit : il s’agit ici de la volonté de personnes privées de faire entendre leur voix afin d’avoir un impact sur le façonnement de décisions publiques. Mais, ce sont d’autres outils et techniques qui sont utilisés, des acteurs différents qui interviennent, d’autres sujets qui sont abordés le plus souvent des sujets de société, et également un effet différent – toucher l’opinion publique- qui est recherché. Une même fin : influencer le décideur public ou l’entreprise mais en usant de techniques différentes indirectes : créer une opinion citoyenne ou de consommateurs pour influencer le politique.
La caractéristique principale et déterminante du e-lobbying est qu’il est accessible et praticable par tous et qu’il vise le grand public.
Le lobbying classique fait l’objet, tout particulièrement en France, d’une définition restrictive limitant le titre aux seuls professionnels inscrits sur les registres de lobbyistes, experts en leur domaine et qui visent directement les organes décisionnels. A contrario, toute personne disposant d’une connexion Internet peut faire du e-lobbying, viser le grand public afin de forger l’opinion publique qui elle, indirectement, influencera ensuite les responsables publics dans leur prise de décision. En quelques clics une veille online peut être effectuée, une opinion formulée et la voilà déjà publiée et diffusée ! Il est bien sûr possible de mettre en œuvre une stratégie de e-lobbying plus méthodique en concevant ou en ayant recours à des sites mais ce n’est pas là une obligation ; les réseaux sociaux sont le terrain de jeu parfait pour le e-lobbyiste.
Comme tout lobbyiste, le e-lobbyiste veut lui aussi faire résonner sa voix auprès du plus grand nombre : un effet viral est en général gage d’influence et c’est donc l’effet recherché. Cet effet peut être crée peu importe le sujet évoqué. Le livre mentionne notamment un exemple de problématique ignorée de tous, qui de prime abord ne semble pas susceptible d’intéresser le grand public mais qui pourtant, en peu de temps a été vue et partagée par beaucoup de personnes, celle du chalutage en eaux profondes et de la BD de Pénélope Bagieu (voir la BD ci jointe)
Souvent, la clef pour bénéficier d’une telle viralité est de jouer avec les émotions du public visé. Le grand public est en général relativement hermétique aux termes techniques, aux longs argumentaires ; plus le message sera pédagogique, simple voire ludique et touchant, plus il aura de chance d’impacter celui qui le voit. La personne qui accède à ce message est alors susceptible de « s’approprier » cette problématique, d’elle même la partager et in fine d’influencer les organes décisionnels, « s’invit[ant ainsi] à la table des décideurs ». Le pouvoir d’influence n’est plus confisqué par certains professionnels disposant des moyens leur permettant de se faire entendre. Ce pouvoir est désormais à la portée de tous !
Mais face à cela émergent de nouvelles problématiques de contrôle et de régulation, problématiques qui ne sont pas encore résolues pour ce qui est du lobbying classique mais qui le sont encore moins pour le e-lobbying. Le livre aborde frontalement ces questions sans cependant juger du pour ou du contre. Ce sujet s’inscrit dans le cadre d’une revendication montante dans notre société de plus de démocratie participative. La conclusion évoque d’ailleurs les « gilets jaunes et le grande débat » (post 5 à venir ) .
https://www.larcier.com/fr/du-lobbying-au-e-lobbying-2019-9782807910478.html