Près de la moitié des Canadiens sont favorables à l’adhésion à l’UE

Par : Magnus Lund Nielsen | EURACTIV.com

Grain de sel : Un Canada européen ? Pas si vite… mais pourquoi pas ?

L’idée d’un Canada rejoignant l’Union européenne peut faire sourire – ou rêver. Pourtant, près d’un Canadien sur deux se dit favorable à cette perspective, selon un récent sondage relayé par Euractiv. Faut-il y voir une simple réaction au virage autoritaire de la politique américaine, ou un signal plus profond d’un alignement stratégique et culturel avec l’Europe ?

Sur le plan juridique, l’adhésion du Canada à l’UE reste hautement improbable : les traités européens sont conçus pour des États… européens. Et malgré les cas ambigus de Chypre ou de la Turquie, une telle adhésion nécessiterait une réinterprétation profonde des fondements institutionnels de l’Union. Mais au-delà du droit pur, ce sondage ouvre un champ d’exploration politique intéressant.

Car les liens entre l’Union européenne et le Canada sont déjà nombreux – et solides. Commercialement, le CETA (Accord économique et commercial global) est appliqué provisoirement depuis 2017, même si sa ratification complète reste inachevée. Politiquement, Ottawa partage avec Bruxelles une vision multilatéraliste, un engagement clair en faveur de l’Ukraine et une coopération active dans le cadre de l’OTAN.

Plus encore, les valeurs démocratiques, l’État de droit, la lutte contre le changement climatique ou encore les politiques sociales placent le Canada parmi les partenaires les plus compatibles avec le projet européen. Ironiquement, c’est peut-être la proximité culturelle et territoriale avec les États-Unis – et le sentiment croissant d’une trahison ou d’une dérive politique au sud de la frontière – qui pousse aujourd’hui certains Canadiens à regarder vers l’Est.

Dans ce contexte, un accord d’association renforcée pourrait devenir une piste sérieuse. Moins symbolique qu’une adhésion, mais bien plus substantiel qu’un simple partenariat commercial, ce type de mécanisme – à développer ou adapter – permettrait une coopération structurelle dans des domaines clés : climat, numérique, défense, éducation, culture…

L’AELE, l’Espace économique européen, ou même un cadre ad hoc pourraient servir de modèles hybrides. L’essentiel est ailleurs : ce sondage illustre l’attractivité persistante du projet européen – non seulement pour les Européens, mais aussi pour ceux qui partagent ses valeurs fondamentales.

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Tant pis pour le 51ᵉ État de Donald Trump : selon un nouveau sondage, 46 % des Canadiens se disent favorables à l’adhésion de leur pays à l’Union européenne (UE).

Alors que le président américain réfléchit depuis quelques temps à faire du Canada le 51ᵉ État des États-Unis, les Canadiens recherchent de nouvelles alliances de l’autre côté de l’Atlantique.

Un nouveau sondage d’Abacus Data montre que près d’un Canadien sur deux serait favorable à l’adhésion à l’UE, 29 % y étant opposés et 25 % indécis.

C’est bien plus d’enthousiasme que pour les projets de sécession de Donald Trump pour le Canada, que seuls 10 % des Canadiens soutiennent.

Ce sondage a été réalisé avant que le président américain ne mette à exécution l’imposition des droits de douane à son voisin du nord, ce qui pourrait faire baisser encore davantage le soutien à l’adhésion aux États-Unis.

L’engouement des Canadiens à l’adhésion à l’UE est même légèrement plus élevé qu’au Royaume-Uni. Un sondage d’opinion réalisé en janvier a montré que 45 % des Britanniques étaient favorables à une réintégration dans l’UE, un écart qui se situe dans la marge d’erreur.

Interrogée par Euractiv sur l’éligibilité du Canada à l’adhésion à l’UE, la porte-parole de la Commission, Paula Pinho, a déclaré : « Nous sommes honorés des résultats d’un tel sondage. Cela montre l’attractivité de l’UE et l’appréciation d’une très grande partie des citoyens canadiens pour l’UE, pour ses valeurs. »

Paula Pinho n’a pas directement exclu les perspectives européennes du Canada, mais a souligné qu’il existe « des critères prévus dans les traités pour qu’une demande, une adhésion ait lieu. »

Que disent les traités ?

Les traités sur lesquels l’UE fonde sa constitution stipulent qu’un État européen qui respecte les valeurs européennes peut soumettre sa candidature pour devenir membre de l’Union.

Mais ils ne précisent pas ce qui constitue un État européen, laissant à la Commission et aux États membres actuels le soin de tracer la ligne.

Dans le passé, des pays extérieurs à l’Europe continentale ont été autorisés à déposer leur candidature et même à rejoindre l’Union.

Par exemple, la Turquie, dont la majeure partie du territoire se situe en Asie occidentale, s’est vu accorder le statut de candidat en 1999, même si les négociations sont, depuis, au point mort.

Chypre, qui se trouve entièrement en Asie occidentale, a rejoint l’Union aux côtés des anciens pays du bloc de l’Est en 2004.

Mais la géographie a ses limites. La candidature du Maroc en 1987 a été rejetée au motif qu’il ne s’agissait pas d’un pays européen.

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