Sanctions : l’UE veut « isoler la Russie du reste du monde » – EURACTIV.fr

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Un nombre croissant de dirigeants européens demandent à Bruxelles de présenter un cinquième paquet de sanctions contre la Russie suite aux atrocités et aux « scènes insoutenables », comme l’a décrit le président français Emmanuel Macron, qui se sont déroulées dans la ville ukrainienne de Boutcha.

Plusieurs sources des capitales ont confirmé à EURACTIV qu’une interdiction des échanges commerciaux — comme Varsovie l’avait récemment demandé — était désormais envisagée alors que les dirigeants européens sont toujours divisés sur les importations de gaz.

Lors du sommet des 24 et 25 mars, les dirigeants européens ont ajouté pour la première fois dans les conclusions une référence aux « crimes de guerre » commis par Moscou en Ukraine, préparant ainsi le terrain pour une action en justice contre les dirigeants russes. À Varsovie, les responsables politiques envisagent également la création d’un tribunal semblable à celui de Nuremberg pour les politiciens russes impliqués dans l’invasion de l’Ukraine.

Lors de ce sommet, les dirigeants européens n’ont toutefois pas décidé d’un cinquième paquet de sanctions, précisant qu’une telle mesure serait prise si la Russie franchissait la ligne rouge en termes d’atrocités. « Cette ligne rouge a maintenant été franchie, et par conséquent, la mission “Isoler la Russie du monde” est lancée », a confié à EURACTIV une source européenne proche du dossier.

Les sanctions imposées jusqu’à présent « ne [fonctionnent] clairement pas », a déclaré lundi le ministre irlandais des Affaires étrangères, Simon Coveney. « Si les sanctions ne mordent pas, si elles ne forcent pas une remise en question, alors elles ne fonctionnent pas », a-t-il affirmé à la chaîne de télévision RTÉ.

« L’Irlande fera pression pour un renforcement significatif des sanctions au-delà de ce que nous avons fait jusqu’à présent », a déclaré M. Coveney, notamment en ce qui concerne l’énergie, l’accès aux ports et le retrait de davantage de banques russes du système SWIFT.

La Pologne a récemment appelé à une interdiction totale du commerce avec la Russie, ce à quoi s’est opposée Prague qui a déclaré que ce n’était pas une option réaliste. Un diplomate représentant un État membre de l’est de l’UE a indiqué à EURACTIV que la proposition était à nouveau sur la table.

Le Taoiseach irlandais Micheál Martin s’en est fait l’écho de contreproposition lundi (4 avril), affirmant que « toutes les pressions imaginables » devaient être exercées sur la Russie pour mettre fin à la guerre suite aux « crimes épouvantables et barbares » commis par les troupes russes en Ukraine.

L’Europe dépend de la Russie pour environ 40 % de son gaz, 25 % de son pétrole et 45 % de son charbon.

À Paris, Emmanuel Macron a déclaré que les événements de Bucarest justifient l’imposition d’un « nouveau train de sanctions » dans les prochains jours, notamment sur le charbon et le pétrole russes.

« L’embargo sur le pétrole et le charbon » est une des possibilités, qui « sera discutée à Bruxelles lors du COREPER de mercredi [6 avril] », a précisé l’Élysée.

Le gaz divise les Européens

Toutefois, la patate chaude reste la question de l’embargo sur les importations de gaz en provenance de Russie.

Si le ministre autrichien des Finances, Magnus Brunner, a souligné que les crimes de guerre en Ukraine étaient « choquants » et qu’ils devaient avoir des conséquences sévères, il a insisté sur le fait que les sanctions sur les importations d’énergie russe feraient plus de mal à l’Europe qu’à la Russie.

« L’Autriche n’est pas favorable à davantage de sanctions concernant le gaz » car l’Europe serait « très dépendante du gaz russe ».

« Je pense que toutes les sanctions qui nous touchent plus que les Russes ne seraient pas bonnes pour nous. C’est pourquoi nous sommes contre les sanctions sur le pétrole et le gaz », a-t-il ajouté.

L’Autriche importe 80 % de son gaz de Russie et dépend fortement de son approvisionnement régulier, notamment pour son industrie et ses centrales énergétiques. L’économie autrichienne souffre déjà du régime de sanctions actuel, puisque sa croissance économique prévue pour 2022 a déjà été revue à la baisse, passant de 5 % à 3,5 %.

« Cela reste de la croissance, mais bien sûr ce n’est pas autant que nous l’aurions souhaité et que ce dont nous avons besoin à l’heure actuelle », a expliqué M. Brunner.

M. Brunner préconise plutôt d’étendre les sanctions actuelles à un plus grand nombre de personnes, d’organisations et d’institutions russes.

D’autre part, plusieurs représentants du gouvernement italien ont approuvé la proposition d’arrêter les importations de gaz et de pétrole en provenance de Moscou.

« Nous n’avons jamais opposé notre veto à une sanction de l’UE, et nous ne les arrêterons pas à l’avenir. Les atrocités de Boutcha nous montrent non seulement que la guerre en Ukraine n’est pas terminée, mais aussi que son intensité et son atrocité continuent de grandir », a indiqué le ministre italien des Affaires étrangères Luigi Di Maio à l’ANSA lundi, à l’issue d’une réunion avec ses homologues slovène et croate à Zagreb.

« En ce moment, il est vraiment difficile de justifier et de tolérer la dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie », a reconnu dimanche le ministre de la Transition écologique italien Roberto Cingolani.

« Le temps est écoulé », avait déclaré samedi Enrico Letta, secrétaire adjoint du Parti démocrate italien, qui avait également demandé : « Combien de Boutcha avant de passer à un embargo total sur le pétrole et le gaz russes ? »

Cependant, un embargo sur le gaz russe aurait probablement des répercussions dramatiques sur l’Italie.

Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, l’Italie a accéléré le processus de diversification énergétique pour trouver des alternatives aux approvisionnements en gaz en provenance de Russie, qui couvrent aujourd’hui 40% des besoins énergétiques de l’Italie.

Pour remplacer les 29 milliards de mètres cubes de gaz importés de Moscou, le gouvernement italien a cherché à conclure des accords avec l’Algérie, la Libye, le Mozambique, le Congo, l’Angola, le Qatar et l’Azerbaïdjan.

Dans le même temps, vendredi dernier (1er avril), la Lituanie est devenu le premier État membre de l’UE à cesser d’importer du gaz russe. Elle a ensuite été suivie par l’Estonie et la Lettonie.

Le président lituanien Gitanas Nausėda a déclaré : « Il y a des années, mon pays a pris des décisions qui nous permettent aujourd’hui, sans peine, de rompre les liens énergétiques avec l’agresseur ».

« Si nous pouvons le faire, le reste de l’Europe peut le faire aussi ! », a-t-il poursuivi.

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