Thomas Moller-Nielsen | EURACTIV.com | translated by Marine Béguin– 18 nov. 2024
Dans un rapport publié lundi 18 novembre, la CES — la plus grande organisation syndicale d’Europe — indique qu’un « manque de volonté politique » a conduit de nombreux États membres, dont la France, la Pologne et les Pays-Bas, à manquer la date butoir du 15 novembre pour la transposition de la directive européenne sur le salaire minimum. Quelques jours avant cette date, huit États membres avaient officiellement ratifié la directive : la Belgique, la République tchèque, le Danemark, l’Allemagne, la Hongrie, la Lituanie, la Roumanie et la Suède.

Photo : Des syndicats et des travailleurs manifestent contre les licenciements potentiels dans l’usine de Forest du constructeur automobile Audi, Bruxelles, Belgique, 16 septembre 2024. [EPA-EFE/OLIVIER MATTHYS]
« Les gouvernements nationaux doivent travailler avec les syndicats pour tenir pleinement les promesses de la directive », affirme Tea Jarc, secrétaire confédérale de la CES. « Si [les gouvernements] continuent à ne pas le faire, la Commission devrait assurer sa mise en œuvre », précise-t-elle.
Approuvée en octobre 2022, la directive européenne exige que les États membres qui ont des salaires minimums légaux introduisent une série de mesures visant à garantir l’« adéquation » des salaires des travailleurs. Elle propose — mais n’exige pas — qu’un salaire minimum adéquat soit fixé à un niveau d’au moins 60 % du salaire médian brut du pays et 50 % de son salaire moyen brut. Elle invite également les États membres dont le taux de couverture des négociations collectives est inférieur à 80 % à élaborer des « plans d’action » nationaux afin de porter ce taux à un niveau supérieur.
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Affaiblissement des dispositions nationales
- Selon la CES, si la directive est correctement mise en œuvre, plus de 20 millions de citoyens européens bénéficieront d’une augmentation de salaire. La mesure a déjà eu un impact positif dans de nombreux États membres, en particulier en Roumanie, où le gouvernement a augmenté le salaire minimum et introduit une législation visant à renforcer les négociations collectives. La Belgique, cinquième pays de l’UE dont le salaire minimum dépasse 2000 E passant à 2 029,88 euros brut par mois.
Mais une tendance opposée d’abaissement des normes se dessine :
- En République tchèque par exemple, le gouvernement a modifié sa loi pour supprimer le concept de « salaires garantis » dans le secteur privé, et n’a pas « consulté les partenaires sociaux » à propos de ce changement.
- Du côté du Luxembourg, le ministère du Travail a cherché à autoriser des délégués non syndiqués à négocier des conventions collectives à la place des syndicats lorsque ces derniers n’ont pas de présence au niveau national, selon le rapport de la CES.
- Le gouvernement letton cherche quant à lui à introduire le droit pour les entreprises de se retirer unilatéralement des conventions collectives et à supprimer les conventions collectives en tant que « facteur décisif » obligatoire dans les marchés publics.
- L’une des principales organisations patronales bulgares a annoncé qu’elle s’opposait au projet du gouvernement visant à augmenter le salaire minimum, arguant que celui était déjà trop élevé. La Bulgarie est l’un des pays les plus pauvres de l’Union européenne (UE).
Autre lire aussi : La Belgique, cinquième pays de l’UE dont le salaire minimum dépasse 2 000 euros brut.
Une recette anti-demande ?
L’étude de la Confédération européenne des syndicats intervient dans un contexte de baisse des salaires réels (qui tiennent compte de l’effet de l’inflation des prix) dans l’ensemble de l’UE depuis les deux dernières années — les salaires réels ayant baissé de 0,7 % l’année dernière, après avoir chuté de 4,3 % en 2022. En 2023, les salaires réels ont diminué pour la deuxième année consécutive dans l’UE, les augmentations de salaires nominaux n’ayant pas permis de compenser l’inflation persistante. C’est ce qu’il ressort de étude publiée jeudi le 21 mars)
A lire aussi : Des bénéfices qui ne profitent pas aux travailleurs en 2023, selon une organisation syndicale.
Le rapport, réalisé par la section de recherche de la Confédération européenne des syndicats (CES), qui représente 45 millions de travailleurs européens, révèle que les salaires réels — qui tiennent compte de l’inflation — ont baissé de 0,7 % en 2023, après avoir chuté de 4,3 % en 2022.
Un portefeuille de commissaire dilué
Les inquiétudes des travailleurs ont été exacerbées par la décision de la présidente de la Commission européenne, de remanier le portefeuille « Emploi et Droits sociaux » au sein du collège de commissaires. Le poste sera désormais intégré dans un portefeuille plus large « Personnes, Compétences et État de préparation », dont est responsable Roxana Mînzatu.
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