Relations UE – États-Unis : une nouvelle donne ? – EURACTIV.fr

[ad_1]

Grain de sel GB : Alors que l’Europe regarde avec inquiétude les troupes russes se masser aux frontières ukrainiennes, l’attitude des Etats-Unis est particulièrement scrutée. Si l’élection de Joe Biden constituait une rupture assurée avec la politique étrangère de son prédécesseur, une sorte de « retour à la normale », le Président américain maintient le cap du grand pivot vers l’Asie. Aussi exprime-t-il un relatif désintérêt pour les crises qui entourent le vieux continent ou les théâtres qui avaient associés les pays européens et les Etats-Unis, comme l’Afghanistan. L’Europe semble avoir pris conscience de ce basculement géopolitique et entreprend désormais la construction de son autonomie stratégique, notamment avec sa boussole stratégique.

Plus d’un an après le début du mandat du président américain Joe Biden, « l’Amérique est de retour » sur les questions liées à l’architecture de sécurité de l’Europe. Une remise à zéro qui pourrait également avoir un impact positif sur l’établissement de normes inter-politiques, espèrent les parties prenantes européennes.

Le désordre du retrait d’Afghanistan et l’affaire AUKUS, à savoir l’affront fait à la France concernant une vente de sous-marins à l’Australie, ont laissé les alliés européens perplexes sur le manque de consultation transatlantique, avec un sentiment de méfiance qui ne se dissipe que lentement ces jours-ci avec la récente coordination à haut niveau entre l’UE et les États-Unis sur les tensions Russie-Ukraine.

Néanmoins, les responsables politiques de l’UE s’accordent à dire que l’année qui s’est écoulée depuis la fameuse « remise à zéro » transatlantique a été marquée par des changements positifs.

« Depuis le sommet UE-États-Unis de juin 2021, nous avons réalisé plusieurs avancées : l’arrêt du différend Airbus-Boeing, le lancement du Conseil du commerce et de la technologie et la suspension de notre différend commercial sur l’acier et l’aluminium », a déclaré cette semaine le commissaire européen au Commerce, Valdis Dombrovskis.

« Toutes ces réalisations, auxquelles s’ajoute cette dernière reprise du commerce des mollusques bivalves, contribuent à créer une croissance économique durable et des emplois pour nos travailleurs », a-t-il ajouté.

Toutefois, le défi consistera à tenir les promesses faites, les experts avertissant qu’une véritable « remise à zéro » de la relation transatlantique nécessitera une approche plus intégrée du commerce, de la technologie et de la sécurité.

Établissement de normes

« Au-delà des aspects de politique étrangère, la future relation portera sur les normes et la fixation de normes », a déclaré Ruth Bajada, responsable de la division États-Unis et Canada au Service européen pour l’action extérieure.

« Et bien sûr, cela sera d’autant plus important par rapport à la manière d’engager d’autres pays tiers partageant les mêmes idées », a-t-elle ajouté.

Au sein du nouveau Conseil UE-États-Unis du commerce et de la technologie (TTC), les discussions portent sur des sujets qui fâchent depuis longtemps, comme les droits de douane, et sur la manière de gérer les grandes entreprises technologiques.

Les responsables politiques de l’UE avaient espéré que cela donnerait un élan pour que l’« effet Bruxelles » devienne un « effet transatlantique ».

« L’autonomie stratégique, un mot grec, signifie littéralement la capacité ou le droit que vous avez d’établir vos propres règles – et c’est quelque chose que nous connaissons bien dans l’UE », a déclaré l’eurodéputée Anna-Michelle Asimakopoulou, vice-présidente de la commission du Commerce international du Parlement européen.

Selon elle, le débat sur l’autonomie stratégique de l’UE est étroitement lié à « l’effet Bruxelles », c’est-à-dire la capacité unilatérale de l’Union à réguler les marchés mondiaux en fixant des normes dans divers domaines politiques.

« Ce forum peut conduire à une compréhension des règles de l’autre et, grâce à notre ensemble de valeurs communes et à notre intérêt commun, nous pourrons créer et convenir de nouvelles règles », a-t-elle déclaré.

Toutefois, les experts estiment qu’il est peu probable qu’il fasse progresser la convergence des politiques dans les deux blocs, étant donné les structures très différentes des systèmes juridiques.

Unis contre la Chine ?

Bien que Washington ait indiqué à plusieurs reprises sa volonté de le faire, les Européens ont jusqu’à présent résisté à l’idée d’utiliser le TTC comme un outil pour contrer l’influence économique chinoise.

Pour l’eurodéputée Miapetra Kumpula-Natri, vice-présidente de la délégation du Parlement européen pour les relations avec les États-Unis, il convient d’aborder le sujet chinois qui s’imposera de lui-même eu égard à son importance dans le contexte géopolitique actuel.

« En tant que champions de l’ordre mondial multilatéral, ce que nous voulons, ce sont des règles qui conduisent à un terrain de jeu équitable, qui garantissent que les choses sont justes et que tout le monde les respecte », a déclaré Mme Kumpula-Natri.

« C’est pourquoi le TTC peut faire des progrès qui vont au-delà de ce que nous pouvons faire individuellement », a-t-elle ajouté, précisant que, que Pékin soit mentionné ou non, « tout le monde sait que la Chine n’adhère pas très bien à ces règles ».

Toutefois, malgré les réserves actuelles sur les relations avec la Chine depuis le gel de l’accord d’investissement UE-Chine (CAI) pour des raisons de droits de l’homme, les responsables politiques de l’UE mettent en garde contre l’utilisation de la plateforme du TTC comme outil de confrontation.

« Le Conseil du commerce et de la technologie n’est pas une plateforme anti-Chine », a déclaré me. Mme Bajada.

« Beaucoup des défis discutés sont mis en avant à cause de la Chine, mais au sein du TTC, il y a une opportunité de discuter, ce ne sera pas le lieu où les négociations commerciales auront lieu ou aboutiront à la résolution des problèmes commerciaux », a déclaré Mme Bajada.

Elle a également insisté sur le fait qu’il existe une « fenêtre d’opportunité » pour accomplir conjointement le travail avant les élections américaines de mi-mandat, qui pourraient voir le Congrès américain passer sous contrôle républicain.

Les démocrates américains disposent actuellement de 222 sièges à la Chambre des représentants et de 50 sièges au Sénat, ce qui signifie que les républicains n’ont besoin que de six sièges à la Chambre et d’un siège au Sénat pour prendre le contrôle total du Congrès.

Les responsables politiques européens craignent que cela ne contraigne M. Biden à laisser son programme en suspens.

Les défis de la coopération

Peu après l’élection de M. Biden, la Commission européenne a proposé un programme de commerce vert transatlantique, affirmant que les deux parties pouvaient « mener le monde » vers une économie plus verte.

Cependant, des questions subsistent quant aux limites nationales des plans climatiques de Biden, dont une grande partie dépend des prochaines élections de mi-mandat en 2022.

La décarbonation industrielle, le commerce et la finance sont les trois domaines dans lesquels une coopération et un leadership transatlantiques étroits seront essentiels, a déclaré George Frampton, directeur du projet de politique climatique transatlantique au Conseil atlantique.

« L’intersection du commerce et de la politique climatique n’est pas très bien comprise par la plupart des décideurs politiques aux États-Unis, mais elle pose certainement des problèmes importants à une coopération robuste entre l’UE et les États-Unis », a déclaré M. Frampton.

Il a toutefois déclaré qu’il ne pense pas que le mécanisme d’ajustement aux frontières du carbone proposé par la Commission européenne sera le plus grand problème, car il y aurait une préoccupation commune des deux côtés de l’Atlantique pour empêcher les fuites de carbone et protéger la compétitivité des industries nationales.

« Le véritable défi concernant le lien entre le commerce et le climat se situe des deux côtés de l’Atlantique », a-t-il déclaré, ajoutant qu’il s’attendait à ce que les deux parties mettent en place d’importants investissements publics et programmes de relance en faveur de la décarbonation de leurs industries.

« Normalement, bon nombre de ces politiques, qui seront limitées en carbone, vont donner lieu à des objections en vertu des règles commerciales actuelles de l’OMC. Pourtant, les deux parties les mettront en œuvre au profit d’un bien public commun essentiel, à savoir la reprise économique et la décarbonisation. »

[ad_2]

https://www.euractiv.fr/section/politique/news/la-reinitialisation-des-relations-ue-etats-unis-pourrait-etre-loccasion-detablir-de-nouvelles-normes/