Prix du lait : les producteurs veulent s’aligner sur les pays européens – EURACTIV.fr

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La Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL) appelle la grande distribution à ne plus vendre de lait à moins de un euro, en s’alignant sur les autres pays européens. 

La filière laitière sonne l’alarme. Le prix du lait a certes augmenté cette année, mais il reste trop faible pour les éleveurs, assommés par les coûts de production qui ne cessent de s’envoler avec la sécheresse et les conséquences de la guerre en Ukraine.

Selon l’Observatoire des marchés du lait de la Commission européenne, le prix moyen du lait payé au producteur avait augmenté de 38,2 % sur un an en Europe début août. Il était à 494 euros pour 1000 litres en juin, et a passé la barre des 500 euros en juillet.

En France, la hausse est plus poussive : seulement 19,7 % sur la même période. Près de 20 % en dessous de la moyenne européenne. En juillet dernier, les producteurs hexagonaux vendaient leur lait 459 euros. « Cela fait deux mois que les prix stagnent en France », s’emporte Ludovic Blin, membre de la FNPL.

Les conséquences sont alarmantes pour l’éleveur : « On est dans une décroissance laitière depuis deux ans, et avec le manque de fourrage lié à la sécheresse, nous allons avoir des problèmes à la sortie de l’hiver. Certains éleveurs réduisent déjà leur cheptel, d’autres arrêtent tout simplement. »

Comment expliquer une telle disparité entre les éleveurs français et européens ?

Selon un spécialiste de la filière, contacté par EURACTIV, le mode de transformation du lait, et donc sa valorisation, serait un premier facteur.

L’Allemagne – dans le Nord en particulier – l’Irlande ou les Pays-Bas produisent avant tout pour l’industrie laitière, du beurre et de la poudre en particulier, des produits qui se vendent extrêmement bien sur le marché international. Alors qu’en France, le lait est surtout utilisé pour les produits de grande consommation (lait liquide, yaourt, fromage) qui sont aujourd’hui plus difficiles à valoriser. 

L’obsession du pouvoir d’achat au détriment des producteurs

Une autre différence porte sur la grande distribution et les transformateurs.

« Depuis la loi de modernisation de l’économie (LME) de 2008, les pouvoirs publics français sont obnubilés par le pouvoir d’achat, et ont donné les pleins pouvoirs aux intermédiaires de la filière », constate Ludovic Blin.

Une situation qui, selon lui, entrave l’application de la loi EGALIM, dont la finalité consiste à répercuter les hausses des coûts de production pour les éleveurs sur l’ensemble des prix en aval de la filière. En mettant à contribution les consommateurs.

Dans les pays voisins comme en Allemagne, la grande distribution a augmenté ses prix en rayon. Alors qu’elle se vend à peine 0,78 centimes d’euro en France, la brique d’un litre atteint aujourd’hui 0,99 euro outre-Rhin. Elle affiche 1,05 euro en Belgique. 

Des hausses qui profitent mécaniquement aux éleveurs dans chacun de ces deux pays. En Allemagne, la valeur du lait a crû de 43,8 % sur un an, en Belgique de 56,4% – contre 19,7 % en France. Alors que les agriculteurs sont soumis aux mêmes augmentations de charges (intrants, énergie etc.)

Épargner coûte que coûte le consommateur au détriment de l’éleveur : une approche très française qui a déjà eu des répercussions lors de la crise du lait de 2008, conséquence de la crise économique.

Les coûts de production grimpant, la grande distribution, et même le hard-discount, a laissé s’envoler les prix du beurre, jusqu’à provoquer une baisse de la consommation. En France, ce sont les transformateurs et les producteurs en aval qui avaient encaissé au profit des consommateurs. La pénurie de beurre n’est pas passée loin.

Des conséquences qu’observe aujourd’hui Ludovic Blin : « Cette incapacité de la distribution à faire passer des hausses de prix provoque déjà des manques de matières premières. Le risque c’est aussi que les transformateurs se mettent à exporter davantage. » Aujourd’hui, 40 % de la production de lait est destinée à l’export en France, du lait vendu généralement plus cher sur le marché industriel mondial. 

Transformateurs « atomisés »

Les producteurs reprochent également aux transformateurs de ne pas répercuter le peu de hausses concédées par les distributeurs, contrevenant ainsi à l’esprit de la loi EGALIM. En juillet dernier par exemple, le géant Lactalis avait décidé unilatéralement bloquer le prix du lait pour juillet et août. La raison invoquée ? Leurs propres coûts industriels qui explosent (transport, énergie, emballage…), une concurrence féroce, des prix de vente trop faibles…

« En France, les transformateurs sont atomisés par la grande distribution, souligne le producteur de lait. Ils sont beaucoup plus nombreux que dans les autres pays européens ». Le rapport de force leur est donc défavorable, comme en attestent les chiffres : en 2022, les transformateurs européens ont réussi à faire passer environ 25 % de hausse à la grande distribution. En France, c’est entre 7 et 10 %… Qui ne reviennent pas au producteur.

Pour Ludovic Blin, « ces hausses restent en grande partie dans les mains du transformateur. On enrichit donc aussi la transformation laitière française avec EGALIM. On est dans un cercle sans fin ! »

Aucune brique à moins d’un euro

« Face à la flambée des charges, un éleveur de lait doit être rémunéré un euro le litre pour être rentable. Aujourd’hui, il est en moyenne à 78 centimes », twittait la Directrice de la FNSEA Christiane Lambert, mardi 30 août.

Après des semaines de revendications, de manifestations dans les grandes surfaces à l’appel de la FNPL, le message semble avoir été reçu par les géants de la distribution.

« Un litre de lait à moins de un euro, à terme ce n’est pas tenable », reconnaissait de son côté le PDG de Système U Dominique Schelcher sur son compte Twitter. Les magasins U ont depuis pris l’engagement d’augmenter les prix de leur produits

Selon la FNPL, Intermarché aurait également accepté toutes les hausses demandées par les producteurs.

Des prises de position que salue l’organisation laitière. « Nous appelons solennellement tous les autres distributeurs à suivre cet exemple et à ne plus vendre après le 6 septembre 2022 de lait qui ne permet pas une juste rémunération des éleveurs, déconnectée de ce qui est pratiqué dans les pays européens comparables », écrit la FNPL dans un communiqué du 30 août. 

Surtout, elle demande au gouvernement de faire en sorte que les hausses de la grande distribution reviennent « à l’euro près » aux producteurs. 

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https://www.euractiv.fr/section/agriculture-alimentation/news/prix-du-lait-les-producteurs-veulent-saligner-sur-les-pays-europeens/